Gamelin - la tragedie de l'ambition : Le livre de Max Schiavon

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Gamelin, ou la quintessence du désastre militaire.

Maurice Gamelin (1872-1958), voilà définitivement une figure attachée à l'écrasante défaite de mai 1940. Il convient de dépasser ce lieu commun et s'interroger : comment cet officier considéré parmi les plus brillants de sa génération, à qui tout réussit depuis sa prime jeunesse, ayant la confiance des dirigeants politiques, a-t-il pu conduire les armées alliées au désastre ? Pour répondre à cette question centrale et objet du présent ouvrage, qui n'a reçu que des réponses partielles depuis 80 ans, l'auteur passe en revue les paramètres ayant influencé les choix tactiques et stratégiques du généralissime. Il étudie de près son comportement, ses failles ou ses fêlures. Il aborde également des questions essentielles, notamment les raisons pour lesquelles Gamelin a été choisi pour occuper le poste suprême, comme les motivations de ceux qui l'ont désigné. Enfin, il tente de cerner une personnalité particulièrement complexe, en racontant sa vie publique et privée, ses expériences, ses ressorts intimes, ce qui l'a motivé et poussé à agir. Il démêle les intrigues, les alliances, les ambitions des uns et des autres et apporte nombre de précisions sur des aspects laissés dans l'ombre jusqu'à aujourd'hui.

Prix Le verbe du Soldat de l'Armée de Terre 2022

De (auteur) : Max Schiavon

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4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 jours

Excellente biographie de Gamelin. Un épisode retient particulièrement l’attention du lecteur en page 275. Il s’agit de l’entretien bien ignoré du 24 mars 1940 entre Ch.de Gaulle et Paul Reynaud à peine nommé président du Conseil, quasiment parallèle à celui bien connu du 17 février entre Éric Von Manstein et Hitler qui décide ce dernier à passer par les Ardennes, qui va décider Paul Reynaud à envoyer le gros de l’Armée française en Belgique et Hollande, dans le piège Manstein, contre l’avis de son conseiller militaire, le Lt-Colonel Paul de Villelume qui pressait Paul Reynaud de ne pas tomber dans ce piège et de renvoyer Gamelin, justement parce que il en était devenu partisan. Le 28 mars quatre jours après ce funeste entretien, qui avait cassé l’influence de Paul de Villelume sur Paul Reynaud, se tenait la réunion interalliée à Londres en présence de Paul Reynaud et Churchill qui actait la Belgique et la Hollande comme théâtre des opérations en cas d’attaque allemande. D’où la phrase célèbre d’un Daladier abattu le 16 mai 1940 : « l’erreur, l’impardonnable erreur, a été d’envoyer tant de monde en Belgique ». Et dans « l’armée du sacrifice », Pierre Porthault apostrophe cruellement De Gaulle : « Mais je ne m’abuse, vous fûtes l’un des tenants de la trop fameuse Hypothèse Dyle, mon général », «... Sa responsabilité doit donc être regardée comme écrasante dans la sanglante tragédie de Belgique et de Flandres ... » Page 244, l’auteur rappel ce que le Général Gamelin avait dit à Paul de Villelume, alors conseiller militaire du Quai d’Orsay, le 6 avril 1937 : « Impossibilité pour la France de venir au secours de la Belgique ... ». Puis le 21 septembre 1939 par une note au général Georges, il précise que « les Français n’ont pas intérêts à livrer une bataille défensive ailleurs que sur leur position fortifiée et ses avancées organisées » . Mais le lendemain se tient en Grande Bretagne un Conseil suprême allié et Gamelin, oubliant ses écrits de la veille, cède à la demande de Chamberlain et Daladier de se porter en Belgique. A noter que Paul de Villelume, avait prévenu Paul Reynaud en ces termes sur les risques de l’entrée en Belgique : premièrement, nous perdons le bénéfice de nos fortification (comparaison avec un homme, qui, ayant acheté une cuirasse très chère, s’en dépouille au moment du danger pour combattre le torse nu) ; deuxièmement , nous affrontons en terrain libre des forces deux fois supérieures aux nôtres ; troisièmement, nous exposons nos colonnes à être hachées par l’aviation ; quatrièmement , une entrée préventive allumerait la guerre active, ce que nous n’avons aucun intérêt à faire, étant donné en particulier l’état déficient de nos fabrications On ne peut pas bien comprendre le comportement de De Gaulle vis-à-vis de Pétain et accessoirement vis-à-vis du témoin gênant de Villelume, sans connaitre ce fait qui pousse l’un à reporter la responsabilité de la défaite sur l’autre. Pour la petite histoire, dans la première version de l’appel du 18 juin ce sont Pétain et Weygand qu’il évoque comme « chefs militaires qui sont la cause du désastre » et non pas Paul Reynaud, Gamelin et... lui-même. Ce qui est à la fois cocasse et révélateur. 4 étoiles car Gamelin apparait avant tout comme le grand responsable de la défaite de 1940, alors que le pouvoir militaire était avant tout subordonné au pouvoir politique. La responsabilité ultime reposait sur Paul Reynaud qui hésitant, comme le rappel Paul Baudoin, entre les deux options, celle du lieutenant-colonel Paul de Villelume et celle du colonel de Gaulle, a choisi cette dernière, faisant de son influenceur, le coresponsable du désastre qui s’en est suivi.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Sciences Humaines & Savoirs , Histoire
  • EAN
    9782262080013
  • Collection ou Série
    Biographies
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    520
  • Dimensions
    241 x 156 mm

L'auteur

Max Schiavon

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