Grande échappée : Le livre de Bérengère Delaporte

Dansez la vie ! « L’important n’est pas ce qu’on fait de nous, mais ce qu’on fait de ce qu’on a fait de nous. » - Sartre (page 61) Un bel album, libre interprétation graphique du poème La Panthère de Rainer Maria Rilke, par Bérengère Delaporte qui se fait autrice autant qu’illustratrice. Tout en nuances de noirs, gris, gris bleutés, et jaunes, un peu comme la panthère qui devient elle-même une sorte de Jiminy Cricket, une conscience. Attention hein, une conscience, certes, mais pas de celle qui fait rentrer dans le droit chemin, celui de la bienséance, de la conformité, de ce qui est attendu. Plutôt un symbole de la nature sauvage, de celle qui sait qui l’on est et ce qui est bon pour soi. Bérangère Delaporte a un coup de crayon sûr, très évocateur. Chaque émotion devient vivante et vibrante. Ses couleurs servent autant le propos que ses traits, avec une magnifique précision, et un symbolisme fort. Du jaune et du gris, de la lumière et des ombres… Emprise, soumission, résignation, harcèlement, violence psychologique côtoient l'éveil, le réveil, la libération. C’est un vrai coup de cœur pour cet album qui m'a fait découvrir ce poème poignant, ainsi que pour l'artiste, même si j’ai pu trouver certaines réactions ou répliques maternelles, ainsi que la fin du scénario, un peu simplistes à mon goût. Mais l’adolescence, à travers Louise et ses révoltes, me semble bien vue et sensible. La pensée n’est pas manichéenne, et les nuances ici ne sont pas que dans les couleurs. J’aime bien de temps en temps ces petites échappées que permettent le roman graphique ou la BD, et me retrouver dans ces pages où un.e artiste me fait entrer dans son univers en disant beaucoup de lui ou elle, et en peu de pages finalement, instaure un dialogue d’une richesse incroyable avec moi… Et pour finir, pour le plaisir, parce que le fond de toile est au moins aussi important que le sujet de premier plan : La Panthère (Jardin des Plantes, Paris – traduction de Claude Vigée) Son regard du retour éternel des barreaux s’est tellement lassé qu’il ne saisit plus rien. Il ne lui semble voir que barreaux par milliers et derrière mille barreaux, plus de monde. La molle marche des pas flexibles et forts qui tourne dans le cercle le plus exigu paraît une danse de force autour d’un centre où dort dans la torpeur un immense vouloir. Quelquefois seulement le rideau des pupilles sans bruit se lève. Alors une image y pénètre, court à travers le silence tendu des membres – et dans le cœur s’interrompt d’être.

Louise est une adolescente passionnée par la danse et qui rêve d’en faire son métier en intégrant une grande école. Sa mère, Camille, était une grande danseuse, avant de rencontrer son futur mari et de devoir se consacrer à ses enfants. Quand elle leur fait part de son ambition, son père s’y oppose. Sa mère, quant à elle, ne dit rien. Il faut dire qu’elle ne dit jamais grand chose et que son mari l’étouffe… Grande Echappée est une variation graphique autour du poème La Panthère de Rainer Maria Rike. La panthère, c’est cet animal sauvage qu’on retrouve souvent enfermé dans les zoos. D’ailleurs, selon le père de Louise, si elle est en captivité, c’est surtout pour la protéger, non ? J’ai été très agréablement surprise par ce roman graphique. Il parle d’emprise, de violences psychiques et parfois physiques au sein d’une famille. Louise va laisser son côté bestial prendre le dessus et se révolter, ne plus accepter l’inacceptable. Il y a tant d’émotions qui se dégage de ce titre. Les illustrations et le choix des couleurs sont parfaits. Les dessins mettent en lumière Louise et sa mère, leur donnent de la puissance. Bérengère Delaporte offre une variation émouvante de La Panthère de Rilke. Une merveille de plus dans la si belle collection Poéstrip !

Inspirée par le poème de Rainer Maria Rilke « La Panthère », l’autrice livre un récit touchant sur les violences conjugales. Personne n’avait vu, personne ne voulait voir. C’est Louise, leur fille adolescente, qui ouvre les yeux, les siens, ceux des autres, sur la brutalité verbale et psychologique de son père, envers sa mère principalement. On peut détruire et contrôler par les mots. Oublier la cage et pourtant étouffer derrière les barreaux.

Dans cette adaption en format poche on nous parle d’une jeune fille Louise qui rêve d’être danseuse comme sa maman Camille Sauf que son père ne voit pas d’un bon œil ce métier et remet la faute sur sa mère Cette violence psychologique nous est présentée comme une panthère en cage qui rêve de s’en échapper C’est très bien écrit, on a envie de connaître le dénouement en espérant qu’il soit bon :) C’est une belle adaptation