Les cahiers de Douai - Rimbaud - numéro 99 : Le livre de Arthur Rimbaud

Des poèmes profonds parlant d'amour, de sentiments, de récomte et d'idéal adolescents. Arthur Rimbaud nous fait en quelques sorte grandir avec lui, ce qui est magnifique. Même si les avis sont partagés, pour moi, sa poésie est synonyme de liberté et de révolte.

Les recueils de poésie sont toujours pour moi une précieuse compagnie. Ils renferment chacun une histoire, celle d'une autrice, d'un auteur, de sa réflexion sur l'écriture et de ses poèmes qui n'en finissent pas de parvenir jusqu'à la sensibilité du lecteur. La lecture terminée, le livre est rangé dans la bibliothèque, consigné au milieu de tous les autres, sans espoir d'en être extrait un jour. Mais la poésie a ceci de particulier que la lecture faite d'un recueil ne me paraît jamais être définitive. Il reste toujours comme un besoin de revenir vers le livre, vers les textes, de retrouver dans le poème une émotion ressentie, de creuser le sens et la matière du langage du poète. Ainsi, je reviens souvent vers des recueils déjà lus, vers une oeuvre poétique qui ont encore à me dire. Arthur Rimbaud fait partie de ces auteurs, le Cahier de Douai de ces livres-là. En août 1870, Rimbaud n'a que 16 ans. Après avoir fugué de chez lui, il est emprisonné pour vagabondage. de sa cellule, il écrit à son professeur de rhétorique Georges Izambard qui le fait libérer et qui le recueille dans sa maison familiale, à Douai (département du Nord). C'est là que Rimbaud entreprend l'écriture de nombreux poèmes. Ces textes regroupés en deux cahiers, seront publiés bien plus tard (en 1891) en un seul recueil. Ils seront renommés plus tard encore le Cahier de Douai. « MA BOHÈME (Fantaisie) Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J'allais sous le ciel, Muse ! et j'étais ton féal ; Oh ! là ! là ! que d'amours splendides j'ai rêvées ! Mon unique culotte avait un large trou. Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou. Et je les écoutais, assis au bord des routes, Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ; Où, rimant au milieu des ombres fantastiques, Comme des lyres, je tirais les élastiques De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur ! » Quel plaisir de relire les premiers poèmes de Rimbaud ! Déjà à l'âge de 16-17 ans, apparaissent dans beaucoup de ses poèmes la révolte, le besoin d'émancipation. Dans ses poèmes, Rimbaud n'épargne presque personne. Très critique envers l'ordre établi, l'autoritarisme politique de l'époque (celui de Napoléon III), envers l'élite bourgeoise, les institutions religieuses et militaires (1870-71, c'est la guerre franco-prussienne, il écrit le Mal et le Dormeur du val). S'il dénonce aussi les inégalités sociales et la misère (Le Forgeron), Rimbaud, c'est l'autre part de sa personnalité, est un être épris d'idéal. Dans beaucoup d'autres de ses poèmes, il prône un retour à la nature (magnifique Sensation), à l'éveil des sens, à un rapport sensuel à la vie, à une morale qui soit fondée sur la justice et la paix. Il y a dans toute la poésie d'Arthur Rimbaud (et particulièrement dans le Cahier de Douai) quelque chose de puissant, une exaltation, un idéalisme qui débordent de toutes parts. Novatrice dans sa forme, son lexique, ses tons, dans le choix et la diversité des thèmes également, la poésie de Rimbaud possède une maturité, un pouvoir et une intemporalité quasi indépassables. « OPHÉLIE (…) II Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ; C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton coeur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ; C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux ! Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu ! III - Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis, Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys. » .

'' vous êtes amoureux. loué jusqu'au mois d'août. vous êtes amoureux - vos sonnets la font rire. tous vos amis s'en vont, vous êtes mauvais goût. - puis l'adorée, un soir, a daigné vous écrire...! -ce soir-là,... - vous rentrez aux cafés éclatants, vous demandez des bocks ou de la limonade... - on n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans et qu'on a des tilleuls verts sur la promenade.'' roman empire.

Retour à mes années lycée ce week-end ! Mon neveu m'a demandé un coup de main pour ses prochaines épreuves du bac de français et je me suis donc replongée dans "les cahiers de Douai" d'Arthur Rimbaud. Une cure de jouvence assurée avec des textes si beaux tels "le dormeur du Val" ou "Roman". J'avais oublié qu'"on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" ! Et ce serait bien de pouvoir garder cette légèreté en vieillissant. Cahiers de l'émancipation du poète, ils sont aussi un beau témoignage de son époque marqué par le conflit franco-prussien. Une jolie redécouverte donc !