L'amour ouf : Le livre de Neville Thompson, Thaïs Laurent, Max Geller

Lorsque j’ai commencé L’amour ouf, j’avais forcément des attentes. Le film m’avait profondément touchée, c’était un véritable coup de cœur, alors je m’étais dit que plonger dans le roman original, en version audio cette fois, serait une manière différente mais tout aussi forte de revivre cette histoire. Très vite, je me suis rendu compte que le livre et le film prennent des chemins bien distincts. L’adaptation cinématographique a fait des choix narratifs, des ellipses, des atmosphères particulières que l’audio ne restitue pas de la même façon. Le rythme est différent, la voix, les silences, la structure aussi. Il m’a donc fallu mettre de côté mes souvenirs du film pour laisser une place neuve à l’œuvre originale. Et je suis heureuse de l’avoir fait, car même si l’expérience n’a pas été la même, elle n’en reste pas moins précieuse. J’ai beaucoup apprécié découvrir ce couple improbable, ces deux personnages que tout oppose, que tout semble vouloir séparer. Leur histoire, cabossée, fragile, souvent chaotique, mais toujours animée d’une tension sincère, m’a peu à peu emportée. Ce n’est pas une histoire d’amour classique. C’est une histoire qui prend des détours, qui s’effiloche par moments, qui nous bouscule, et c’est justement ce qui la rend intéressante. On y retrouve une forme de réalisme brut, mêlée à une narration un peu bancale, comme les vies qu’elle raconte. Lire L’amour ouf après avoir vu le film, c’est accepter de vivre une deuxième version d’un même récit, plus étirée, plus littéraire, parfois moins immédiate, mais tout aussi riche à sa manière. Ce n’est pas une redite, c’est une autre perspective. Et même si le coup de cœur ne s’est pas reproduit, j’en ressors avec la sensation d’avoir découvert quelque chose d’un peu plus profond, un peu plus nu, et tout aussi marquant.

Après avoir vu le film, j'ai eu envie de lire le roman dont est issu ce premier. Attention, le livre n'a pas grand chose en commun avec le film à part quelques passages. Jackie et Johnser se connaissent car ils vivent dans la même cité. Très vite, ils tombent amoureux et rêvent d'un avenir meilleur. Pourtant, rien ne se passe comme prévu : la réalité de leur vie les rattrape entre la violence, la prison, l'arrivée d'une rivale, etc ... Les années passent ainsi et pourtant l'amour entre eux reste intact. J'avoue que j'avais peur d'être déçue par ma lecture et finalement, non. Je l'ai lu en une seule journée au camping. L'histoire est tout aussi passionnante que le film, la violence est davantage présente pour les deux personnages. Je vous le conseille même si vous avez vu le film, il vaut bien quelques heures de lecture.

Le vocabulaire est cru et le romantisme n'est pas là, mais c'est exactement ce que l'auteur voulait faire passer à travers cette histoire après tout. J'ai été parfois un peu dubitative, à me demander "pourquoi ?" mais j'ai quand même été happée par l'histoire donc j'ai poursuivi sans regret. Donc oui, le style, le vocabulaire, etc. Peuvent laisser certains très dubitatifs, et je comprends bien. Ce n'est pas un coup de coeur pour moi, mais un livre qui méritait en effet son adaptation cinématographique que je vais m'empresser d'aller regarder !

Je voulais lire une histoire d'amour forte et peu conventionnelle, La Kube m'a recommandé l'Amour ouf de Neville Thompson. Pour info, je n'ai pas encore vu l'adaptation ciné de Gilles Lellouche. C'est donc un livre à deux voix, celles de Jackie et de Johnser, dans le Dublin des années 80, terrain de luttes contre la pauvreté, avec l'IRA en toile de fond. Nous naviguons de l'une à l'autre par le biais d'une narration alternée, à la première personne. Ce choix rend le récit fluide et permet d'avoir le point de vue de chacun tout en faisant progresser l'histoire. On commence d'ailleurs par une scène forte, une arme pointée sur le visage de Johnser, sous les yeux de Jackie. Ensuite, on revient donc en arrière et on découvre comment leur histoire s'est développée. Johnser est un voyou, bagarreur, toujours embarqué dans les mauvais coups et confronté à ses mauvais choix. Jackie a ses valeurs, son milieu modeste et sa fireté, elle se refuse à son amoureux, préférant attendre. De là, la fierté des deux les conduit à prendre des chemins opposés mais l'amour reste pourtant là, fort, prégnant. Les questions se posent tout au long du livre: vont-ils revenir ensemble? La violence prendra-t-elle le dessus sur l'amour? Car au final, si on comprend bien la force de leur lien, la violence, bien plus que l'amour finalement, semble être le principal moteur de ce récit, écrit comme ils parlent (pas toujours évident à lire, et le verlan traduit bizarrement). Jackie et Johnser méritaient, je pense, un peu plus de considération.