Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste : Le livre de Emmanuelle Pirotte

Une vieille dame apprend qu'elle souffre d'Alzheimer. Elle décide sur le champ d'en rester là avec la vie et se donne trois jours avant de se suicider. On pourrait croire dès lors que ce roman sera triste, démoralisant. Que du contraire ! Pas une seule page lue la larme à l'oeil, en revanche j'ai souvent souri et ri au cours de ma lecture. Il faut dire que Dominique Biron sait ce qu'elle veut. Elle m'a fait penser à « Tatie Danielle », prête à critiquer tout le monde (et elle-même) sans macher ses mots. Son regard sur le monde des humains est noir de chez noir ! Trois jours, donc trois chapitres intitulés Lundi, Mardi, Mercredi. Dans le premier, l'autrice nous fait connaître Dominique et ses excès en tout genre qui plus d'une fois m'ont fait bien rire. Dominique garde le moral et n'a pas l'air préoccupée par sa décision. La journée de mardi se passe moins bien, elle crache son venin sur tout. Heureusement il y a son chat ! Je m'attendais à un mercredi encore plus sombre, mais que nenni ! Dominique semble retrouver le goût de vivre, prend le train pour passer quelques heures à Ostende. Dans ce train, elle rencontre quatre jeunes contestataires qui refusent de porter le masque (le covid règne). Voilà qui plait à Dominique qui fraternise avec eux. Ils l'emmènent faire une balade en cuistax ! Original comme fin de vie ! Je ne dévoilerai bien sûr pas la fin de cette histoire, mais elle ne déçoit pas. Emmanuelle Pirotte réussit avec brio à créer un personnage haut en couleur et m'a fait passer quelques heures bien agréables. Mais je ne relirai pas ce bouquin, de peur de comprendre que Dominique Biron avait souvent raison…

Madame Dominique Biron, petite bourgeoise belge de 82 ans, est encore alerte mais on lui a diagnostiqué un Alzheimer débutant. Pas question pour elle de se laisser terrasser par la maladie. Aussi elle se donne 3 jours pleins pour mettre de l'ordre dans son esprit et ...se suicider. Trois jours, trois chapitres où Dominique nous fait découvrir sa personnalité. De l'humour acide ! Dominique se lâche. Je trouve la mémé plus sympathique que la Dominique Biron qu'elle a été toute sa vie. Une écriture fluide pour une lecture agréable.

Elle s'appelle Dominique a 81 ans et on vient de lui déceler Alzheimer alors elle décide de se suicider dans 3 jours. Il lui reste trois jours pendant lesquels elle va revivre sa vie, s'analyser, elle et son entourage et je vous assure que ce n'est pas triste. On découvre une vieille grincheuse, une hypocrite qui a bien cacher son jeu... C'est cruel, jubilatoire. Un vrai régal! .

D'emblée la narratrice âgée de 81 ans, à qui l'on vient de confirmer le diagnostic d'Alzheimer, annonce la couleur « je m'appelle Dominique Biron et j'ai décidé de mourir dans 3 jours ». 3 jours qui correspondent à 3 chapitres du livre, juste le temps de faire le bilan d'une vie dans une longue confession très « cash ». Dans ce qu'elle laisse derrière elle, rien ne trouve grâce à ses yeux sinon sa petite fille Victoire qui seule la retient encore à la vie. Dominique maudit moins la malchance (sa fille adorée mère de Victoire morte prématurément) que ses propres erreurs et son manque d'audace. Elle règle ses comptes avec sa famille et son époque mais surtout avec elle-même. « Lâcheté et mensonges sont les mamelles de mon destin » avoue-t-elle ! Que de regrets quand elle repense au déroulement de sa vie ! Son mariage raté avec un homme qui ne l'a satisfaite sur aucun plan, l'enfermement très jeune dans la vie domestique, le terrible manque d'amour et in fine la solitude et la vieillesse. Inconsolable, elle se souvient avec émotion d'un baiser échangé avec un inconnu alors qu'elle était jeune fille et du frisson magique qu'il lui a laissée. Elle aurait tant voulu connaitre une relation amoureuse vibrante avec un homme, tel est son plus grand regret. Cette femme âgée parle beaucoup d'amour (celui qui manque) mais elle balaye en chemin beaucoup d'autres sujets en vrac (la maternité, le deuil de son propre enfant, la guerre, la solitude…). Elle a aussi le sentiment de quitter un monde qui déraille car la critique porte aussi sur la modernité dans ce qu'elle a de plus déprimant voire révoltant (la nature abimée, l'individualisme…). Elle n'est pas réactionnaire pour autant (à 81 ans, ses gouts musicaux sont plutôt étonnants, très modernes !) On pourrait penser que ce livre sous forme de monologue est un décompte sinistre vers une mort programmée mais il n'en est rien. Comme le titre le laisse présager, la narratrice ne cherche pas à nous émouvoir, elle se qualifie elle-même de « rosse » et de « vielle bourge ». Elle se présente comme une femme lucide mais peu sympathique (elle a tout de même des envies de meurtres sur ses propres enfants et préférerait léguer ses biens à des animaux plutôt qu'à eux !). Par ailleurs, cette femme se raconte sur un ton enlevé, assez détaché, plein d'humour non sans auto-dérision et avec un langage parfois peu châtié !! Elle a des regrets mais pas véritablement d'aigreur car après tout « rien n'est grave » . J'ai ri et souri en lisant ce livre dont le fond est pourtant dramatique. En conclusion, j'ai beaucoup aimé ce livre lu d'une traite qui aura de nombreuses résonances pour toute femme ayant dépassé la cinquantaine. J'ai annoté de nombreux passages qui sonnent juste et vrai. En le refermant, on se dit bien sûr que nous devrions mettre tout en oeuvre pour ne pas gâcher nos vies si précieuses et si éphémères mais cela demande du courage. Ce livre nous invite à rechercher l'amour sous toutes ses formes et à profiter de chaque instant agréable. Mais qui peut ignorer que la chance est aussi un paramètre non négligeable de nos existences ?