La Dernière Maison avant les bois : Le livre de Catriona WARD

Une petite déception, étant donné ce que j'avais pu lire dessus. Après avoir lu des avis positifs sur ce roman, je me suis dépêché de l'emprunter à la médiathèque. Il y a quelques temps j'avais déjà vu passer le nom de Catriona Ward, pour Sundial, mais je ne me l'étais pas procuré. Le rythme de La dernière maison avant les bois est particulier, un rythme assez lent, des répétitions, liées au quotidien de différents POV. J'ai été intrigué au départ, j'avais envie de connaître la suite des évènements et d'avoir la réponse aux questions qui sont posées. Malheureusement j'ai fini par m'ennuyer. J'ai trouvé que la tournure que prend l'intrigue était assez peu subtile, je n'ai pas été surpris et cela m'a un peu décu car je pensais me faire complètement avoir, ce qui n'a pas été le cas ici. Je ne sais pas si je lirai d'autres romans de Catriona Ward ; en tout cas pas tout de suite car je ne sais pas si j'adhère trop au style de l'autrice en fait.

Depuis que je m’essaye au polar, je pense que je peux dire que j’ai développé un certain goût pour ceux où la psychologie prime sur l’enquête. Ainsi après les romans japonais d’Higashino, britanniques de R.J. Ellory, place aux américains de Catriona Ward. Premier roman de l’autrice publié en France, mais 3e de l’autrice, La dernière maison avant les bois a beaucoup fait parler de lui à sa sortie. Il faut dire qu’il sort du lot. Non, pas au premier regard, où on retrouve une enquête assez banale d’une jeune femme envers sa petite soeur disparue il y a des années près d’un lac en vacances. Mais plutôt par l’ambiance étrange et singulière qui va s’installer autour du suspect qui vit seul dans une maison isolée, près de la forêt. La plume de l’autrice d’abord assez simple et sèche, pour ne pas dire très peu travaillée, a pourtant réussi à faire mouche chez moi. Comment ? Avec son jeu d’ambiance, son jeu de mystère et tout ce qu’elle a mis en branle derrière son récit et que je ne peux vous dévoiler sous peine de tout gâcher. Pour autant, c’est une lecture qui se mérite, pendant longtemps, elle est longue, poussive et a tendance à perdre le lecteur. Nous semblons suivre l’esprit de quelqu’un de malade ou du moins pas très sain. La chronologie n’est donc pas claire, pas plus que les personnages qui interviennent malgré leur mention en tant de narrateur des différents chapitres. C’est très étrange et perturbant. Il y a des répétitions, des redondances. On se demande un peu où on va et on pourrait être tenté d’abandonner face à ce marasme où on s’englue. Mais, il ne faut pas lâcher, la surprise vaut le coup. Pour réaliser ce roman, l’autrice s’est documentée sur son sujet et ça se sent. Elle a l’air très juste dans ce qu’elle décrit et cela confère une ambiance, une atmosphère unique à la lecture, singulière, perdant le lecteur, mais lui tordant aussi les boyaux et venant gratter des sujets important à évoquer. Elle fait mal mais elle est juste. J’ai beaucoup aimé ses choix, la délicatesse avec laquelle elle traite les personnages à travers leurs failles, leurs faiblesses, leurs erreurs. C’est une histoire pleine de douleur mais aussi de rédemption avec un final long qui prend le temps et qui soigne son lecteur et ses personnages, ne les lâchant pas brusquement mais les accompagnant dans l’après, ce que j’ai vraiment apprécié. Ce fut vraiment une belle lecture, remuante, après des débuts sur lesquels je n’aurais pas misé. Une lecture d’ambiance, sale, crade, stressante, angoissante, grattante, dérangeante, pleine de surprises, avec une atmosphère unique qui rend bien aussi la vie dans cette rue perdue qui s’engouffre dans une forêt inquiétante, à l’image de ses personnages et de leurs mystères. Il faut y aller vierge de toute information. Il ne faut surtout pas regarder les dernières pages, postface ou remerciements avant, et il faut se laisser porter et dépasser cette narration si singulière, engluante et déroutante. Cette lecture le mérite et le message fin porté par l’autrice aussi !

La dernière maison avant les bois est un livre qui m’a marqué à jamais, voici pourquoi… ATTENTION : Cet avis contient beaucoup de spoils !! Honnêtement, la première moitié du livre a été assez compliquée à lire pour moi à cause de son écriture étrange, enfantine et mal construite. Ted, personnage principal de l’histoire, nous est présenté comme un homme d’une trentaine d'années et pourtout, ces propos sont déconstruits voir étranges. Nous avons d’abord l’impression de nous retrouver face à un enfant (ou un malade). Cet effort que nous mettons pour comprendre le choix de cette écriture nous éloigne de l’histoire même. Toutefois, on arrive au fil de la lecture à rentrer dans le livre et à comprendre certaines choses (par exemple que Ted est atteint d’un trouble mental ou que Ted, Olivia et Laurenne sont une même personne). En effet, personnellement j’ai compris que ces trois personnages n’étaient en réalité qu’une seule et même personne assez rapidement, lorsque Dee découvre la fameuse couchette d’Olivia ou encore lorsqu’est raconté l’accident du centre commercial. Là où je salue l’auteur, c’est d’avoir réussi à construire un personnage aussi complexe. La fin, elle, je ne l’avais vu venir que partiellement. En effet, comme dis plus haut, j’avais compris bien avant que les trois personnages cités étaient une même personne. En ce sens je savais que la tentative de meurtre sur Ted par Olivia et Laurenne n’était qu’en réalité un sorte de suicide. Toutefois je n’avais pas vu venir l’histoire de la sœur de Dee. Honnêtement, je trouve qu’on oublie un peu cette histoire au fil de la lecture, surtout dès la seconde moitié du livre, car nous sommes davantage entraînés dans le sujet de la maladie mentale de Ted. Mais j’ai bien apprécié cette fin en ce qu’elle est inattendue et totalement bouleversante.

Ted, un grand bonhomme solitaire, un peu bizarre, vit dans cette fameuse dernière maison avant les bois. Près de chez lui, un lac, où 11 ans auparavant une fillette nommée Lulu a disparu. Seul suspect à l'époque, Ted a été innocenté. C'est sans compter sur Dee, la grande sœur de Lulu, qui décide de louer la maison d'à côté et de le surveiller, pour enfin résoudre cette affaire qui a fait sombrer sa famille. C'est un roman assez spécial, et je ne peux pas trop en dire afin de ne pas dévoiler l'intrigue et le twist final (qu'on voit arriver, certes, mais quand même). Roman choral, nous suivons tour à tour Ted, Dee, mais aussi la fille de Ted et Olivia, son chat beaucoup trop mignon. À la fois touchants, énervants, et étranges, tous ses points de vue nous permettent de rassembler les pièces du puzzle, et de faire des hypothèses sur la triste disparition de Lulu. Le final répond à l'ensemble des questions qu'on se pose, et surtout il est très original ! J'ai beaucoup aimé le fait que l'autrice ait effectué de nombreuses recherches, son récit est très bien construit en ce sens.