En gagnant mon pain : Le livre de Maxime Gorki

Poche

Archipoche

0 personnes ont réagi

La réédition du deuxième tome de la trilogie romanesque autobiographique d'un des plus grands écrivains russes, indisponible au format poche.

Réédition d'un classique de la littérature russe

" Moi, je mourrai bientôt. Tu resteras tout seul et tu devras gagner ton pain toi-même. " C'est sur ces mots de son grand-père, en 1880, qu'Alexis est envoyé en apprentissage chez un parent éloigné. Il y apprend des rudiments de dessin, mais sert avant tout de souffre-douleur à la maisonnée. Un jour de trop grande amertume, il s'enfuit.
Gagner son pain, pour ce gamin de douze ans, ne sera jamais que survivre : commis chez un chausseur, oiseleur dans les forêts de Nijni-Novgorod ou plongeur dans les cuisines d'un bateau qui descend la Volga avec sa cargaison de bagnards. Dans ce monde sans pitié, seule la lecture lui ouvre des horizons, apaise son âme et glisse dans ses mains quelques atouts.
" S'il existe ce je ne sais quoi d'immense, de nostalgique, cette terre promise de l'âme que nous désignons du nom de Russie, alors c'est Gorki qui a su le mieux l'exprimer ", a dit Alexandre Blok de ce récit qu'habitent les figures initiatrices du cuisinier Smoury, de la " reine Margot ", riche veuve d'officier, du machiniste Iakov ou du peintre d'icônes Jikharev. Il est suivi du texte inédit Ma vie.

De (auteur) : Maxime Gorki
Traduit par : Serge Persky

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis Babelio

Romain28

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

2e volet d’un parcours autobiographique entamé avec « Enfances » , le présent récit s’attache aux premiers pas d’un Gorki , tout jeune adolescent orphelin précipité par ses grand parents qui l’élèvent , dans le monde du travail et avec lui , après la violence domestique, la découverte de la violence sociale au gré de différents petits emplois ou s’enchainent épisodes d’humiliations , d’exploitations avec comme en contrebande l’occasion de grappiller à chaque fois des enseignements et même des savoirs , fruits de ses rencontres , au contact d’un matériau humain accablé et lesté d'une profonde tristesse endémique et d'une religiosité qui démontre à quel point l’emprise religieuse et l’ordre symbolique immuable qu’elle promeut , permet de maintenir durablement toute une population dans une servitude sociale corolaire. Le livre pâtit néanmoins d’une présence dispensable de dialogues qui alourdit la fluidité du récit dont les plus beaux moments par ailleurs tiennent dans ces scènes qui s’attachent à la rencontre du jeune homme avec la lecture, l’univers des livres, telle une épiphanie qui transforme son propre regard sur sa condition , sur le monde qui l’entoure et semble comme annoncer par ce déchiffrage en cours, le processus de sa conscientisation, creuset de ses engagements politiques ultérieurs.

Signaler

Warrenbismuth

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 11 mois

Suite directe de « Enfance » (traduit également sous le titre « Ma vie d’enfant »), « En gagnant mon pain » de 1916 est le deuxième volet de la trilogie autobiographique romancée de Maxime Gorki. Il faudra attendra 1923 pour la voir se clore avec « Mes universités ». « En gagnant mon pain » est non seulement la suite logique de « Enfance », mais c’en est presque un second tome. Le jeune Alexis Pechkov est alors âgé d’une douzaine d’années et ne s’appelle pas encore Maxime Gorki. Déjà orphelin, il vit chez ses grands-parents et doit quitter l’école à 12 ans. La période antérieure est abondamment (et talentueusement !) racontée dans « Enfance ». Comme son nom l’indique « En gagnant mon pain » raconte les premiers petits boulots du futur auteur. Alexis (on traduirait aujourd’hui par Alexei) passe par plusieurs métiers, enfin plutôt par plusieurs employeurs, car il est souvent cantonné aux tâches de garçon à tout faire, successivement dans un magasin de chaussures (avec son cousin), puis chez une grand-tante avant d’être plongeur sur un bateau ou encore aide-cuisinier sur un autre bateau. Il ne faut néanmoins pas voir dans ce livre une succession de descriptions de métiers, d’abrutissements divers, car Gorki a préféré relater la vie personnelle plus que professionnelle. S’il sait s’attarder parfois sur des missions salariales, ils ne les évoquent que sporadiquement, s’attachant aux à-côté : la vie russe. Car « En gagnant mon pain » est un roman-fresque éminemment russe par son nombre de personnages, ses anecdotes, il est foisonnant en courtes scènes d’une Russie tsariste de fin du XIXe siècle, avec un Alexis se cherchant et vagabondant, qui traverse de nombreuses péripéties qu’il retranscrit dans ces mémoires. Il quitte systématiquement ses employés et s’en explique. Car Alexis est un jeune homme libre, il refuse la hiérarchie, sauf l’autorité de son adorée grand-mère dont il fait un portrait touchant et quasi amoureux tout au long du livre. Quant aux scènes, elles marquent. Je pense par exemple à celle-ci, presque dès l’entame du livre, où lors d’un pari il doit passer la nuit assis sur une tombe du cimetière où sa propre mère est enterrée. Séquence d’anthologie définitivement russe par son approche. Quant à son grand-père, il le craint et le redoute. Alors il s’évade à la fois dans la rue et dans les livres. Car il découvre la littérature et c’est un choc extraordinaire, même s’il ne sait pas encore qu’il deviendra non seulement écrivain, mais l’un des plus reconnus de sa génération. En attendant, il dévore les livres, des romans français surtout dans un premier temps, gros coup de cœur pour Balzac. Puis ce seront les russes, où il est beaucoup plus critique tout en vouant une sorte de culte à Pouchkine et Lermontov. Son frère Kolia meurt, s’ensuivront de nombreuses connaissances poussées à leur tour dans le trou fatal. C’est le temps des premières désillusions, des premiers apprentissages de la rudesse de la vie, même s’il a déjà vu mourir ses parents des années auparavant. « En gagnant mon pain » décrit des scènes violentes, d’ivrogneries, de violences conjugales, de bagarres entre hommes, pour un rien, pour montrer une certaine supériorité, s’affirmer. Société agressive dépeinte de manière très réaliste. Dans cet ouvrage cependant Gorki ne s’ouvre pas au monde, ni même à tout ce qui touche à la politique nationale. Le tsar Alexandre II est assassiné en 1881 alors que le jeune Alexis n’a que 13 ans, il n’en consacre que quelques lignes vite oubliées. Tout comme il ne mentionne pas par exemple la mort de Dostoïevski. Ce roman est d’ailleurs fort Dostoïevskien, avec ces seconds rôles improbables, ces citoyens russes empreints d’un brin de folie, coupables de violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques, y compris sur eux-mêmes car ce sont des êtres torturés, désabusés, sans espoir, sans envie. De petits boulots en petits boulots, Alexis rencontre des hommes, des femmes (moins) qui sculptent sans le savoir le caractère du futur Gorki. Il continue à explorer la littérature, à en parler avec des camarades, à débattre. Le récit paraît basculer lorsque Alexis en vient à travailler dans un atelier d’iconographie. Là les discussions sont nombreuses et serrées sur la religion, les protagonistes se coupent la parole, se disputent, s’invectivent. On entre alors dans le moment le plus Dostoïevskien du récit. En fermant les yeux, on pourrait croire lire par exemple des pages extraites des « Frères Karamazov ». Mais Alexis reprend ses lectures, les commente, c’est par elles qu’il s’ouvre au monde qui, s’il n’est pas bien beau, forge pourtant son caractère. Alexis/Gorki décrit avec minutie les rapports humains, les échanges entre habitants de Russie, il évoque ses errances entre deux métiers, sa boulimie de lecture qui est son apprentissage de la vie : « En lisant, je me sentais plus robuste, plus fort, je travaillais plus vite et mieux, car plus vite j’aurais fini, plus il me resterait de temps pour lire. Privé de livres, je me laissai aller, devins paresseux ; une étourderie maladive, qui m’était étrangère auparavant, commença de s’emparer de moi ». Roman sur l’adolescence, il est celui sur la foi religieuse qui, comme dans un grand roman russe qui se respecte, prend une place prépondérante, place affirmée par de longs questionnements sur l’existence de Dieu. Il est aussi celui d’un amour pour une femme : la grand-mère. L’écriture là aussi est toute russe : simple mais littéraire et puissante, elle guide d’autorité le lectorat vers un but précis, elle ne s’arrête pas en chemin, ne prend pas de pause, écrase par son pouvoir. Mais « En gagnant mon pain » est aussi un roman sur l’errance, celle d’un jeune homme miséreux au sein d’une famille pauvre, qui doit gagner sa vie alors qu’il ne tend qu’à rencontrer ses semblables. Le roman est terminé en 1916, la Révolution russe ne s’est pas encore enclenchée, Gorki n’est pas encore proche du pouvoir. En lisant ce roman autobiographique, il paraît quasi inconcevable que son auteur deviendra quelques années plus tard un proche de Staline, tout en continuant (soyons objectifs) à défendre à tout crin les écrivains russes contre le régime, menant ainsi un jeu ambivalent qui finira par être l’une des grandes caractéristiques de l’auteur. « Je pensais de plus en plus à l’immensité du monde, aux villes que m’avaient fait connaître les livres, aux autres pays où l’on ne vivait pas comme chez nous. Dans les livres des écrivains étrangers, la vie était plus propre, plus accueillante, moins difficile que celle qui bouillonnait lentement et uniformément autour de moi. Cette constatation apaisait mon trouble, me faisait rêver avec obstination à la possibilité d’une autre existence ». « En gagnant mon pain », ici traduit par A. Meynieux et R. Collas, se termine au moment où Alexis, mûri par les épreuves, décide d’entrer en université. Ce sera le troisième volume de cette trilogie. https://deslivresrances.blogspot.com/

Signaler

mfrance

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

Second volume des souvenirs de jeunesse de Maxime Gorki. Fin du 19è siècle, vers 1880, au moment où commençaient à éclore les groupuscules révolutionnaires, peu avant l'assassinat d'Alexandre II, le tsar libérateur, celui qui a aboli le servage. le jeune Alexei Pechkov, sommé d'aller gagner son pain, va entamer sa carrière de futur grand écrivain, en faisant toutes sortes de petits métiers. Exploité par ses patrons, il va connaître la précarité et sera son adolescence durant, confronté à la bêtise, la grossièreté, la méchanceté d'un peuple de pauvres hères incultes voués à la pauvreté, la brutalité, l'alcoolisme, la misère intellectuelle et morale, et soumis aux puissants. Comment se fait-il que le jeune adolescent n'ait pas sombré dans la violence dans de telles circonstances ? Sa grand-mère bien-aimée, considérée par lui comme une sainte va le soutenir de sa tendresse et lui offrir l'image de la bonté, image qui va imprégner durablement le coeur du jeune Alexei. En outre, face à la turpitude des uns, il rencontrera la générosité, la simplicité d'autres qui, derrière leurs façons bourrues, offrent à l'adolescent les trésors de leur expérience, de leur sagesse et leur bon sens. Et surtout, surtout .... il va rencontrer les livres. Ce sont eux qui vont lui sauver la vie. Grâce à Dumas, Walter Scott, Balzac, Victor Hugo entre autres, le jeune homme, boulimique de lecture, va découvrir un monde parallèle et s'abîmer dans un fantasme de vie meilleure ; la découverte de la poésie de Pouchkine sera pour lui une illumination. "Le livre était un miracle : il renfermait l'âme de celui qui l'avait écrit". "Sans m'empêcher de voir la réalité telle qu'elle était, sans atténuer mon désir de comprendre les êtres vivants, ce chaos livresque, pareil à un nuage transparent mais impénétrable, me protégeait contre une foule de malpropretés contagieuses, contre tous les venins de l'existence." L'écrivain Gorki, nom significatif s'il en est, car il veut dire "amer" en russe, qu'est devenu Alexei Pechkov, formé très jeune aux vicissitudes de l'existence, va savoir en rédigeant ses souvenirs de jeunesse évoquer cette Russie misérable, dure, violente, empreinte de sauvagerie, éprise de mysticisme, et il le fait avec tendresse et amour pour ce peuple qui lui inspire une profonde compassion, compassion que le lecteur va ressentir continument au fil de ces pages.

Signaler

Cathy74

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 5 ans

Je connaissais le nom de Maxime Gorki, j'ignorais cependant tout de ses œuvres. C'est par le hasard d'une rencontre avec une cabane à livres de ma commune, que j'ai trouvé l'édition du Livre de Poche de En gagnant mon pain. J'ignorais encore que c'était le deuxième volume de la trilogie narrant la vie de l'auteur. Ce témoignage d'une époque si lointaine et si proche, qui a contribué à façonner le monde dans lequel nous vivons désormais m'a fascinée. L'écriture simple et limpide en appelle aux sens. On vit au rythme de ce très jeune adolescent, chassé de la famille par son grand-père qui considère qu'il peut désormais assumer seul sa subsistance. Il va donc faire mille et un métiers, chasseur dans une cordonnerie de luxe, bonne à tout faire, porteur commissionnaire, mais aussi piégeur d’oiseaux. Il passe ainsi des faubourgs malodorants et malfamés à la nature sauvage qui lui inspire des idées de liberté. Il essaie par tous les moyens de s'instruire. Son esprit curieux n'est pas borné par une éducation académique. Il lit au gré de ses rencontres, des livres que l'on veut bien lui prêter. Il s'entiche ainsi de Balzac qu'il découvre avec Eugénie Grandet. Il en explique simplement les circonstances : "un véritable "Grand Livre", un "livre comme il faut" que me prêta la coupeuse". Il deviendra ainsi un authentique et immense autodidacte. Au gré de ses placements, de ses fugues, il côtoie aussi la misère et la violence ordinaire faite au peuple, aux ouvriers, aux paysans. Il constate le dénuement intellectuel des pauvres gens et celle de la bourgeoisie. Ces strates, voire ces castes, sont incapables à l'époque de dépasser les idées toutes faites, le joug d'une religion pesante, le poids d’un régime tsariste moyenâgeux. Toutes expériences qui façonneront la littérature engagée de l’écrivain et les choix politiques ambigus de l’homme public.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Littérature Classique
  • EAN
    9791039204873
  • Collection ou Série
    classique et littérature
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    360
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Maxime Gorki

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

9,95 € Poche 360 pages