Court toujours : Miettes (Humour décalé) : Le livre de Stéphane Servant

Il y a des livres qui ne font pas que raconter une histoire ; ils nous regardent droit dans les yeux et nous demandent : Et toi, tu te sens comment dans ce monde qui exige tant ? Miettes, c’est le cri doux-amer d’un adolescent en terminale, trop fin, trop sensible, trop lecteur, trop "pas comme les autres". Dans les couloirs du lycée, il survit entre virilité toxique et mépris ordinaire. À la maison, son père le juge, sa mère le protège, et lui, il se cherche. Il se définit comme une miette : minuscule, fragile, mais bien là. Et puis vient le spectacle de fin d’année. Un stand-up, censé faire rire. Mais ce qu’il livre sur scène, c’est bien plus qu’un sketch : c’est une confession, une révolte, une déclaration d’amour. Il ne fait pas rire, il fait réfléchir, il fait pleurer, il fait aimer. Stéphane Servant signe ici un texte court, percutant, bouleversant. Avec humour décalé et tendresse brute, il donne voix à ceux qu’on ne regarde pas, à ceux qui ne rentrent pas dans les cases. Miettes est un uppercut déguisé en caresse. Un roman à lire, à écouter, à ressentir.

Ce texte très court est magistral. Un jeune lycéen, lors du spectacle de fin d'année, prend la parole lors d'un one man show pour dénoncer le harcèlement scolaire qu'il a subit tout au long de l'année. Un texte fort, percutant, qui se lit d'une traite et dont on ne ressort pas indemne. Je pense que je le relirai régulièrement ! Une prouesse de Stéphane Servant qui se met dans la peau de cet ado écorché !

Avec Miettes, Stéphane Servant donne la parole à une voix qu’on entend trop peu : une voix en coin, jamais vraiment au centre, drôle, lucide, un brin désespérée, mais toujours debout. Un humour décapant qui gratte là où ça dérange : le genre, les stéréotypes, la réussite, la virilité formatée. Dans ce texte, même un paquet de gâteaux devient une métaphore cruelle et brillante pour dire la relégation sociale. Et sous la drôlerie, une douleur vraie affleure. Il y a de l'intelligence dans chaque détour ironique, de la tendresse dans chaque moquerie. La narration joue des clichés pour mieux les exploser, et ce qui éclate, ce ne sont pas des slogans, mais des évidences qu'on croyait solides. « Les miettes, c’est moi », dit le narrateur. Et à travers cette phrase, c’est tout un monde qu’on regarde autrement. Avec moins de certitudes, et peut-être un peu plus d’attention.

C’est le spectacle de fin d’année au lycée. Un adolescent dégingandé monte sur scène pour faire son one-man show. Il est là pour dire un dernier au revoir à ses camarades de classe et pour leur rappeler tout ce qu’il s’est passé cette année… Parfois drôle, grinçant ou malaisant, ce roman traite avec justesse du genre et de ses stéréotypes, ainsi que du harcèlement et de ses conséquences. Sublime !