La mémoire est une chienne indocile : Le livre de Elliot Perlman

Grand format

Robert Laffont

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" Déchirant. Éperdument humain. Et brillant. " The Times

Tout juste libéré de prison, Lamont Williams, jeune Noir du Bronx, entame une période probatoire cruciale pour lui au service d'entretien du grand centre de cancérologie de Manhattan. Quelques kilomètres plus loin, uptown, Adam Zignelik, professeur d'histoire à Columbia et fils d'un héros du Mouvement pour les droits civiques, subit l'effondrement simultané de sa carrière et de son couple. Alors qu'il est en pleine dépression, il met au jour des enregistrements inconnus, d'une portée historique considérable : les tout premiers témoignages sonores de survivants de l'Holocauste. Dans le même temps, à l'hôpital, Lamont noue une improbable amitié avec un vieux patient, juif polonais, lui-même rescapé des camps...
Entremêlée au destin personnel de Lamont et d'Adam et de la myriade de personnages qui les entoure dans le New York d'aujourd'hui, c'est l'histoire du XXe siècle – sa barbarie et son humanité – qu'Elliot Perlman interroge dans une construction narrative aussi virtuose qu'émouvante.
Épique et intime, une peinture magistrale du pouvoir de la mémoire sur nos vies.
Après Ambiguïtés, le nouveau grand roman d'Elliot Perlman.

De (auteur) : Elliot Perlman
Traduit par : Johan-Frédérik Hel-Guedj

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Bellonzo

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

Cette fois ma chère Val et moi nous sommes attelés aux 768 pages (en 10-18) de La mémoire est une chienne indocile, traduction littérale de The street sweeper, ahurissant n'est-il pas, de l'Australien Elliot Perlman. C'est une opération qui, en ce qui me concerne, a pris du temps. C'est un roman qui revient sur la Shoah, mais par des voies multiples qui égareraient presque le lecteur. Pourtant ce livre ne manque pas de grandeur pour peu que l'on s'attache avec soin aux différentes approches de l'horreur, de sa mémoire et de son enseignement. N'ayant pas lu Les bienveillantes de Jonathan Littell je ne peux comparer mais Elliot Perlman va très loin dans son analyse précise et quotidienne des camps. Parfois la sinistre comptabilité d'Auschwitz est insoutenable à la simple lecture et ce livre est vraiment très éprouvant. On mesure le travail de documentation qu'a dû effectuer l'auteur. Mais la solution finale n'est qu'une des dimensions de cette oeuvre, fleuve et phare. Lamont Williams, balayeur des rues, est un modeste Afro-américain en probation post-prison qui recueille à l'hôpital les souvenirs d'un vieillard en phase terminale. Henryk Mandelbrot est un survivant d'Auschwitz. Par ailleurs, Adam Zignelik, professeur d'histoire, lui-même juif, exhume les premiers témoignages sonores de rescapés de l'Holocauste. Mais La mémoire... brasse bien d'autres thèmes et tisse une toile assez prodigieuse, laquelle enserre le lecteur et lui donne furieusement envie d'en savoir plus malgré la complexité parfois technique du texte. Notamment les pages sur la question, qu'Adam étudie aussi de très près, de la présence des noirs américains lors de la libération des camps. On connait la récurrence et le trouble de cette interrogation dans (une partie de) la société américaine. Allant et venant sur les décennies, comme toute mémoire, The street sweeper photographie aussi l'Amérique de notre instant, difficulté de réinsertion de Lamont, racisme ordinaire, quelques beaux moments aussi sur le très grand âge quand Adam visite de très rares survivants dans une maison de retraite de Melbourne (les fameuses boîtes à mémoire, Hannah qui réclame de l'eau comme en douce, encore un peu à Auschwitz), rigidité de systèmes éducatifs, Adam mis en cause en tant qu'enseignant, tyrannie des publications. Et une foule d'autres choses sur le mal vivre de tous ces personnages, nombreux à traverser le siècle, certains très peu de temps, vivants, morts, conscients ou non. Ils sont juifs, ils sont noirs, d'ici ou d'ailleurs, leurs grands-parents, leurs ancêtres ont vécu l'horreur. Nul n'en est indemne. La mémoire est une chienne indocile. Elle ne se laisse ni convoquer ni révoquer, mais ne peut survivre sans vous. Elle vous nourrit comme elle se repaît de vous. Elle s'invite quand elle a faim, pas lorsque c'est vous l'affamé. Elle obéit à un calendrier qui n'appartient qu'à elle, dont vous ne savez rien. Elle peut s'emparer de vous, vous acculer ou vous libérer. Vous laisser à vos hurlements ou vous tirer un sourire. On ne résume pas un tel livre. C'est le livre qui vous prend dès les premières lignes, dans le bus de Lamont, et ne vous lâche plus beaucoup. Le voyage est long, parfois compliqué, emprunte des méandres et bute sur des impasses. Et puis un jour, un beau jour finalement, un historien juif, une jeune oncologue, nommée Washington, et un modeste balayeur décident de se parler. C'est une lecture indispensable. Et j'ai eu tort de persifler sur le titre français.

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Kittiwake

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 8 ans

Par quel chemin tortueux le panel de personnages issu de l’imagination d’Elliot Perlman pourra t-il se rencontrer? Il faudra pour le savoir parcourir les quasi 600 pages de ce roman fleuve si dense. Ce sera loin d’être un pensum, car l’auteur sait nous les faire aimer : Lamont, qui compte bien se racheter pour pouvoir partir à la recherche de sa fille, pas revue depuis qu’une bévue matinée de racisme ordinaire l’a confiné derrière les barreaux Adam, fils de Jake, professeur d’histoire, que la prestigieuse université de Columbia risque bien d’éjecter, car il ne suffit pas d’être un bon pédagogue pour être admis ad vitam aeternam dans ces temps du savoir : il faut publier! Et Adam n’a pas l’ombre d’une idée de sujet digne de ce nom La famille McCray, Sonia, Michelle et Charles, trop lisses pour être heureux et bien d’autres personnages qui n’ont de secondaires que le temps d’apparition qui leur est imparti Sur ce noyau dur, se grefferont des personnages cruciaux, appartenant au passé ou riche d’une mémoire accablante, artisans de la future rencontre, celle que l’on attend patiemment. Derrière le décor planté, se dévoile peu à peu l’indicible, et qui pourtant doit être dit. C’est le leitmotiv d’un mourant et c’est celui de l’auteur : il faut que l’on sache ce qui s’est passé là-bas. Et là-bas, c’est Auschwitz. C’est la funeste destination de millions des déportés, durant la guerre qui a endeuillé le coeur du vingtième siècle. L’évocation de cette période est quasi-insoutenable, même si l’on sait, si on a vu Nuit et brouillard ou lu les nombreux récits qui relatent l’horreur. Mais il faut que l’on sache. Que le temps qui passe n’affadisse pas le crime. En filigrane, est évoqué une autre facette de la haine, et si les législateurs ont érigé sur le papier une égalité de bon aloi, le problème du racisme envers les populations autrefois accueillies à bras ouvert avec un statut équivalent à celui d’un animal, corvéable à merci, est loin d’être résolu dans les faits en ce début de vingt et unième siècle. La littérature se mêle à l’histoire pour faire de ces témoignages un ingrédient romanesque et les personnages sont impliqués à des degrés divers dans le propos. L’ensemble est habilement construit. L’empathie succède à l’horreur. Impossible de rester indifférente à ce récit, qui m’a bouleversée et n’est pas prêt de sortir de ma mémoire, chienne indocile ou pas Merci à JOE5 de m’avoir suggéré cette lecture.

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simondamien

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 9 ans

Adoré

Bloblo

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 9 ans

Le roman démarre avec la description de la vie des différents personnages principaux vivant à Chicago: Lamont, un prisonnier noir, condamné injustement, libéré et intégré dans un programme de réincertion dans un hopital où il est affecté au service d'entretien, Henrik Mandelrot, un juif souffrant d'un cancer et patient de l'hopital où travaille Lamont, Adam Zignelik, chercheur dans une université, en panne d'inspiration, son ami, Charles McCray, directeur du département recherche de cette même université, l'épouse de Charles, Michelle et le père de Charles, William. Et cette mise en situation est très longue car elle absorbe quelque 200 pages sur les 575 que compte le livre. La suite est beaucoup plus passionnante car elle mêle le destin des personnages principaux à la vie des sonderkommandos dans les camps de concentration durant la seconde guerre mondiale et leur soulèvement raté d'octobre 1944. Dans l'ensemble un roman intéressant mais un peu long dans sa construction, à mon goût.

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Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782221109816
  • Collection ou Série
    Pavillons
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    592
  • Dimensions
    242 x 155 mm

L'auteur

Elliot Perlman

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23,00 € Grand format 592 pages