De la haine du Juif - Essai historique : Le livre de Pascal Ory

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Pascal Ory s'interroge en historien sur les origines et la persistance de l'antisémitisme, dans un essai utile et percutant appelé à faire débat face à la montée de l'islamo-gauchisme.

C'est une tragédie en trois actes, avec un prologue.
Le prologue se situe en des temps très lointains, avant l'ère chrétienne. Le peuple juif, contrairement à une version très répandue (on appelle ça la Bible), n'y fait pas l'objet d'une attention particulière.
Acte 1 : Si le monothéisme juif n'était pas un problème pour les polythéistes, le judaïsme, lui, est un problème pour les chrétiens – donc, dans la foulée, pour les musulmans – : le peuple élu refuse obstinément de reconnaître ici son sauveur, là son prophète. Mauvais exemple.
Acte 2 : Lorsque l'Occident va commencer à s'éloigner de l'hégémonie chrétienne, cela fait déjà mille cinq cents ans qu'il y a une supposée " question juive ". Ça laisse des traces, que le monde moderne ne pourra jamais effacer, surtout quand une certaine science invente la " race ", quand un certain athéisme invente l'" antisémitisme ".
Acte 3 : À peine, avec la défaite d'Hitler, cette haine-là a-t-elle été anéantie que la naissance de l'État d'Israël en allume une troisième, " antisioniste ", géopolitique, qu'on peut instrumentaliser à loisir, et qui n'a aucune (dé)raison de s'éteindre.
Et voilà pourquoi la judéophobie ne remonte pas à la nuit des temps, mais prend date pour être éternelle.

De (auteur) : Pascal Ory

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Expérience de lecture

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3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 mois

Encore un essai difficile à noter. Car d’une part, il faut saluer la richesse des informations que ce livre sur la haine des juifs apporte et en fait une source de réflexion essentielle dans les temps troublés que nous vivons où l’on sent bien qu’il est de la responsabilité de chacun de se créer des repères dans un univers intellectuel qui semble perdre les siens, et en particulier sur ce qui fait la matière de cet ouvrage. Mais d’un autre côté, cette façon qu’à Ory, sans doute parce que sa pensée court bien plus vite que sa plume, de conclure ses développements alors que le lecteur (en tout cas celui que je suis) n’a pas encore tout saisi d’un raisonnement d’une concision extrême, le laisse frustré de ne pas pouvoir partager de multiples "donc" qui semblent poser des évidences, alors même que l’idée que l’auteur développait semblait originale et séduisante et donnait envie de pouvoir la pénétrer. Et la frustration est encore plus profonde chez celui qui a déjà un peu lu sur le sujet. Par exemple, la thèse selon laquelle la haine du juif en tant que juif et non pas en tant que rebelle (comme du temps de la tutelle romaine, selon l’auteur) n’a vu le jour qu’avec le christianisme et l’apparition d’une judéophobie qui relevait ontologiquement de ce que ce nouveau et magnifique mouvement spirituel universaliste s’est construit contre un judaïsme de règles et communautaire, cette thèse est à la fois séduisante et difficilement compatible avec certains détails de l’histoire du judaïsme antique pourtant rapportés par l’auteur lui-même, comme les positions prises par un certain Apion, personnage en vue de l’antiquité gréco-romaine, telles qu’elles sont décrites par Flavius Josèphe dans son "contre Apion". Car on y trouve un rejet des juifs qui possède bien des caractéristiques de la forme moderne de l’antisémitisme racial. Et on aurait aimé que P Ory indique comment il résoud cette apparente contradiction. Pour les mêmes raisons, le dernier chapitre, qui aurait, à mon sens, dû être le plus fouillé, laisse vraiment le lecteur sur sa faim : il aurait dû être le plus ambitieux, car c’est celui qui résonne le plus avec la situation de notre époque, où nous vivons la renaissance d’un antisémitisme pourtant largement dévalorisé au lendemain de la guerre, qui repose sur un antisionisme viscéral et fait basculer ce type de rejet vers un bord politique, celui de la gauche qui, après l’avoir nourri, en gros jusqu’à l’affaire Dreyfus, en avait par la suite laissé le quasi monopole, en occident, du moins, à l’extrême droite. Or ce chapitre, certes, ébauche une très intéressante analyse de la continuité entre ce que nous vivons actuellement et le rejet de type religieux (donc le premier, historiquement, des types de rejet des juifs, selon l’auteur, que le christianisme a porté, avant qu’il ne soit repris sous des formes différentes par les sociétés de l’Islam, et qu’a relayé ensuite un antisémitisme de type racial) qui nous revient à travers une culture importée des pays islamiques par une immigration dont l’assimilation a été manquée ou rejetée. Mais cette transition avec la variante la plus contemporaine, la troisième variante, au cours de l’histoire, celle qui repose sur un antisionisme radical reste trop peu étayée dans la mise en évidence des conditions dans lesquelles elle s’est produite, et avec, là encore des raisonnements qui tombent dans le travers décrit ci-dessus, du "donc" un peu rapide après un développement dense mais trop succinct, et c’est bien malheureux, car la thèse donne vraiment envie d’en saisir les développements de manière plus claire que ce que l’auteur donne à lire. Bref, un livre passionnant, mais frustrant.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Essais
  • EAN
    9782382920589
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    162
  • Dimensions
    202 x 133 mm

L'auteur

Pascal Ory

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