L'amour-fleuve : Le livre de Carla Madeira

J’ai été immédiatement happée par cette histoire touchante et pleine de sensibilité. On s’attache très vite aux trois personnages principaux, si bien que j’ai lu le livre d’une traite. La plume est belle, fluide, avec une pointe de mélancolie qui donne beaucoup de profondeur au récit. En revanche, j’ai été déçue par la fin. Les 50 dernières pages m’ont semblé précipitées, presque en rupture avec tout ce qui avait été construit auparavant. C’est dommage, car jusqu’à ce point, le roman m’avait véritablement conquise. Un très beau livre malgré tout, qui m’a marquée par son écriture et ses personnages.

Dalva et Venâncio forment un couple épanoui, où l'absence ne se fait pas sentir. Mais c'est précisément après l'arrivée d'une autre personne dans leur vie qu'une tragédie survient et que les sentiments les plus contradictoires prennent le dessus. Comme si, malgré son intégralité, Venâncio maladivement ne supportait aucun excès. Lucy, une prostituée qui satisfait et attire les hommes de la ville. La femme se vante du plaisir qu'elle éprouve avec ses clients et de sa capacité à les envoûter un par un. La situation change cependant lorsque Lucy se retrouve ignorée, voire rejetée par Venâncio. Carla Madeira révèle le passé de chacun de ces personnages à un rythme impressionnant. Les chapitres sont courts Lucy et Venâncio nous tiennent en haleine. Violence, prostitution, sang, sueur et larmes. L'histoire a de la couleur, du paysage, de l'odeur et de la texture. Une histoire crue racontée avec délicatesse faisant souffrir le corps et fait soupirer l'âme. Carla Madeira crée une atmosphère intime brève et insolite où le regret, la douleur, le pardon et, surtout, la violence et la barbarie occupent le récit.

C'est un livre somptueux que je vous présente là. Une pépite comme @istya sait si bien en publier. Des mots qui virevoltent et trouvent écho dans notre cœur, des phrases gorgées de vie qui magnifient une histoire porteuse de beauté malgré la noirceur apparente . C'est un roman qui empreinte tous les chemins pour ne déboucher que sur l'amour. Et qui va susciter en vous toutes les émotions possibles , pavées de profondeur, celles qui nous sont les plus intrinsèques. Ici le fleuve est l'allégorie même de l'amour qui n'est pas linéaire, qui connaît des remous, des courants , qui peut anéantir, faire couler , gronder de violence , provoquer des eaux tempétueuses, mais sur lequel aussi le soleil peut magnifiquement se refléter. Je vous laisse en commentaire le résumé de ce livre brillant qui ne peut que vous donner envie de le découvrir, et je vous promets qu'il est de toute beauté, malgré la dureté de certains passages, la crudité de certaines scènes, c'est pour ce genre de roman que lire m'anime autant.

Pépite brésilienne, vendue à près de 700 000 exemplaires, L’amour-fleuve parle de séduction, d’amour, de sexe, de jalousie, de rédemption et de résilience. Une plongée violente et intense dans les relations humaines. Il ne faut pas s’arrêter au langage cru des premières lignes. Ce n’est pas du voyeurisme ni de la provocation. L’explication est simple, un des personnages principaux de ce récit - où trois protagonistes vont se croiser, s’aimer, se séduire, se détruire - est une putain. Lucy n’est pas une pauvre prostituée qui subit sa vie mais la plus belle des femmes de la ville, qui aime charmer et user de son pouvoir de séduction. Elle a choisi ce « métier » et son train de vie. Pas de honte mais seulement du pouvoir, de la passion, sans tabou ni censure et beaucoup de plaisir qu’elle sait donner. Jusqu’au jour où elle croise un homme qui lui résiste, qui la repousse : Venâncio. Pour parfaire le tableau, il faut rajouter Dalva, épouse aimante, femme droite et sincère. Son mari n’est autre que celui qui se détourne de Lucy. Le trio est en place, deux femmes que tout oppose et un homme plutôt rustre au milieu mais le scénario n’est pas celui auquel on s’attend. Il y a de la jalousie, de la convoitise, de la haine, de la violence et de la passion mais surtout ce petit quelque chose appelé « saudade », cette mélancolie nostalgique qui imprègne les personnages et l’écriture de l’autrice brésilienne Carla Madeira. Dans ce drame, chacun va chercher, à sa manière, une forme de bonheur et de paix intérieure. Une histoire loin d’être banale qui, comme le fleuve en crue, emportera les lecteurs sur son passage.