Tuez-les tous...mais pas ici : Le livre de Pierre Pouchairet

Alors que les bombes explosent au Moyen-Orient, ravivant des siècles de conflits ; alors que nous fêterons bientôt le quart de siècle de la sidération du 11 septembre 2001, des groupuscules extrémistes poursuivent les formations de soldats islamistes. Et la pêche aux candidats se fait au tamis en Europe, bien au-delà des cités, jusqu'aux villes bretonnes. Dont acte. Mais lorsque Votre enfant prend le large dans cette filière. Votre enfant que vous avez élevé dans le respect et l'écoute, que vous avez instruit dans la culture de l'ouverture aux autres, lorsque Cet enfant disparaît à 17 ans il est impossible de se conformer à l'idée qu'il ou elle rejoigne cette armée assoiffée de violence (quelle armée ne l'est pas ?). Alors il est bien évident que, lorsque Julie disparaît du domicile de sa mère, à 17 ans, à Quimper, il ne viendrait jamais à l'idée de son père, Louis Loubriac, ex-flic devenu journaliste et joueur de jazz dans les bars de nuit, ou de sa mère, gestionnaire d'un magasin d'habits de luxe dans la ville bretonne, que leur fille ait pu s'engager dans un réseau islamiste. Jusqu'à ce que les services secrets ne prennent contact avec Louis. Et que toutes les certitudes que vous aviez en tant que lecteur sur les tenants et les aboutissants de la gestion d'Etat des gihadistes ne s'effondrent. Le Monde est pourri par un bout, certes. Doit-on utiliser des methodes radicales pour soigner une civilisation de sa maladie ? Pierre Pouchairet vous propose une méthode chirurgicale au rythme intense, qui ne vous laissera pas respirer au-delà du temps d'une page ! Et loin de vous imposer une théorie, il vous plonge dans les sensations vives de protagnistes qui, pour être fictifs, n'en sont pas moins des jeunes filles et des jeunes garçons tout juste sortis du lycée et de leurs premiers coups de cœur. Pour Julie, le depart de Yacine pour la Syrie rendait indispensable son propre voyage. "Hier, on les avait brinquebalées d'un endroit à l'autre. Le sentiment durant ces longues heures de ne plus être que des animaux soumis à des ordres courts, précis, souvent changeants. Des chiens que l'on dresse. Peu habitués à ce genre de traitement, des garçons, des jeunes, des enfants, des Yacine s'en étaient offusqués. Réaction immédiate : des cris encore plus rudes et une gifle magistrale pour l'un des récalcitrants. Un corps qui vole et s'écrase sur les fesses au milieu de la poussière. Un message pour tout le monde et un aboiement pour justification : - Nous ne sommes pas des fous. On risque notre vie ici, on vous protège et sans nous, vous êtes morts. Alors, obéissez ! Des mots prononcés par un de leurs guides, ou de leurs gardes. Comment savoir le rôle exact de tous ces gens ? La dernière partie du trajet, bien que courte, avait été la plus éprouvante. Rentrer dans la cuve d'un camion- citerne sommairement nettoyée, inhaler les vapeurs toxiques, chercher à aspirer un air aussi rare que brûlant provenant de l'extérieur par le capot des réservoirs laissés ouverts. L'angoisse à l'idée qu'il suffisait de verrouiller cette trappe pour qu'elle soit asphyxiée et abandonnée à une mort certaine. Tout cela pour être déposés au milieu de nulle part. Pas de sable, ni de paysages désertiques comme elle I'imaginait. C'était plutôt de l'herbe rase, quelques cultures, des champs, Etaient-ils en Syrie, en Irak, encore en Turquie ? Elle n'en savait rien, et inutile de demander aux autres, ils devaient baigner dans la même ignorance." Ce premier roman de Pierre Pouchairet me laisse un goût de "reviens-y" irrésistible que je vais m'empresser d'assouvir !