L'Attrape-coeurs : Le livre de J.D. Salinger

Publié en 1951, L’Attrape-cœurs de J.D. Salinger est devenu un classique mondial. On y suit Holden Caulfield, adolescent désabusé, renvoyé de son école et livré à lui-même dans les rues de New York. Il observe le monde adulte avec un mélange de révolte et de lucidité, oscillant entre tendresse et désenchantement. Holden m’a fait penser à Hugo, alias Bohème, du roman Nous rêvions juste de liberté : deux jeunes à la fois perdus et profondément humains. Décidément, les bad boys, on finit toujours par les aimer — peut-être parce qu’ils osent vivre comme on n’ose plus le faire. « L’homme qui manque de maturité veut mourir noblement pour une cause. L’homme qui a atteint la maturité veut vivre humblement pour une cause. » – Wilhelm Stekel

J'ai trouvé le choix linguistique de l'écriture assez audacieux et très bien maintenu tout au long du récit. Généralement je n'aime pas cette façon de parler dans un livre mais j'ai trouvé ici que c'était très habile. Ce n'est pas un "faux langage adolescent" comme c'est souvent le cas. Ce n'est pas non plus tout le monde qui parle comme ça dans le récit mais juste le personnage principal, ce qui rend la chose plus réaliste. J'aime beaucoup ce genre de livre où on suit le personnage dériver à travers de multiples lieux. Surtout que l'atmosphère de cette nuit qui semble à la fois si longue et pourtant presque à quelques heures de la fin. On sent qu'après quelque chose va changer, une presque finitude s'installe et grouille entre les phrases. J'ai parfois retenu mon souffle en espérant que le personnage ne se fasse pas attraper et puisse continuer son vagabondage. J'ai aimé les rencontres brèves et les instants de réflexion sur un futur presque trop bancal, voire inexistant. Ce livre n'était pas taillé pour que je l'apprécie au premier abord. Pourtant en poursuivant cette lecture je me suis retrouvée dans ce récit et ce jeune homme pourtant si différent de moi, dans une époque que je n'ai pas connu et dans une ville où je n'irai jamais. Je pense que cette désillusion que vit la jeunesse est intemporelle et fait de ce livre une expérience personnelle pour chacun.

La déambulation de cet adolescent à la recherche de lui-même nous touche au plus haut point. Perdu entre l’adolescence et l’âge adulte, et suite à énième renvoi, il erre dans les rues de New York à la recherche de réponses que ni ses amis, ni ses parents ne semblent pouvoir lui apporter. Il s’enfonce dans une sorte de dépression qui le pousse à se comporter mal et se faire détester de toutes personnes qui pourraient tenir à lui. Il torture autant qu’il se torture. Seule sa petite sœur arrive à apaiser ses souffrances. Le malaise plane tout au long du récit. Le décès de son frère, dont il parle très souvent, exacerbe encore un peu plus cette ambiance pesante. Nous aimerions lui tendre la main, le serrer dans nos bras, lui dire de rentrer et de parler de ses problèmes avec ses parents. Grandir ce n’est pas facile, donner sa confiance encore moins. Il doit se délester de ses tourments, partager ses doutes, se laisser aimer au risque de souffrir, c’est aussi cela la vie : Tomber et toujours se relever ! « Celui qui se relève est plus fort que celui qui n’est jamais tombé » Anonyme.