Cyrano de Bergerac : Le livre de Edmond Rostand

"Vous ne savez ni lire, ni écrire" nous disait un professeur en prépa. Si l'absurdité et le mépris de cette citation m'apparaît encore clairement à l'esprit, c'est à elle que je pense et que je peux dire que j'ai appris à lire grâce à Cyrano. Je ne m’intéresse pas à l’histoire que la pièce raconte, même si je la connais par cœur, ni à ses personnages, même si Cyrano me plaît et m’émeut. La raison pour laquelle j’adore cette pièce, c’est son art, son rythme, son lyrisme, son côté désuet quand, lors de son écriture, la mode n’est plus au drame romantique mais au Réalisme. J’ai redécouvert, en lisant pour la première fois cette pièce, pourquoi j’aime autant la littérature : l’art de manier les mots et partager des émotions. Les sentiments et valeurs contraires de Cyrano, ses peines, son courage, son arrogance et son honneur, mais aussi (surtout ?) son amour des mots (et donc celui de Rostand). Héros comico-tragique qui aime la bagarre et la poésie, Cyrano Savinien de Bergerac, du nom du premier auteur de science-fiction de l’histoire, est un bretteur et poète (contrairement à son prédecesseur), sans le sou et amoureux de sa cousine Roxane. La belle Roxane (qui n’a pas vraiment d’autre intérêt dans la pièce) de laquelle est également épris un brave et beau jeune homme : Christian. Par honneur, amour, amitié, Cyrano accepte d’aider Christian à courtiser Roxane avant de partir à la guerre. En découlent plusieurs des plus beaux vers de la littérature française. J'ai lu Cyrano de Bergerac assez tardivement. Comme tout le monde, j'ai appris la tirade du nez en cours et n'en ai tiré qu'un souvenir médiocre. A quatorze ans, non seulement je ne pouvais pas la déclamer correctement, mais, surtout, je n'en voyais pas l'intérêt. Pour le CAPES, j'ai feuilleté quelques extraits d'une programmation de séquence pour une classe de 4ème, et voilà que je saisis à quel point j'ai changé. Les vers se déroulent devant mes yeux ébahis et se déclament dans mon esprit avec assurance et force. Je pourrais en pleurer. Parmi les passages qui me marqueront le plus, les tirades de Cyrano sur l’amour et la liberté. J’aime les lire à voix haute, les écouter, les partager à mes élèves… Je crains d’assister à une adaptation, au risque d’être déçue du Cyrano qui se trouve devant moi. Je me contente alors de lire et imaginer. Rêver, rire, passer, être seul, être libre, avoir l’oeil qui regarde bien, la voix qui vibre…

Cyrano est une icône anarchiste. Sa fameuse tirade du "Non, merci !" est le manifeste de l'intégrité absolue, le refus de toutes les compromissions, de toutes les servitudes. Dans un monde de courtisans, il choisit la liberté, même si elle le condamne à la pauvreté et à la solitude. Ce qui me touche dans cette pièce, ce n'est pas seulement l'histoire d'amour. C'est la tragédie d'une société qui préfère la beauté vide de Christian à l'intelligence et à l'âme de Cyrano. C'est une métaphore parfaite de notre propre monde, qui valorise l'emballage plutôt que le contenu, l'image plutôt que la substance. C'est une pièce qui donne une envie folle de se battre pour son "panache", c'est-à-dire pour sa dignité. Une ode magnifique à l'insoumission.

Livre que j'ai du lire étant au collège en pièce de théâtre. L'écriture est dans tous les sens étant une piéce de théâtre, cependant l'histoire suit Cyrano de Bergerac qui est déterminé à son amour sa cousine Roxane mais cette dernière aime Christian... Une scène celui du balcon par ailleurs fais un clin d'oeil à Roméo et Juliette. Cyrano et Christian sont tous deux Mousquetaire déterminé, Cyrano aide Christian à être avec sa bien aimée...Cependant, un destin tragique arrivera et changeant l'histoire dans un autre scénariot. (Aussi pour votre information, il existe un film celui de 1990.

Qu’est-ce qu’être français ? Cette question puissante, posée au début de ce texte, trouve chez Cyrano une réponse littéraire et symbolique, incarnée dans un personnage à la fois glorieux et profondément humain. Cyrano de Bergerac, écrit par Edmond Rostand, est plus qu’une simple pièce de théâtre : c’est un miroir de l’âme française, un héros aussi grand que ses défauts. Pourtant, malgré la richesse du texte et la grandeur du personnage, je dois dire que la lecture n’a pas toujours été facile. La complexité des personnages et la langue un peu ancienne rendent parfois l’histoire difficile à suivre. En 2025, comprendre chaque mot, saisir chaque nuance demande une certaine habileté littéraire, que tout le monde n’a pas forcément. Il faut donc un effort pour entrer dans ce monde du XVIIe siècle revisité, ce qui peut freiner certains lecteurs. Ce qui rapproche Cyrano de moi, c’est cette certaine retenue, ce goût pour la discrétion quand il s’agit d’exprimer ses sentiments. Comme lui, je comprends bien ce besoin de préserver une part d’intimité, de ne pas tout dévoiler, surtout quand les regards familiers pèsent un peu trop. Il y a cette difficulté à se laisser aller pleinement, à franchir le pas sans crainte que le regard des autres ne vienne tout troubler. On sent chez Cyrano cette tension entre ce qu’il voudrait dire et ce qu’il choisit de taire, une lutte intérieure qu’on peut tous reconnaître, même sans en faire étalage. Ce fragile équilibre entre la force de l’âme et la prudence du cœur, entre l’envie d’aimer et la peur d’être jugé, fait partie de ce qui rend ce personnage si humain et si proche, sans que cela nécessite d’en dire plus. Cyrano est un orateur hors pair, un homme dont les mots dansent et frappent avec une aisance déconcertante. Il captive, il charme, il défie avec cette verve unique que beaucoup lui envient. Pour ma part, cette facilité à manier la parole n’est pas une seconde nature. Je préfère souvent écouter, observer, choisir mes mots avec soin plutôt que de me lancer dans de grands discours. Ce n’est pas un manque, juste une autre manière d’être, plus réservée, peut-être plus réfléchie. Là où Cyrano brille sous les projecteurs des conversations, je trouve parfois mon espace dans le silence et la simplicité. Cela ne diminue en rien l’intensité des sentiments ou des idées que l’on porte, mais cela colore autrement la manière de les exprimer. C’est une éloquence plus discrète, mais non moins sincère. Le personnage de Cyrano incarne cette idée d’une France fière, indépendante, noble et insoumise ; un idéal romantique et chevaleresque qui fait du bien à entendre dans un monde souvent trop cynique. Mais c’est aussi ce romantisme exacerbé qui peut devenir un frein : la grandeur du geste qui empêche la réussite concrète, la fierté qui freine les élans du cœur, l’orgueil qui pousse à la solitude. Cyrano est un héros magnifique, mais aussi tragique, car il meurt sans avoir connu l’amour pleinement. Parce qu’en fait, ce qu’on aime chez Cyrano, c’est qu’il incarne une certaine idée de la France. Une France fière, indépendante, insoumise, brillante, qui refuse les compromissions. Une France qui préfère la grandeur à la réussite, le verbe à l’argent, l’amour platonique à la baise sans lendemain. Une France romantique, chevaleresque, un peu conne parfois, mais toujours digne. Cyrano, c’est l’anti-héros américain par excellence. Là où le héros américain est cynique, efficace, ambitieux, Cyrano est idéaliste, rêveur, fidèle à des valeurs qui le dépassent. Il n’est pas là pour gagner, il est là pour être fidèle à lui-même, à ses principes, à son code de l’honneur. Et ça, mine de rien, ça fait du bien. Comme il le dit "on ne se bat pas dans l'espoir du succès, non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile". Et en même temps, ce personnage, aussi admirable soit-il, il porte aussi en lui une forme de malédiction très française. Cette tendance à préférer la beauté du geste à l’efficacité, l’échec noble à la réussite compromise, le panache à la victoire. Ce romantisme exacerbé qui, parfois, empêche d’avancer, de construire, de réussir concrètement. La France créée tout, mais se fait toujours doubler. Si les frères Lumières ont inventé le cinéma, les américains l'ont façonné à leur image, l'élève bat le maitre. C’est ce mélange de grandeur et de mélancolie qui en fait un personnage si profondément français. Un personnage qui nous renvoie à nos propres contradictions : on rêve tous d’être Cyrano, de refuser les compromis, de vivre debout, de mourir avec panache. Mais au fond, on sait que dans la vraie vie, c’est rarement tenable. Qu’on finit souvent par plier, par faire des concessions, par ravaler notre fierté. Cyrano nous inspire parce qu’il est ce que nous aimerions être dans nos meilleurs jours. Il est la projection littéraire de ce que la France aime à penser d’elle-même : un pays rebelle, noble, cultivé, insolent, élégant et fier. Et en même temps, il nous touche parce qu’il incarne aussi ce qui nous fait souffrir : cette incapacité à dire "je t’aime", cette peur du ridicule, ce besoin d’être aimé pour ce qu’on est profondément sans oser se dévoiler. En ce sens, Cyrano n’est pas seulement un personnage. Il est un mythe. Un miroir. Une légende nationale. Il résume à lui seul tout un pan de l’âme française : à la fois solaire et sombre, lumineuse et tragique, orgueilleuse et pleine de doutes. Et c’est peut-être pour ça qu’on l’aime tant, qu’on s’y reconnaît, qu’on le récite encore, plus d’un siècle après sa création. Parce qu’il nous parle de nous. Parce qu’il est nous. Au-delà de la littérature, Cyrano de Bergerac questionne aussi notre rapport à la liberté, à l’honneur et à l’authenticité. Il refuse les compromis faciles, dénonce l’hypocrisie sociale et politique, et incarne un idéal d’indépendance d’esprit souvent absent de notre quotidien. Son panache, ce n’est pas seulement son courage ou son éloquence, c’est surtout sa capacité à rester fidèle à lui-même, même quand cela le pousse à la solitude ou au sacrifice. Mais ce panache est aussi son fardeau. Sa fierté mal placée l’empêche parfois de saisir ce qui pourrait lui apporter bonheur et réconfort. Ce paradoxe entre grandeur et fragilité, entre ténacité et vulnérabilité, fait de Cyrano une figure profondément humaine, bien plus qu’un simple héros romantique. En somme, Cyrano de Bergerac est un personnage et une œuvre profondément français, porteurs de contradictions humaines universelles. Il nous fait rêver à ce que nous aimerions être, tout en nous renvoyant à nos propres limites. La pièce nous invite à réfléchir sur la liberté, l’honneur, et l’authenticité ; valeurs essentielles qui résonnent dans nos vies modernes. Je recommande vivement ce livre, malgré la difficulté de langage, car il ouvre une porte sur une France idéalisée et sur nos propres luttes intérieures. Il parle de courage, de fierté, de solitude, mais aussi d’amour et de vérité. Même si Cyrano n’est pas parfait, son panache reste un exemple inspirant.