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Avec « Faire lire pour les nuls », l’écrivain et militant pour la lecture Alexandre Jardin explique comment donner le goût de la lecture aux enfants, aux plus grands, pourquoi lire et quoi lire. Il communique dans cet ouvrage la passion qui l’anime et qu’il a transmise à des générations de lecteurs, à travers ses romans et ses récits mais aussi à travers l’association Lire et faire lire, qui compte aujourd’hui près de 20 000 bénévoles.
A l'occasion de sa visite dans nos locaux, nous avons pu lui poser quelques questions sur son ouvrage, la lecture et l'écriture en général.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Alexandre Jardin. Je suis écrivain et j’ai aussi une vie de militant pour la lecture. J’ai monté énormément de programmes très populaires comme Lire et faire Lire qui fait lire chaque année près de 800 000 enfants en France avec les retraités français. En publiant ce livre, j’ai essayé de répertorier toutes les stratégies intelligentes, indirectes, surprenantes, inattendues, en France, à l’étranger, pour les parents, les profs, les entreprises, les élus locaux, les gens vivants, les parents qui se tapent la tête en face de leur ado… Comment faire pour « Faire Lire » ?
Pourquoi écrire un livre sur la lecture ?
Pourquoi écrire « Faire Lire pour les Nuls » ? Parce que c’est extrêmement difficile de faire lire nos gamins. C’est extrêmement difficile de faire lire autour de soi, de faire lire son quartier si on est bibliothécaire, de faire lire ses élèves si on est prof…
Et puis, c’est un médicament social. Ça répare toute la société. Il n’y a pas de fracture en France qu’on ne puisse pas réduire en ayant une politique de lecture très efficace. L’enjeu est à la fois de plaisir, de développement personnel et de politique, absolument fondamental. Comment on va réparer notre société sur le fond ? Comment on va lutter contre la violence ? Les politique de lecture très efficaces sont des politiques antiviolences. Si nos adolescents n’ont pas de mots, ils frapperont. Ils s’exprimeront avec les poings.
Quel est le meilleur moyen pour faire vivre la lecture ?
Le meilleur moyen pour faire vivre la lecture dans notre pays, c’est d’avoir une approche qui va impliquer toute la société, pas uniquement les profs, pas uniquement les parents, pas uniquement les professionnels du livre… Il faut que toute la société s’en empare.
Je raconte dans ce livre comment on a mis les entreprises au boulot, comment McDo s’est mis a distribué 105 millions de bouquins dans les Happy Meal. Pourquoi ? Parce que si on reste uniquement avec les stratégies attendues, on ne pénètrera pas l’ensemble de la société. Il y a un éditeur associatif qui vend des albums jeunesse à 80 centimes dans les cités et au fond des campagnes, qui s’appelle Lire C’est Partir. Il a une autre stratégie. Il faut plein de stratégies.
On ne va pas faire une nation de lecteurs avec une seule réponse. Il faut plein de réponses.
Quels sont vos trois conseils pour mieux écrire ?
Tout d’abord, écrivez un monstre, c’est-à-dire écrivez un mauvais livre. Ecrivez un premier jet. Ecrire, c’est réécrire.
Le deuxième conseil, c’est d’apprendre à distinguer ce qui est l’intrigue, ce qu’on voit dans une histoire, du vrai sujet, ce dont il est question en profondeur. Quand vous lisez un livre ou que vous regardez un film comme le Parrain, vous voyez des gangsters : en réalité, il est question du désir de famille et de « est-ce qu’on peut s’échapper de sa famille ? ». Au fond, c’est un livre et un film sur la famille. Il y a donc une grande différence entre un sujet et une intrigue. Un super bouquin, c’est une super intrigue qui met en scène un formidable sujet universel.
Le troisième conseil, ne pensez pas aux gens que vous aimez. Ecrivez avec une absolue sincérité. Acceptez de vous fâcher avec votre mari, votre amant, vos amis. Quand on écrit, on dérange le monde.
Comment trouver le livre qui nous correspond ?
Pour trouver le livre qui nous correspond, il faut sincèrement potasser ce bouquin, parce que j’ai passé énormément de temps à mettre en avant des livres qui, moi, ne me correspondent pas, parce que nous sommes tous différents. Il y a notamment un éditeur qui publie des livres qui se passent dans l’univers des jeux vidéo : pour les ados qui sont fous de jeux vidéo, c’est formidable. Nous sommes tous différents.
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