Le lumineux destin d'Alexandra David-Neel (Nouvelle édition) : Le livre de Jean Chalon

Après avoir relu il y a quelques temps Le voyage d’une parisienne à Lhassa il était inévitable que je finisse par lire cette biographie d’Alexandra David-Néel, depuis très longtemps présente dans ma bibliothèque. C’est chose faite, et il faut bien avouer que j’ai appris bien des choses sur cette grande dame sur laquelle il faut bien l’avouer j’ignorais pratiquement tout. Quel personnage fascinant ! Cette femme est étonnante, d’abord une forte personnalité au caractère très affirmé, une tête bien remplie et une curiosité sans limite. Qui plus est, elle avait une santé de fer (elle est morte centenaire) et de l’énergie à revendre : partir à l’assaut du Tibet à plus de 50 ans, puis repartir itinérer à travers la Chine à près de 70 ans ! Le petit détail qui tue : elle a fait renouveler son passeport en 1968, l’année de ses cent ans ! A l’image du personnage, ce livre est captivant, mais … un peu lassant par moment car il faut bien dire que si sa vie et sa personne sont fascinantes, sa personnalité n’est guère attachante. Sa dame de compagnie et secrétaire des dernières années Marie Madeleine Peyronnet disait d’elle qu’elle « était un « océan » d’égoïsme et un « Himalaya » de despotisme. » Étonnant de la part d’une bouddhiste, comme le fait que j’ai fini par trouver que sa bougeotte incessante et ses tribulations en Chine finissaient par ressembler à l’agitation de fourmis qu’elle reprochait à la vie occidentale. Une lecture bien riche cependant et qui m’a permis de faire quelques découvertes : grâce à cette biographie j’aurais aussi appris qu’elle avait écrit de très nombreux livres et que sa maison de Digne était devenue un musée consacré à sa vie et son œuvre.

Le destin d'une femme en avance sur son temps par son indépendance, sa ténacité et sa soif d'apprendre. Sa vie a du être un bulldozer pour ses proches ce que M. Jean Chalon évoque, avec pudeur, en parlant de l'égoïsme alxandrin. Cette biographie est trés agréable à lire et donne envie de découvrir les ouvrages de Mme Alexandra David-Neel. Son fond documentaire est trés riche et l'auteur a su nous faire grâce , de manière trés pédagoqiue, de renvois ou notes de bas page qui souvent casse le rythme de la lecture. Un bon moment de lecture apportant la vision d'un orient par une dame qui l'a pratiqué.

Résumé éditeur : Dans le Lumineux Destin d'Alexandra David-Néel, j'ai voulu surtout respecter le rythme de ce destin galopant. C'est d'ailleurs l'un des secrets de cette vitalité alexandrine qui tient du prodige : Mme David-Néel ne s'est jamais arrêtée. Comment en aurait-elle eu le temps? Elle incarna, en une seule existence, en tant de personnages : anarchiste, bourgeoise, bouddhiste, cantatrice, orientaliste, exploratrice (elle fut la première Parisienne à se présenter à Lhassa en 1924), journaliste, écrivain... Comment aurait-elle pu alors que sa vie, sa vraie vie selon ses plus profonds désirs, ne commença qu'à quarante-trois ans ? Quelle façon de patience et d'endurance ! Bondissant sans cesse en avant, sans cesse en mouvement, même quand on la croit immobilisée à sa table de travail, celle qui, centenaire, faisait, à l'étonnement de son entourage, renouveler son passeport, n'a consenti à se reposer qu'en consentant mourir, en 1969. Et encore, rien ne prouve que la mort, pour Alexandra, soit un repos éternel ! Une vie incroyable, un destin hors du commun, un personnage fascinant. Les mots me manquent !

Le grand talent de l'auteur nous procure plaisir de lecture et enrichissement personnel à la découverte de la vie de cette aventurière récalcitrante dès son plus jeune âge. Mais, comme nous tous, à multiples facettes: égoïsme, matérialisme face à un détachement affiché (mais pas jusqu'à rejoindre une branche du bouddhisme qui vit nue ou dans la crasse sans jamais se laver; Jean Chalon mêle habilement les faits avec des considérations historiques incontestables.