Sous un ciel d'or : Le livre de Laura Wood

« Je ressens le désir d’en voir davantage avec une urgence qui me dépasse tout à coup. Je veux les lumières, la musique, le bruit et l’excitation, je veux la nouveauté et la fantaisie. Je veux vivre des expériences plus grandes que ma propre vie, pas seulement en entendre parler dans les journaux. Je veux m’évader dans ce rêve pour un instant. » Été 1929. Lou est sur le point de fêter ses dix-huit ans. C’est l’âge où tous les possibles s’ouvrent devant soi, mais pourtant l’horizon semble bouché pour elle : le mariage et la vie de famille dans un petit port de pêche des Cornouailles, comme sa sœur adorée vient de le faire, ne l’attirent guère. Alors quand elle fait la connaissance de Robert et Caitlin Cardew, deux aristocrates fêtards qui la font entrer dans leur petit cercle de la jet set des Années folles, c’est la révélation. Prise dans un tourbillon de fêtes, de champagne et de charleston, la tête dans le luxe, les pieds dans la boue de la ferme familiale, Lou ne risque-t’elle pas de se perdre ? Des questions qui pourraient être autant de retournements scénaristiques dans un roman pour adultes, ce qui n’est pas le cas ici. J’ai ainsi lu cette jolie histoire dans la crainte que Lou ne se fasse avoir par des aristocrates blasés qui auraient envie de s’amuser aux dépens d’une jeune ingénue qui ne verrait rien venir. Point du tout dans cette histoire pour adolescents où la bienveillance règne partout : les riches acceptent les pauvres dans leur monde, et savent se mêler à ces derniers sans hauteur ni mépris ; tout le monde s’aime réellement bien sans se jalouser ni se faire de crasses. « Sous un ciel d’or » est donc un roman plutôt rafraîchissant, et dépeint assez bien un univers où le luxe ne garantit pas le bonheur (ce n’est pas Gatsby, auquel j’ai parfois pensé lors des descriptions de fêtes dispendieuses, qui me contredira). La réussite du roman tient aussi beaucoup au personnage de Lou, dont les émois adolescents m’ont parus bien retranscrits : elle est naïve sans être niaise, elle ne sait pas dans quelle voie s’engager sans être non plus geignarde, et ne se laisse pas étourdir par le vernis doré sous lequel ses nouveaux amis savent faire disparaître leurs malheurs. Bref je l’ai trouvée équilibrée et sympathique. Il s’agit donc d’un joli roman, avec sa dose de romantisme certes un peu convenu mais ce n’est pas très gênant, à découvrir comme on boirait une coupe de champagne : légèreté et pétillance garanties.