La route de Wakale : Le livre de Solenn Honorine

J’ai croisé Solenn Honorine Sur la route de Wakale, merveilleuse rencontre pour laquelle je remercie ma libraire préférée qui l’a invitée à venir nous parler de son premier roman. L’autrice a été notamment chargée de communication pour Médecins Sans Frontières au Nord-Kivu, à l’ouest du Rwanda. Elle a voulu nous intéresser au travers de son expérience et de son vécu dans cette région pauvre et instable (euphémismes) au quotidien des soignants et des staffs administratifs et techniques, sous le prisme de la fiction, en donnant vie à Alix, jeune ingénieure des eaux de vingt-sept ans qui rejoint une mission MSF à Wakale (village fictif) à plusieurs heures de route de Goma. Son style franc, pudique, dynamique, ses phrases bien tournées m’ont immergée dans un roman aux accents constants d’authenticité. Si les personnages, très attachants, sont fictifs, leurs réalités existent bel et bien, Solenn Honorine nous en rend formidablement compte et rend un vibrant, intense et percutant hommage à l’âme humanitaire de ces MSF qui côtoient le pire et le meilleur de l’humanité, ces MSF qui ont « les pieds dans la merde et la tête dans les étoiles. » Ce roman est un savant alliage de documentaire et de suspense qui m’a tenue en haleine de bout en bout. C’est une porte ouverte sur un monde que les Occidentaux ont du mal à comprendre et imaginer, l’autrice nous y aide un peu, mais nous donne surtout envie d’en apprendre et découvrir davantage. Gros coup de cœur !!

Un très bon 1er roman plein d’humanité malgré ce qu’il se passe au Rwanda. Alix, la narratrice place le lecteur au plus près de son histoire, de ces ressentis, des doutes de la place à l’humanitaire dans ce pays. Un roman politique mais humain et une écriture engagée sans pour autant qu’il y ai de leçons de moral car Alix, tout au long de sa mission nous fera ressentir Ces émotions et prendra à cœur d’apporter son aide aux différentes ethnies tout en respectant leurs traditions, leur mode de vie mais elle appuiera tout de même sur les difficultés à travailler dans l’humanitaire et le réalisme sur les ONG qui n’est pas simple au vu des tensions, des rivalités au sein du groupe. Le travail en équipe peut être compliqué. Mais à la fin de sa mission elle rentre chez elle et se retrouve perdue parmi les siens au vu du décalage de vie entre eux et ceux qui sont au Rwanda. Peut-être réalise t elle que sa mission est inachevée ?ou qu’elle a une vision différente sur la vie suite à sa mission ? Ces questions resteront en suspens à moins que l’autrice écrive une suite. Pour finir la couverture est très colorée et représente bien le pays où se déroule l’histoire. Belle corrélation.

Pour tout vous dire, je ne l’avais pas prévu de le lire. Mon époux travaille dans les pays en voie de développement et a une passion pour le Congo, pays où il séjourne régulièrement. Cette plongée au cœur du Kivu allait me mettre face à certaines réalités auxquelles je préfère ne pas penser …sans doute par lâcheté … Bref, me voilà partie pour cette lecture que je n’ai, bien entendu, pas pu lâcher … Nous allons suivre Alix. Elle est ingénieure des eaux en France, elle rêve d’autre chose que cette vie toute tracée : une carrière et une famille…Sur un coup de tête, elle pose un congé sans solde et s’embarque aux côtés de médecins sans frontières dans une première mission au Nord-Kivu, à l’ouest du Congo, à la frontière du Rwanda. Elle s’attendait à construire des pompes, vérifier la salubrité de l’eau…mais très vite, elle va se trouver confrontée à une autre réalité : le choléra, les chefs de guerre, la mort des nourrissions et de leurs mères, les camps de réfugiés … L’autrice nous plonge au cœur de ce Congo toujours instable, où le fantasme humanitaire est rapidement rattrapé par le quotidien… Et le fait qu’aujourd’hui encore, un incident peut conduire à des morts d’innocents. Qu’aujourd’hui encore appartenir à une ethnie peut mener des deux côtés de la hache … Si nos médias nous en parle peu, le quotidien de ces peuples de nos travailleurs humanitaires n’est pas juste de lutter contre la maladie, mais aussi et toujours contre des préjugés raciaux et des exactions … Chez MSF, on dit souvent que sur le terrain, on est : « les pieds dans la merde et la tête dans les étoiles ». Un roman bouleversant, à lire absolument.

Wakale est un village fictif situé dans la région du KIVU, à la frontière du Rwanda et du Congo. Une région ravagée par les guerres ethniques des années 90, marquée par les massacres et le génocide. Bien que cela semble déjà lointain, cette région reste en proie aux conflits entre les différentes ethnies. Cherchant, chacune leur tour, à récupérer les terres arrachées au prix du sang. C'est dans ce contexte qu'une jeune humanitaire va se trouver plongée. Dans une réalité, bien différente de ce qu'elle pouvait imaginer. Besoins sanitaires, besoin humains, conflit ethnique, voici ce qu'elle découvre dans cette région pauvre du monde. C'est un récit magnifique, bouleversant qui nous est ici livré. L'histoire de ces peuples arrachés à leurs terres qui au gré des conflits migrent d'un camps à un autre, d'une région à une autre. C'est aussi la merveilleuse histoire de ces hommes et femmes qui donnent leur vie, leur énergie pour améliorer le quotidien des populations. Qui se battent avec les états pour leur subvention, et avec les forces locales pour continuer leur mission. Un récit incroyable qui m'a embarqué, bouleversé et éclairé sur ces histoires humaines. Un livre que je ne peux que vous conseiller de découvrir, et d'embarquer dans ce récit au bout du monde.