Hyper : Le livre de Émilie Chazerand

Merci à NetGalley et aux éditions Pocket Jeunesse pour m'avoir permis de découvrir ce livre. C'est le troisième roman d'Emilie Chazerand que je lis et cette fois encore j'ai été happée par son écriture. L'histoire est à nouveau centrée sur un personnage hors-normes, mais c'est l'occasion de faire émerger des sentiments universels, qui sonnent juste et émeuvent. Miriam est lycéenne, très grande (1m 96), « grousse » (grosse et rousse), bourrée de complexes et traumatisée par la disparition de sa soeur Lise quand elle était toute petite et le départ de son père. Elle en veut terriblement à sa mère de faire comme si de rien n'était et les relations entre elles sont devenues impossibles. Entre ses crises de boulimie et l'ostracisme dont elle est victime au lycée, Miriam se dégoûte elle-même et en arrive à vouloir mourir. Suite à sa tentative de suicide et aux dommages collatéraux d'un cambriolage raté, elle finit par consulter un psychologue qui lui demande de tenir un journal intime. Mais comme elle soupçonne sa mère de vouloir le lire, elle en tiendra deux. Un caché juste ce qu'il faut pour que sa mère le trouve et l'autre soigneusement dissimulé. J'avais trouvé « Annie au milieu » lumineux malgré des moments très douloureux, mais ce roman-ci est très sombre, même si l'humour y est omniprésent, un humour noir et caustique, à la limite du désespoir. Les modalités de la tentative de suicide et ses conséquences donnent immédiatement le ton. On est constamment sur le fil, entre l'humour et le sordide. le décalage entre les deux journaux est savoureux et la plume acerbe de Miriam particulièrement bien ciselée. On se régale même si on a la gorge nouée. Très vite, on se rend compte que quelque chose cloche, mais on se laisse prendre par l'histoire. Miriam est très attachante et on sent son besoin viscéral d'affection derrière ses sarcasmes et son air bougon. Au delà de son personnage, Émilie Chazerand parle des relations compliquées entre mère et enfant à l'adolescence, du regard décapant et sans concession porté sur les adultes. le lycée, la société, sont présentés également comme particulièrement hypocrites, attachés aux apparences et aveugles à la détresse des autres. Le retournement de situation permet cependant un basculement de la vision du lecteur, qui rend le roman nettement moins pessimiste. Il n'en reste pas moins très percutant.

Hyper, d’Émilie Chazerand, c’est pas juste un livre : c’est une déflagration émotionnelle. Je me suis prise une vraie claque. Mon cœur faisait des loopings en refermant la dernière page. Si tu cherches des sensations fortes, t’es au bon endroit. On passe du fou rire aux larmes, du sarcasme le plus grinçant au désarroi le plus total… Et cette fin ! Ces cinquante dernières pages m’ont laissée bouche bée (et les yeux humides). J’ai adoré le format journal intime, ce petit retour à mes lectures d’ado … je crois que si je l’avais lu à l’époque, il m’aurait carrément bouleversée. Bref : que tu sois ado, adulte, ou quelque part entre les deux, lis-le. Ce bouquin se vit plus qu’il ne se lit.

Miriam a 17 ans. Elle est grousse, grosse et rousse, d'après les garçons du lycée. Elle vit seule avec sa mère. Son père est parti et elle pense que c'est parce qu'il n'a pas supporté la disparition de sa sœur. Elle est aussi persuadée d'être coupable de cette disparition. Après une tentative de suicide ratée, Miriam commence une thérapie et tient un journal thérapeutique. Ou plutôt deux journaux, l'officiel très bien caché, et l'autre, celui qu'elle écrit en sachant pertinemment que sa mère fouillera sa chambre pour le lire. Deux journaux, deux ambiances. Le premier journal, convenu, pour sa mère. Elle relate factuellement ses journées, ses amitiés, sa relation avec sa mère à qui elle doit tant. On y découvre son ironie qu'elle manie parfaitement, mais qui passe inaperçu pour sa mère. Car nous avons l'autre version, la vraie. Le deuxième journal, trash, dans lequel elle parle crument de ses ressentis et de son entourage. Miriam est sarcastique, très dure et réaliste, en tout cas, elle pense être réaliste et elle pense savoir mais a-t-elle vraiment toutes les informations en main ? C'est drôle et émouvant à la fois. J'ai été chamboulée de voir à quel point Miriam se déteste, à quel point elle est perdue. J'ai adoré le ton utilisé lorsqu'elle raconte sa vérité. Elle est perdue et terriblement en colère. Elle ne comprend pas que sa mère ait baissé les bras pour retrouver sa sœur. Outre le harcèlement à l'école, les relations avec sa mère ne sont pas au beau fixe. Miriam est à fleur de peau. Elle est hyper. Une belle découverte, émouvante et bouleversante lorsque l'on comprend les conséquences des non-dits. Je conseille.

On peut dire que Miriam a du caractère. Et pourtant, trop c'est trop, trop de moqueries, trop d'indifférence de sa mère...elle tente de se suicider. Obligée de suivre une thérapie, elle va répondre à la demande de son psy qui lui demande de rédiger un journal. Elle va en rédiger deux : celui que sa mère va lire, elle en est sûre, toute en excuses et en contrition. Et l'autre, celui qui va recevoir ses pensées sombres, la violence qu'elle subit, et le mensonge dans lequel elle s'est enfermé. Plutôt qu'un mensonge, une vérité alternative qu'elle s'est construite, pour moins souffrir. Fan inconditionnelle d'Emilie Chazerand, ce n'est pas ce roman qui me fera changer d'avis. Sa plume à la fois acérée, doucereuse et pleine d'amour pour ses personnages nous cloue dans notre siège pour ne pas lâcher ses romans. Il est évidemment déjà sur le rayonnage du CDI de mon lycée.