La Trilogie baryonique - Tome 1 La tragédie de l'orque : Le livre de Pierre Raufast

Pierre Raufast est un écrivain français, reconnu principalement pour ses œuvres de science-fiction et ses explorations de concepts scientifiques à travers des récits riches et crédibles. Il possède une formation en physique et en mathématiques, des domaines qui transparaissent souvent dans ses romans. Son approche unique mêle rigueur scientifique et fiction littéraire, ce qui en fait un auteur apprécié par les amateurs de hard science-fiction, mais aussi par ceux intéressés par les réflexions philosophiques. Son œuvre la plus célèbre est la trilogie Baryonique, composée de trois romans : La Tragédie de l'Orque, Le Système de la Tortue et Le Dôme de la Méduse. Ces trois tomes forment un ensemble cohérent où Raufast interroge les mystères de l'univers, la nature de la réalité et les limites de la compréhension humaine. À travers des personnages et des intrigues qui évoluent dans un univers où la science et la philosophie se rencontrent, l’auteur aborde des concepts avancés de physique et de cosmologie tout en explorant des questionnements existentiels profonds. Dans ce premier tome qui se déroule en 2173, une époque où l’humanité reste entravée par une terre en ruines et une science qui a atteint ses limites malgré les avancées technologiques majeures. La Terre, déjà marquée par une migration climatique massive, est coincée dans un avenir incertain et la quête pour l’antimatière devient le dernier espoir pour l’humanité. Pourtant, malgré l’importance de la mission, l’auteur nous plonge dans des vaisseaux Orcas dont l'équipage se compose de deux hommes ou deux femmes. C’est dans cette intimité cosmique que l’histoire prend toute sa richesse. Loin des vastes batailles de l’espace, ce roman nous parle d’un quotidien d’exploration décevante, de routines et de frustrations. Les vaisseaux Orcas, destinés à sillonner l’espace et à miner les trous de ver à la recherche d’antimatière, nous conduisent à explorer un univers où l’aventure ne réside pas dans l’immensité des découvertes mais dans la lente dégradation d’un rêve. Les jeunes équipages, enthousiastes au départ, découvrent vite que le travail devient une répétition sans fin, sans résultats tangibles. Pierre Raufast choisit de nous raconter l’exploration spatiale à travers une lentille plus humaine, avec des personnages confrontés à des dilemmes intérieurs, des tensions personnelles et des compromis. Ce choix délibéré de focaliser l’histoire sur des relations humaines dans un cadre aussi impitoyable que l’espace infini est très audacieux. Là où je m’attendais à une science-fiction grandiose et spectaculaire, j’ai trouvé une exploration de la solitude, des doutes et des espoirs. Loin de l’épicité des grands récits de SF, le ton est intimiste, presque introspectif, et cela fonctionne à merveille. Le roman aborde également des questions d’ordre technologique avec une réflexion sur les intelligences artificielles. Ces dernières, omniprésentes dans la vie des protagonistes, offrent une réflexion sur notre dépendance croissante à la technologie. À travers des personnages de différentes générations, Raufast interroge le rôle de l’I.A., entre outil indispensable et menace potentielle. Ces réflexions sont d’autant plus pertinentes aujourd’hui, alors que la technologie envahit tous les aspects de nos vies. La Tragédie de l'Orque parvient finalement à nous emmener dans un univers où l’humain reste au centre de tout. Le roman n’est pas seulement une aventure spatiale mais une exploration de ce qui reste lorsque les grands rêves scientifiques se heurtent à la réalité. Et même si la fin laisse de nombreuses pistes ouvertes, l'attente de la suite est d’ores et déjà palpable. Si vous êtes curieux de savoir comment l’humanité pourrait réagir face à ses limites, tout en continuant d’explorer l’espace et ses promesses, ce roman est un excellent point de départ. Un début de trilogie que l’on attend avec impatience de voir se déployer dans Le Système de la Tortue.

La science fiction n'est pas mon genre favori, notamment à cause des explications interminables nécessaires pour présenter le nouvel univers, son histoire, sa géopolitique, sa technologie... J'ai souvent du mal à tenir le coup, quitte à sauter des paragraphes entiers qui laissent de côté le scénario pour nous abreuver de détails techniques ou historiques. Cependant ici le décor est planté tout en douceur, par des dialogues et des explications courtes et précises, et sans mettre en pause le scénario. Les petits détails, semés comme des clin d'œil, qui évoquent les cépages sibérien, les stations balnéaires anglaises, et les habitudes alimentaires des personnages, en disent assez pour nous rappeler que le monde semi-dystopique de ce roman est bien une projection de notre futur soumis au réchauffement climatique. Les personnages sont aussi rapidement campés, et leur psychologie est bien décrite. Avec une certaine pudeur, l'auteur en dévoile juste assez pour qu'on comprenne les enjeux et les dynamiques des différentes relations. L'action peut sembler un hachée par les longues ellipses, mais la timeline des explorations spatiales et les longs mois de voyage sont bien rendus. Finalement, l'intrigue est bien resserrée sur l'essentiel, et le style est efficace. Le dialogue terre/vaisseau à chaque chapitre donne aussi un bon rythme de lecture. Par contre, je l'avoue, le cliffhanger à la fin de ce tome a été complètement ingérable pour moi. Heureusement les tomes suivants étaient déjà parus, j'ai donc sauté dessus dès le lendemain. Une expérience de lecture somme toute bien agréable, à la fois dans l'action et dans la suggestion. L'auteur ouvre aussi de nombreuses portes de réflexion, libre à chacun de s'y engouffrer ou non.

Déroutée (mais quand même séduite) par cette trilogie. Il faut dire que j'avais découvert le talentueux Pierre Raufast avec "La baleine thébaïde", et avais ensuite dévoré l'hilarante "Fractale des Raviolis". "Les embrouillaminis" m'avait positivement ravie. Bref, un auteur qui m'avait fait pleurer de rire et m'avait accoutumée aux jeux littéraires fantaisistes et/ou drôlissimes. Voici une incursion dans la science-fiction, je m'attendais donc à quelque chose de la tremoe de "La honte de la galaxie" (gros coup de coeur, par Alexis Brocas) ou encore l'irremplacable "Comment voyager avec un saumon" (le malicieux pastiche d'Umberto Eco) - ou pourquoi pasquelque chose d'assez dans le genre de Pratchett. Rien de tout cela, puisque voilà finalement du space opera de facture assez classique, mâtiné de hard SF et saupoudré de post-apocalyptique, sur fond d'exploration spatiale assez plausible et scientifiquement fondée. Bien fichu cela va sans dire, et catchy ce qu'il faut, malgré un côté un peu inégal (le tome 2 est clairement le meilleur, le 3 m'a moins enchanté). Se lit néanmoins très très bien, ne serait-ce que pour ses titres (ce mec est vraiment fortiche là-dessus) et sa superbe édition aux Forges de Vulcain, une maison chouette et originale : ne pas manquer la double trilogie de la Tour de Garde, parmi les meilleurs romans lus ces deux dernières années !

C’est une histoire bien écrite et agréable à suivre. Dans un futur pas trop éloigné mais profondément bouleversé par le changement climatique, l’humanité envoie des vaisseaux (des orca) dans l’espace à la recherche de l’antimatière. J’ai apprécié le rythme de l’écriture, avec des chapitres courts et les changements de point de vue. J’ai apprécié aussi que les personnages principaux soient présentés comme des personnes lambda, des monsieurs/madames tout le monde. Mais du coup, c’est dommage que certains traits de caractère soient un peu grossiers. Et on a parfois du mal à ressentir une intensité, ou une urgence, que pourrait ressentir les protagonistes dans des situations qui ne sont justement pas si banales. J’ai malgré cela beaucoup aimé suivre l’histoire et le cliffhanger de fin m’a fait prendre le tome 2 dans la foulée !