La Maison d'Emily : Le livre de Amy Belding Brown

Je suis encore sous le charme de ce beau roman qui nous entraîne dans la vie intime de la poétesse américaine Emily Dickinson et tout ça par le regard de la bonne de la maison Margaret dite Maggie. Margareth est une exilée irlandaise contrainte à l'exil par la rude famine qui a sévi en Irlande au XIXème siècle. Elle est pétrie d'humanité mais possède un caractère bien trempé et ne s'en laisse pas conter. Elle est entourée de ses frères et sœurs dans son exil américain et compte rejoindre deux de ses frères installés en Californie. Mais tout ne veut pas se passer comme elle l'espérait. Le jour où elle va franchir le seuil de la famille Dickinson, elle n'en repartira que trente ans plus tard. Au fil des pages on va voir se dessiner le lien indestructible qui va se nouer entre elle et Emily. Emily la fantasque, Emily la recluse, Emily l'originale, Emily qui aime la vie et Emily qui est obsédée par la mort. Deux femmes radicalement différentes qui n'ont rien en commun et que pourtant rien ne séparera à part la mort. Le roman est construit sur deux temporalités. Deuxième moitié du XIXème siècle (la majeure partie du roman), et en introduction de chaque partie de courts chapitres se déroulant en 1916. Tout au long de ce roman empreint de poésie et de douceur, se déroule sous nos yeux la vie quotidienne d'une maison bourgeoise au siècle passé qui abrite en son sein la plus grande poetesse américaine, avec ses joies et ses peines, tout ça avec en arrière fond la vie des exilés irlandais avec leurs traditions, leurs croyances et leur courage à toutes épreuves. Bref un excellent moment avec ce récit original et qui sort des sentiers battus.

Découvrir l'intimité de la célèbre poétesse Emily Dickinson par l'intermédiaire de Margaret, embauchée comme bonne à l'aube de son départ pour les Etats-Unis. Elle restera 30 ans dans cette maison et développera une amitié à toute épreuve avec la délicate et audacieuse Emily. J'ai adoré ma lecture. J'ai pris mon temps et j'ai savouré chaque passage. Je connaissais E.Dickinson de nom sans jamais l'avoir lu. Bien que je ne sois pas vraiment motivée par la poésie, cette lecture m'a donné envie d'aller lire quelques vers d'Emily. Cette idée me donne le sourire car elle me renvoie une étrange impression de complicité, un peu comme si j'avais moi-même côtoyé les membres de la maisonnée. Le personnage de Margaret est fort. Elle fait partie de ces femmes des classes méprisées mais qui connaissent leur valeur et ne se laissent pas marcher dessus. C'est une femme de l'ombre simple, puissante et tellement inspirante ! Dans ce roman historique et domestique, car finalement on se promène presque exclusivement chez les Dickinson, l'autrice offre aussi un panorama du contexte historique de l'époque entre immigration irlandaise, rébellion et une Amérique bousculée par la conquête de l'ouest. Entre faits réels et libertés prises par l'autrice pour imaginer ce qu'a pu être la vie de Margaret, cette odyssée poétique mérite toute notre attention.

Le commentaire de Lynda : Je crois que tout le monde connaît le nom d'Émily Dickinson, une grande poétesse américaine, du moins de nom. Tout comme moi, c'est à peu près tout ce que je savais sur elle, et je ne crois pas avoir eu vraiment l'occasion de lire celle-ci. La maison d'Emily nous est racontée, par la bonne des Dickinson, Margaret Maher, qui fut 30 ans à leur service, c'est donc dire de 1869 à 1899. Au tout début, elle croyait être de passage pour amasser de l'argent, mais ce fut tout autre chose alors qu'elle devient très amie avec la fille aînée de Dickinson, Emily. C'est à travers les pensées, et les confidences de Margaret que nous en apprendrons beaucoup sur Emily et sur sa famille. Emily pendant un grand nombre d'années se consacre à sa poésie, elle s'isole et vit recluse. Margaret est sa plus grande admiratrice, et juge également, prodiguant ses conseils. Emily avait même fait promettre à Margaret de brûler tous ses écrits après sa mort, ce que Margaret ne fera pas, au contraire. À travers toute cette histoire, j'ai aimé le côté historique, j'ai aimé connaître la vie des Irlandais immigré aux États-Unis, qui continuaient à vouloir sauver l'Irlande, Margaret la première. J'ai beaucoup aimé cette lecture, malgré qu'à certains moments j'ai trouvé un peu long, d'ailleurs on a qu'à voir le nombre de pages. Mais on peut aussi dire, que l'auteure Amy Belding Brown a bien fait ses recherches, bien analyser le tout, pour nous transmettre ce roman basé sur des faits et des personnages réels, parce que oui, on sait qu'Emily Dickinson a existé, mais Margaret Maher, également, alors le tout semble véridique, et est surtout très intéressant. Si vous aimez les romans historiques basés sur des faits, réels, et bien ce roman est pour vous !

Un autre regard posé sur Emily Dickinson, celui de Margaret Maher qui fut la bonne de la maison pendant 30 années, après être entrée à leur service alors qu’elle avait une quinzaine d’année. Margaret a vraiment existé et, même si l’autrice invente son histoire d’amour avec Patrick, qu’elle subodore les rapports qu’elle pouvait avoir avec la famille, il est évidemment fort probable qu’en étant restée 30 ans à leur service, elle est devenue un élément important de leur vie. Ce serait même elle à qui Emily aurait confié ses poèmes en lui faisant promettre de les brûler. Sa correspondance a effectivement été brûlée par sa sœur Vinnie mais heureusement, son œuvre a pu être sauvegardée. Emily qui a vécu comme toutes les jeunes femmes d’un milieu aisé, faisant des études mêmes et pour une raison que personne ne connait, a restreint sa vie au jardin et à sa chambre. Ce qui m’a étonné c’est que ses parents, non seulement ont accepté cela, mais qu’ils paraissent même l’encourager. Tout le monde dans la maison vivait en fonction d’Emily, de ses désirs, de sa santé. C’est impressionnant. Elle écrivait sur des petits bouts de papiers trouvés partout, l’inspiration pouvant venir en faisant le pain ou jardinant, elle vivait avec ses parents, sa sœur et sa belle-sœur Sue dont elle était très proche également. L’éclairage donné ici par sa bonne est intéressant et permet de découvrir la poétesse d’une manière romanesque. Margaret est une irlandaise émigrée aux Etats Unis, arrivée par hasard à Amherst, la tête pleine de rêve. C’est un personnage courageux, généreux et qui a été fidèlement au côté d’Emily, l’accompagnant dans ses derniers moments de vie et peut être une muse. Elle mérite largement qu’on lui consacre un livre. Le tout forme un roman frais, anglais, où flotte l’ombre blanche d’Emily et le sourire complice de Margaret.