Le fou de Bourdieu : Le livre de Fabrice Pliskin
Antonin Suburre est bijoutier à Brioude. Au cours d'un braquage dans sa boutique, il abat l'un des voleurs, un jeune homme du nom de Chamseddine. Condamné pour homicide, Suburre découvre, en prison, l'œuvre du sociologue Pierre Bourdieu et l'opposition entre dominants et dominés qui fonde sa pensée.
À sa sortie, enivré par les livres de Bourdieu comme Don Quichotte par les romans de chevalerie, Suburre ne poursuit plus qu'un seul but : appliquer concrètement les principes du sociologue. Le destin lui en offre l'occasion quand, à Paris, il rencontre un autre jeune homme prénommé Chamseddine. Avide de rédemption, l'ancien bijoutier identifie immédiatement en lui le " dominé " auquel il doit apporter son soutien. Une amitié naît entre les deux hommes. Pour le meilleur, mais aussi pour le pire.
Avec Le Fou de Bourdieu, Fabrice Pliskin crée une fascinante comédie humaine où il met au jour, avec une lucidité impitoyable, nos croyances et nos mensonges. À travers les aventures de Suburre, personnage aussi ambigu qu'inoubliable, Pliskin raconte les conflits idéologiques de la France d'aujourd'hui, aiguisés par les réseaux sociaux. Comme tous les grands romans, le sien ne juge pas ses personnages mais montre leurs contradictions et leurs dénis, leurs espoirs et leurs souffrances. En un mot, leur humanité.
Sélection Prix Renaudot 2025
Sélection Prix des Deux Magots 2025
De (auteur) : Fabrice Pliskin
Expérience de lecture
Avis des libraires
Avis Babelio
SophieWag
• Il y a 1 semaine
Un roman tout à fait atypique où les anti-héros sont nombreux, un peu caricaturaux par moment, parfois humains mais souvent déjantés. Antonin est bijoutier. Il se fait braquer et ne réfléchit pas, il tire et abat le jeune Chamsedine qui voulait le voler. Incarcéré pendant plusieurs années, il se met à lire Pierre Bourdieu et en devient un fervent admirateur, quitte à lasser ses voisins de prison. A sa sortie, il rencontre un autre jeune qui porte le même prénom que son braqueur décédé, il décide alors de le prendre sous son aile. De doux suiveur un peu bête, Chamsedine 2 devient peu à peu manipulateur sans scrupule. Le début est totalement jubilatoire et j'ai ri, je l'avoue. L'ensemble est néanmoins un peu long. Dommage!
Tempsdelecture
• Il y a 2 semaines
Je poursuis ma découverte des Éditions Le Cherche-Midi avec un roman français de Fabrice Pilskin, avec un récit très rocambolesque qui nous emmène dans le monde de la sociologie, dévoyée, de Pierre Bourdieu. Soyons honnête, j'ai débuté ce livre avec zéro notion de sociologie, une science qui a bien du mal encore à se faire considérer comme telle, et même si je n'en ai pas appris plus, je n'ai pas tellement eu envie de creuser le sujet, on ne va pas se leurrer, j'ai passé un bon moment avec l'ironie toujours mordante, parfois jusqu'au sang, de Fabrice Pilskin. Nous allons suivre le bijoutier Antonin Suburre qui mène une vie paisible à Brioude, village de Haute-Loire, aux côtés de sa femme, Fatou. Sa vie prend un tournant lorsque, victime d'un braquage, il abat son agresseur d'une balle dans le dos. Il est soutenu par son village, il est arrêté, jugé et condamné à une peine de prison de 8 années pour le meurtre du jeune Chamseddine, qu'il va purger à l'ancienne prison de Lyon, Saint-Joseph. Maltraité et abusé là-bas, il va s'en sortir en lisant et notamment par la découverte de Pierre Bourdieu dont il va se gorger. Une œuvre dont il aura bien eu le temps de s'imprégner et qui va le suivre le temps de sa reconstruction, un courant de pensée qu'il va recracher tout en le grossissant, le travestissant, qui va le mener sur le chemin d'un autre Chamseddine, dans sa vie post-incarceration à Paris, en lequel il pense trouver sa voie de salut. J'ai beaucoup aimé la dimension très 2è degré, voir 3e ou 4e, ce côté loufoque que revêt ce roman : Suburre, devenant un chantre de la sociologie, dont il va tordre en tous les sens les concepts, motivé par une conscience qui le tiraille dans tous les sens. L'auteur se sert de son personnage passé par la case prison, et devenu cet extrémiste de la sociologie, et plus exactement de Bourdieu, que contient le titre Le Fou de Bour(dieu), pour démontrer les effets pervers de celle-ci, que l'on sait, que l'on a pu observer chez d'autres extrémistes religieux. Ici, cela se fait sous l'angle de la comédie, ou de la tragicomédie. Aussi cocasse que soit notre bijoutier apprenti sociologue, le fond du propos reste dans le drame, la question de la prison, et de ses mauvais traitements, qui pose intrinsèquement celle de la réinsertion, quand l'incarcération a encore plus abîmé l'individu. et l'a amené ici à se radicaliser. Mais nous parlons d'une radicalisation sociologiquement parlant ici, ou bourdieusement, ce qui pourrait prêter à rire, si cette radicalisation, le dévoiement de la pensée bourdieusienne, n'amenait pas, lentement mais surement, vers une autre forme de drame. La pensée de Bourdieu ne vient pas comme un cheveu sur la soupe : "Son œuvre sociologique s'appuie sur une analyse des mécanismes de reproduction des hiérarchies sociales" , Wikipédia. C'est l'attaque dont il a été victime, et le meurtre dont il a été l'auteur, qu'il va passer à la moulinette bourdieusienne, l'amenant à renverser le rapport des choses et se mettre dans une position de victime, extorquée et abusée. L'idéologie de ce qui n'était à la base qu'une œuvre bâtie à partir de théories qui sont établies pour expliquer les rouages de la société, et non pour en excuser les écarts. Car c'est ce basculement vers l'excuse-à-tout-va, dont abuse notre sociologue en herbe, qui cause sa perte. Notre auteur navigue entre la parodie de faits divers – on rigole à maintes reprises sur la peur du bijoutier de voir son histoire diffusée sur Chroniques criminelles –, en pastiche du radicalisé en soif de vengeance, en une culpabilité forte de racheter sa faute avec un autre Chamseddine et à se défausser sur la société plutôt que d'assumer son acte. Tous les traits sont grossis à escient, puisque c'est peu ou prou la société dans laquelle nous vivons, la défense de Chamséddine qui oppose la civilisation de son client à la barbarie du tir du meurtrier. Fabrice Pliskin reproduit tous les faux discours, pleins de sucre et de creux, des barbapapas, démagogiques et trompeurs qui sont servis par tout le monde dans toutes les couches de la société, où celui plein de lourdeurs sociologiques du bijoutier ne sont qu'un exemple : les plaidoiries des avocats, Mondillan le journaliste BCBG, les hommes qui se sont fait piquer la main sur la braguette chez la prostituée en train de se dédouaner chacun à sa façon, Karim le bonimenteur de Rimcoin... Ce qui est très plaisant dans ce livre, c'est l'écriture de Fabrice Pliskin, très caustique, qui l'agrémente toujours une bonne touche d'humour, plus ou moins acide, bien placée qui rend le parcours un peu fou de ce bijoutier-révolutionnaire moins dramatique et tragique qu'il ne l'est en réalité. Aucun pathos, même dans le passage dans cette prison de Lyon où quiconque a déjà eu l'occasion d'emprunter cette fameuse A7 avant qu'elle ne ferme a pu deviner la disgrâce et la tristesse de ses murs qui se devinaient à peine. Ou l'art de parler de choses graves avec une légèreté feinte, dérision, car à l'arrivée le constat est bien là avec notre joaillier, fou de Bourdieu : [masquer] qui aurait pu croire que les théories de Bourdieu auraient mené à un carnage ? [/masquer]
Christophe_bj
• Il y a 2 semaines
« Nous n'avons pas le choix entre la violence et la non-violence. Nous avons le choix entre la violence des dominants et la violence des dominés. » (Exergue.) #9679; #120443;#120462; #120461;é#120459;#120478;#120477; : Antonin Suburre était bijoutier à Brioude, en Auvergne, sous le nom d'Antonin Firminy. Petit-fils de meunier, il habitait le moulin de son enfance. « Pour le bijoutier et son épouse, les années passaient, au fil du Doulon, au murmure perpétuel de la source qui coulait dans le bac de la cuisine. » Puis, un lundi matin, il se trouve braqué par deux jeunes hommes dans sa bijouterie ; ils le ruent de coups et s'en vont avec dix mille euros de butin. Mais alors qu'ils sont encore dans la rue, Antonin les met en joue avec son 7.65 et tue l'un des deux, un nommé Chamseddine Cerbah, dix-huit ans, déjà quatorze fois condamné pour vol. Cette affaire a un grand retentissement parmi les commerçants et sur les réseaux, où Antonin est perçu comme un héros. Au procès à la cour d'assises du Puy-de-Dôme, il est toutefois condamné à huit ans de prison pour homicide volontaire avec des circonstances atténuantes au vu des coups qui lui avaient été portés. Après le procès, ont lieu le divorce et la vente de la bijouterie et du moulin. Antonin est incarcéré à la prison Saint-Joseph de Lyon, où il a droit à une cellule individuelle et où il fuit ses pairs. le seul détenu avec lequel il sympathise est un Antillais, prénommé Séverin, qui occupe les fonctions de bibliothécaire et est passionné de PMU. Il joue au Scabble avec lui et avec un autre Antillais, Gabriel, un homme obèse. « Pour donner un sens à une vie qui n'en a plus, l'ancien bijoutier s'inscrit à des cours de philosophie par correspondance […] Est-on maître de ses actes ? Toute la question est là, dit Suburre. […] Pour comprendre ce qui l'a poussé à tuer un jeune homme, l'ancien bijoutier lit des journées entières. » C'est alors que Séverin le viole. #9679; En prison, Antonin Suburre découvre Bourdieu et c'est une révélation. Il ne pense plus (comme d'autres) qu'en termes de « dominant » et de « dominé », ainsi que le dit la phrase mise en exergue que j'ai citée plus haut. Mais, comme le dit l'auteur lui-même dans une courte vidéo de présentation de son ouvrage, Suburre lit Bourdieu comme Don Quichotte a lu les romans de chevalerie. Il déforme sa pensée, la simplifie en la radicalisant, et surtout en fait un point de départ d'actes qui peuvent paraître incompréhensibles à qui n'a pas la même grille de lecture que lui. On voit d'ailleurs combien l'oeuvre de Bourdieu peut être à l'origine de grilles de lecture de la réalité, comme naguère le marxisme, et si la réalité n'y entre pas dans toute sa richesse, alors on l'y force et ce peut être dramatique. #9679; le roman est à la fois intéressant et original car on relit Bourdieu à travers le regard de Suburre et on comprend mieux certaines prises de paroles actuelles dans la vraie vie, notamment à l'extrême-gauche. #9679; Mais aussi le roman est drôle, au moins dans sa première moitié. le personnage de Mandrillon, notamment, a une grande puissance comique : journaliste woke dans un journal de gauche et habitant le même immeuble que Suburre, il va être en butte à un feu nourri de critiques de la part de ce dernier, qui le trouve social-traître. On rit aussi des relations entre Suburre et le second Chamseddine, qui est beaucoup moins bourdieusien que Suburre et beaucoup plus orienté « business » (il deale) : « Mon frère, Karim, monsieur crypto, y dit quoi ? Y dit qu'à la Sorbonne, y a que les Français qui étudient la guerre d'Algérie… Les Mohammed, ils sont tous en finances… » #9679; Malheureusement, la deuxième moitié de ce roman de presque cinq cents pages est beaucoup trop longue, on tourne en rond et les actions des personnages sont à la fois répétitives et excessives. #9679; C'est dommage, car avec cent cinquante pages de moins, le roman aurait vraiment été une grande réussite.
nanouchkette
• Il y a 1 mois
Ce roman, que j’ai eu l’agréable joie de découvrir avant sa sortie en tant que jurée du prix Fnac 2025, a été une des grandes surprises des six romans que j’ai reçus. Antonin Suburre est bijoutier à Brioude. Un jour, un braquage : un coup de feu, un jeune homme abattu – Chamseddine. Dix-huit mois de prison pour homicide. Sa femme le quitte, sa mère ne l’a jamais vraiment aimé, son frère reste un étranger. En prison, il découvre un autre monde : les humiliations, les protections, la solitude… et surtout, Pierre Bourdieu. Les concepts de dominants et dominés deviennent pour lui une révélation. Il sort habité par une mission : appliquer dans la vraie vie la pensée du sociologue, comme un Don Quichotte moderne. Et le hasard – cruel ou providentiel – met sur sa route un autre Chamseddine, vivant celui-ci, « porteur » d’immeuble à Paris. Suburre voit en lui l’occasion de réparer, d’incarner cette fraternité qui lui échappait. Mais vouloir sauver l’autre, est-ce vraiment l’aider ? Fabrice Pliskin signe une comédie humaine acérée et terriblement actuelle, où se mêlent culpabilité intime, fractures sociales et emballement idéologique. Ses personnages – mères indifférentes, frères lointains, compagnons de cellule suicidés – portent tous la même faille : comment survivre aux dominations visibles ou souterraines qui nous façonnent ? Suburre est ambigu, parfois pathétique, parfois bouleversant. On ne le juge pas : on le suit dans ses errements, entre grandeur et illusion. Et au fil de ces pages, c’est la France contemporaine qui apparaît en creux : rongée par ses contradictions, déchirée entre quête de justice et certitudes aveuglantes. Un roman puissant, fluide, humain jusque dans ses zones les plus sombres. A découvrir, vraiment.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Romans , Roman Français
-
- EAN
- 9782749183718
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- Collection ou Série
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- Format
- Grand format
-
- Nombre de pages
- 496
-
- Dimensions
- 213 x 144 mm
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22,00 € Grand format 496 pages