Mémoire cavalière : Le livre de Philippe Noiret

Un peu trop cavalier ? J'ai dévoré ces mémoires de l'immense acteur Philippe Noiret (écrites avec la collaboration d'Antoine de Meaux). Il était l'un de mes acteurs favoris et plusieurs de ses films, avec Tavernier ou De Broca m'ont marqué durablement. Ce gros bouquin de 450 pages paru peu avant sa mort (et il était très diminué au moment de l'écrire ce qui peut expliquer quelques faiblesses) est une autobiographie on ne peut plus classique. On part d'une enfance gentiment bourgeoise et puis après un échec définitif au bac (et sur les conseils d'un professeur avisé) un destin consacré à jouer la comédie. Noiret travaille au TNP de Jean Vilar, puis fait un duo avec Jean-Pierre Darras (cela ne nous rajeunit pas) puis part voler de ses propres ailes et certains films aideront à son décollage, Alexandre le Bienheureux ou le Vieux fusil. Film après film Noiret détaille les aléas de son parcours, là une rencontre avec Jean Gabin qui lui apprendra à rester H24 sur le tournage, ici la rencontre avec Romy Schneider. Plein d'anecdotes : De Broca royaliste, Yves Boisset (RIP -dieu merci Noiret peut se tromper) peu impliqué sur le Taxi mauve. Parfois de très jolies choses, comme le fait de retrouver l'histoire de son père durant la Première guerre mondiale en tournant la Vie et rien d'autre, l'un de ses plus grands rôles. Parfois moins jolies ou moins passionnantes : tel réalisateur était alcoolique, tel chausseur italien est remarquable. Pourquoi cavalière ? Parce que Noiret avait une passion pour l'équitation au point d'en faire tous les jours ou presque. Et d'ailleurs c'est lié à l'un des points intéressants du livre. Philippe Noiret a eu des chevaux, a eu deux belles maisons, des voitures de luxe, mais ne se voyait pas comme un bourgeois. C'est d'ailleurs par là qu'il commence ce livre. La vie familiale occupe également une petite place dans le livre. A part cela, certes plein d'anecdotes sur une carrière passionnante, mais un livre très plat, parfois un peu trop autosatisfait (lorsqu'il évoque son élégance) manifestement issu de conversations, on est davantage dans l'oralité que l'écrit et certaines redites en témoignent. de ce point de vue le livre est effectivement un peu cavalier. Si vous êtes fan de Noiret je ne sais pas en définitive si je dois vous recommander ce livre car il vous apprendra plein de choses ou vous le déconseiller car il y a également matière à déception. A vous de voir.

Philippe Noiret, né en 1930 nous raconte sa vie en passant par celle de ses parents, sa vie en France et à Casablanca. Il raconte ses débuts au TNP (théatre national populaire), après une scolarité qui ne l'enchantait guère. Puis il évoque sa rencontre avec Jean Vilard et Gérard Philipe entre autres. Il a joué 100 fois le malade imaginaire. Plus tard il rencontrera la sublime Romy Schneider. J'avais bien aimé son interprétation dans "Fort Saganne"ou dans "Uranus".

Un auteur que j'aimais beaucoup et au timbre de voix reconnaissable entre mille. Dans ce livre Philippe Noiret parle beaucoup des gens qui l'ont fait tourner, des très bons et des moins bons. D'où l'importance du metteur en scène et des liens avec l'acteur. Et du résultat. C'est justement la "mise en scène" de ce livre qui m'a un peu gêné, que j'ai trouvée un peu trop "linéaire", Noiret et/ou celui qui a contribué à sa biographie ayant pris le parti de faire défiler et d'énumérer les films de l'acteur, l'un après l'autre, avec quelques commentaires sur les autres acteurs/trices, les metteurs en scène, leurs succès, accompagnés d'anecdotes D'où le manque de surprise à la lecture, en tournant les pages. Les années défilent, les films aussi, et un peu trop "de la même façon". Si on n'en connaît pas le fond, la forme est malheureusement ancrée, et dès le départ. Un peu dommage. Mais je reste un inconditionnel de cet acteur, et j'étais ado quand est sorti "Cinéma Paradiso", dont je garde un souvenir ému. Salut l'artiste!

A l'image de l'acteur ! Fermeté du propos, générosité de l'éloge d'autrui, multiplicité des anecdotes et pertinence d'une certaine vision du cinéma. Un beau livre qui renvoie à ce gentleman que fut Philippe Noiret...