Le Portrait de Dorian Gray : Le livre de Oscar Wilde

Alors là, on s'attaque à du lourd. On ne va pas se mentir, je l'ai vu passer maintes et maintes fois partout, parce que c'est un classique, alors j'avais forcément pas mal d'attente. Je pars du principe que si on lit encore un livre plus de cent ans après sa sortie, c'est qu'il vaut le détour, et de mon côté, ce sera mitigé. Bon d'abord la plume, une fois n'est pas coutume, j'aime beaucoup Oscar Wilde. On sent qu'il est en avance sur son temps et cela se voit dans ses thématiques, on y reviendra plus tard, mais aussi dans sa plume. Si on sent bien évidemment que le roman ne date pas d'aujourd'hui, nous sommes loin d'une plume lourde et désuète qui rendrait la lecture beaucoup moins agréable. On peut le dire, la plume d'Oscar Wilde n'a pas pris une ride. Maintenant, le plus mitigé pour moi est en fait l'intrigue du roman. Loin de moi l'idée de sous-estimer l'imagination de Wilde, parce que cette histoire pleine de fantastique avec de la magie qui s'incarne dans le portrait de Dorian et bien, c'est tout à fait atypique dans la littérature du XIXe. Je pense d'ailleurs que c'est en grande partie à cela que tient la renommée du roman. L'auteur a su casser les codes de son temps et imaginer une intrigue hors du commun. Cependant, cela a beaucoup moins d'impact aujourd'hui puisque nous sommes totalement imprégnés de ce genre d'univers. Alors, oui, je serai tombée sous le charme il y a un siècle, mais pas vraiment en 2025. Par contre le vrai gros point positif, c'est Dorian Gray. Avoir un antihéros en tant que personnage principal, j'adore. Le type se fout de tout et de tout le monde, ne pense qu'à lui et en plus, il ne vieillit pas. On comprend bien vite pourquoi tout le monde le déteste et pourtant, c'est ce qui fait son charme. Je passe de manière rapide sur quelques points qui peuvent poser problème à certains lecteurs. Il faut remettre l'œuvre dans son contexte historique et il est donc normal de trouver des sujets qui ne passeraient pas du tout aujourd'hui, notamment du racisme, ou bien une vision très machiste et patriarcale de la société. C'est normal dans une telle œuvre, car cela était la norme dans la société de Wilde. Je peux cependant comprendre que certains ne veuillent pas lire ce type de propos. Vous l'aurez donc compris, ce fut pour moi une lecture en demi-teinte, mais je suis ravie d'avoir ajouté ce classique à mon inventaire.

(spoilers). Après un début un peu laborieux (qui explique le 3,5/5 plutôt que le 4/5, disons entre les deux 3,75/5) pendant les 160 premières pages environ, cumulant dialogues assez plats et psychologie qui se rapproche du comptoir (l'hédonisme devrait être la mesure de toute chose etc), le roman prend son envol lorsque sa dimension fantastique et morale nous est révélée. L'idée de l'oeuvre est brillante. Elle est une métaphore de la conscience morale des individus. Le portrait de Dorian Gray est une matérialisation de son âme. A partir de ce point de bascule, le roman s'enchaîne de manière captivante jusqu'à sa chute finale. On peut se demander ce que pense personnellement Oscar Wilde de l'éthique qu'il diffuse dans son livre. Écrit-il son livre pour condamner cet hédonisme esthétique (comme pourrait le laisser penser l'évolution du personnage et sa fin?), ou l'écrit-il pour en faire l'éloge? Le personnage de Lord Henry, que l'on pourrait rapprocher du serpent du jardin d'Eden, avec son cynisme rempli d'épigrammes, est-il un avatar de l'auteur ou représente-t-il un idéal qu'il cherche à critiquer? Nul ne saurait le dire, mais après tout, peu importe ce qu'a voulu dire Wilde dans son roman, l'important est de l'avoir aimé.

J’ai beaucoup aimé Le Portrait de Dorian Gray. C’est un roman à la fois élégant, troublant, voire parfois dérangeant. L’écriture y est brillante et agréable, et nous plonge dans le Londres aristocratique et mondain de l’époque victorienne. On y découvre le personnage principal, Dorian Gray, dont le portrait, reflet de son âme et de ses péchés, vieillit à sa place. Il choisit alors de mener une vie de plaisirs, voire de dépravation, sans se soucier ni de la morale, ni des conséquences de ses actes. Ses deux amis, Basil Hallward et Lord Henry, exercent une influence décisive sur le cours de sa vie. Basil, artiste et peintre du fameux portrait, est un ami bienveillant (quoique légèrement obsédé par Dorian et son apparence). Il incarne une certaine morale et prône la bienséance, tout en étant, malgré lui, à l’origine du tableau qui précipitera la fin tragique du héros.#8232; Lord Henry, personnage cynique et manipulateur, encourage quant à lui une vision hédoniste de l’existence. Sans pousser Dorian à agir directement, il l’incite subtilement à céder à toutes les tentations. Cela n’engage que moi, mais j’ai vu en ces deux figures une représentation symbolique du Bien (Basil) et du Mal (Lord Henry). C’est un roman qui invite à de nombreuses réflexions notamment sur l’apparence et sur l’image que l’on donne de soi, le rapport entre la beauté physique et celle de l’âme, sur l’art, et sur les influences, parfois destructrices, que peuvent exercer les autres sur nous.

Le Portrait de Dorian Gray est un chef-d’œuvre fascinant qui mêle avec brio esthétique, morale et décadence. Wilde y déploie un style brillant, incisif, et une satire mordante de la société victorienne, tout en explorant les ténèbres de l’âme humaine. L’intrigue, autour de la jeunesse éternelle et de la corruption progressive du personnage principal, captive de bout en bout. La tension entre beauté superficielle et dépravation intérieure est magnifiquement rendue, avec une poésie et une ironie délicieuses. Les personnages sont complexes et mémorables, et le roman pose des questions profondes sur la vanité, la morale et le prix du plaisir. Un classique incontournable, qui laisse une impression durable.