Blanche Maupas - La veuve de tous les fusillés : Le livre de Macha Sery, Alain Moreau
Août 1914. Théophile Maupas, instituteur de campagne, est mobilisé. Des tranchées, il écrit de longues lettres à Blanche, sa femme, institutrice elle aussi. Début mars 1915, elle demeure plusieurs jours sans nouvelles, pour apprendre que Théo a été fusillé pour l'exemple avec trois de ses camarades : ils auraient refusé de se battre.L'attaque avait eu lieu le 10 mars 1915 à 5 heures du matin. 18 soldats et 6 caporaux, désignés au hasard, furent accusés de " refus de bondir hors des tranchées ". Emprisonné, Maupas avait comparu devant le conseil de guerre le 16 mars pour être exécuté le 17 mars à 13 heures.Intuitivement, Blanche ressent qu'il s'agit d'un assassinat et décide de rechercher la vérité. Alors que beaucoup lui tournent le dos, elle s'efforce de recueillir des témoignages. Son but : obtenir la réhabilitation de Théo. Seule d'abord, puis avec la Ligue des Droits de l'Homme et le Grand Orient de France, elle mobilise l'opinion publique et contraint le pouvoir politique à rejuger son mari. En1934, une Cour spéciale composée d'anciens combattants annule le jugement de 1915. Ils sont réhabilités.
De (auteur) : Macha Sery, Alain Moreau
Expérience de lecture
Avis Babelio
paulmaugendre
• Il y a 6 ans
Tout le monde, ou presque, se souvient du livre de Jean Amila, Le Boucher des Hurlus paru en 1982 dans la Série Noire dans lequel l’auteur met en scène Michou dont le père a été fusillé lors des mutineries de 1917, laissant entendre que cette histoire serait en partie autobiographique. Il n’en est rien mais une porte était ouverte dans l’exploration de la petite histoire de France et de ses secrets militaires. A peu près à la même époque Didier Daeninckx écrivait Le Der des der, roman dans lequel l’auteur ouvrait une page méconnue de l’histoire, la répression des soldats russes qui désiraient regagner leur pays afin de participer au partage des terres, en 1917 et la conduite scandaleuse de l’état-major militaire français de cette époque. Or le grand-père paternel de Didier Daeninckx fut lui-même déserteur après avoir vécu trois ans dans les tranchées, échappant aux recherches et aux pelotons d’exécution et enfin amnistié alors qu’il avait été condamné pour trois ans aux travaux forcés. D’autres n’eurent pas la chance de survivre aux ignominies despotiques de militaires intransigeants planqués dans leur état-major, alors que ce qui leur était reproché équivalait à peu de chose, pour ne pas dire à rien. Instituteur, tout comme sa femme, au Chefresne, petit bourg situé entre Percy et Villedieu les Poêles dans la Manche, Théophile Maupas apprend en lisant le journal l’assassinat de Jaurès. Nous sommes le 2 Août 1914. Quelques jours plus tard, le tocsin résonne dans le village. C’est la mobilisation générale. Malgré ses quarante ans et sa situation d’instituteur, Théophile est incorporé, avec en compensation le grade de caporal. Direction Souain dans la Marne alors que tout le monde pensait qu’il serait affecté à l’arrière. De septembre 1914 à mars 1915, sa compagnie croupit dans les tranchées, avançant de quelques mètres ou stagnant la plupart du temps, dans la pluie, la boue, le froid, le gel, ayant pour objectif un moulin ou une crête. Reprendre du terrain à l’ennemi, idée fixe des gradés qui délègue des sous-officiers chargés non pas de leur remonter le moral mais les bretelles. Lors du commandement du déclanchement d’une attaque quelques hommes grognent. Ils n’en peuvent plus. Ils sont fatigués, harassés, exténués, ils ont le moral dans les bandes molletières. Pendant ce temps au Chefresne, comme ailleurs, les femmes accomplissent les travaux des champs en plus d’élever leurs enfants, qui pour certains n’auront jamais le plaisir de voir leur père décédé avant leur naissance. Blanche fait office de secrétaire de mairie et rédige les lettres de celles qui ne savent ni lire ni écrire. Jusqu’au jour, courant mars 1915, où elle reçoit un courrier officiel lui annonçant le décès de son mari. Non pas mort pour la France, ce qui eut été une piètre consolation, mais fusillé pour l’exemple. Elle ne peut y croire mais pourtant la réalité est là. Et tout le monde autour d’elle se détourne. Elle luttera contre vents et marées pendant dix-neuf ans afin de réhabiliter la mémoire de Théophile, recherchant des témoignages auprès de soldats ayant soit connu son époux, soit auprès de ceux qui auraient eu connaissance des faits. Malgré l’administration, malgré les mauvaises langues, malgré l’inertie ou la mauvaise foi militaire, elle va démontrer un courage à toute épreuve, réussissant à mobiliser des associations, des personnes qui se sentent impliquées dans son combat, car Théophile ne fut pas le seul à être « fusillé pour l’exemple ». Un livre écrit comme un roman, ménageant le suspense, et instillant une révolte dans le cœur du lecteur devant l’abjection, l’infamie, la bassesse des officiers militaires qui non contents d’avoir envoyés au peloton d’exécution des hommes innocents, paradèrent à l’armistice et reçurent la Légion d’Honneur. Un livre émouvant qui donne à réfléchir sur les déclarations des instances officielles. Ce livre a fait l’objet d’une adaptation cinématographique, réalisation de Patrick Jamain, scénario et dialogues Alain Moreau, avec dans les rôles principaux Romane Bohringer et Thierry Frémont.
Nanne
• Il y a 15 ans
Ce que décidera de conserver à l'esprit Blanche Maupas de ce 2 août 1914 c'est la beauté d'une nature intacte. Le reste, l'assassinat de Jaurès, les conséquences inéluctables de cet acte, elle préfère tenter de les oublier, de les enfouir, pour ses deux filles - Suzanne et Jeanne - pour Théophile Maupas, surtout. En cet été 1914, Blanche est comme toutes les femmes du pays, inquiète de la suite. La rentrée ne sera pas comme les précédentes. Les hommes valides sont mobilisés, les animaux et le matériel, réquisitionnés. Les travaux des champs, la rentrée scolaire se feront sans eux. Blanche, institutrice au Chefresne dans la Manche, reprendra l'école des garçons de Théophile ainsi que le secrétariat de la mairie du village. Des temps durs et troubles attendent tout le monde. Chacun s'y prépare. Ce qui préoccupe Blanche, c'est l'affectation de son Théophile. Réserviste dans le corps de la Musique, il est envoyé - à presque quarante ans - en renfort du 336ème Régiment. Et ce régiment, commandé par le général Réveilhac - surnommé Pipe en bois - est cantonné à Souain, près des premières lignes de front. Ce village champenois est une vraie poche de résistance, un fortin infranchissable face à l'ennemi. C'est là-bas que le caporal Théophile Maupas fera connaissance avec la vie des tranchées.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Histoire
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- EAN
- 9782809809688
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- Collection ou Série
- essai et document
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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13,99 € Numérique 193 pages