Le voyage d'automne octobre 1941, des écrivains français en Allemagne : Le livre de François Dufay
Au mois d'octobre 1941, sur l'invitation du Dr Goebbels, des écrivains français de premier plan partirent à la découverte de l'Allemagne d'Adolf Hitler. Parmi eux, des fascistes convaincus comme Drieu La Rochelle et Brasillach, mais aussi de grands stylistes " apolitiques " tels Jacques Chardonne et Marcel Jouhandeau.
Devenu le symbole de la collaboration des intellectuels, ce sulfureux voyage avait fini par prendre les contours du mythe. S'appuyant sur des archives inédites allemandes et françaises, François Dufay raconte les épisodes tantôt tragiques, tantôt dérisoires de cette équipée.
Avec un regard dépassionné, Le voyage d'automne démonte les ressorts d'une manipulation. Il éclaire l'incroyable défaillance qui a pu conduire de subtils romanciers dans le bureau de Hitler. Un épisode essentiel de la " tragédie des erreurs " que fut l'engagement des intellectuels au XXe siècle réapparaît ainsi en pleine lumière, après soixante ans d'occultation.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé de lettres, François Dufay dirige le service livre de L'Express. Il a notamment publié Le soufre et le moisi, couronné Meilleur essai 2007 par le magazine Lire. Le voyage d'automne a été traduit en allemand et adapté à la télévision.
Presse:
"Le pélerinage pervers dans l'empire du mal qui devait durer mille ans, raconté pour la première fois de façon détaillée dans un livre - avec ses épisodes burlesques et ses erreurs tragiques."
DER SPIEGEL
"Un essai passionnant, qui en dit long sur la France et son histoire littéraire."
Nelly Kapriélian, Les Inrockuptibles, 23 Septembre 08
"Il est délicat de mêler rigueur historique et qualité littéraire dans un essai. François Dufay [..] y est parvenu dans ce Voyage d'automne."
François Aubel, Le Magazine Littéraire, Novembre 08
"S'appuyant sur des archives inédites allemandes et françaises, l'auteur raconte les épisodes tantôt tragiques, tantôt dérisoires de cette équipée."
" Avec un regard dépassionné, ce livre démonte les ressorts d'une machination et il éclaire l'incroyable défaillance qui a pu conduire de subtils romanciers dans le bureau de Hitler."
39/45, Novembre 08
De (auteur) : François Dufay
Expérience de lecture
Avis Babelio
ODP31
• Il y a 1 mois
Une virée entre nausée et nazis. À Weimar, sept écrivains français sablent le champagne dans le cadre d’un petit séjour culturel à la santé du régime nazi. Aucun ne décèle un arrière-goût un peu rance. Comme disait Desproges : « Wagner qui pleure, Laval qui rit ». La petite histoire ne dit pas s’ils ont chanté « Il est des nôtres, il a bu son verre de Schnaps comme les autres » mais c’est tout comme. Nous sommes en 1941 et ils bambochent parmi les boches avec Goebbels aux platines. Ils festoient à quelques kilomètres du camp de Buchenwald. Comme les milliers de déportés, le séjour est tout frais payé, all inclusive, mais ils n’ont pas pris le même train. Et ils ont un billet retour. Ce voyage organisé du déshonneur a été mis en scène par la propagande nazie. Donner l’illusion d’une réconciliation par la Culture pour camoufler la réalité de l’occupation et obtenir la caution d’intellectuels reconnus. Dans ce club des 7, Drieu La Rochelle, Brasillach, Bonnard, Chardonne et Jouhandeau vont avoir droit à la tournée des Grands Ducs avec d’autres auteurs de pays alliés à l’Allemagne ou occupés. Celine n’avait pas été invité. Trop virulent. Ses valises étaient déjà bien pleines. La France comptera la plus grosse délégation. Dès qu’il y un buffet gratuit, nous ne sommes pas les derniers à table. Dans une main le livre, dans l’autre le glaive. C’est du Goebbels ! Il oublie le barbecue de bouquins quelques années avant. La formule est adaptée puisque pendant ce salon du livre de Guerre en octobre 41, la censure bat son plein et des otages sont fusillés en France. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Chardonne connaissait pourtant Zweig. Comme le souligne François Dufay, ces écrivains, souvent aussi éditeurs, n’avaient pas été choisis au hasard et ils affichaient ouvertement des propos antisémites dans les journaux de l’époque. Dans ce remarquable essai, très documenté mais qui se lit vraiment comme un roman, l’auteur décrit comment ces hommes cultivés, écrivains au talent reconnu, ont accepté de participer à ce pèlerinage de la honte. Par conviction donc, mais aussi par vanité, par soif de reconnaissance et par flatteries. Des hommes de lettres plus carriéristes qu’artistes. Ils ont longé le Rhin sans regretter rien de rien, découvert Berlin en grandes pompes qui raisonnaient comme des bottes militaires. Le voyage dura deux semaines pour certains avec des visites mémorielles dans les maisons de Goethe et Beethoven (des aveugles qui visitent un sourd !) avec un petit détour par leurs tombes, et des nuits dans des grands hôtels. Faust pas déconner. Séduits par les sirènes allemandes, ils relateront au retour avec emphase leur virée germanique, les yeux brillants comme après un voyage de noces. Après la guerre, si Brasillach fut exécuté et si Drieu la Rochelle se suicidera par précaution, les autres, et notamment Jouhandeau, auront par contre la mémoire qui flanche et minimiseront l’épisode évoquant une participation à l’insu de leur plein gré. Cautionner le régime nazi ? Voyons, vous n’y pensez pas. Jamais de la vie (des autres). Il s’agissait d’un simple échange culturel… D’ailleurs, de vous à moi, le traiteur n’était pas terrible. Je me suis intéressé à cet essai qui date de 2000, car il a inspiré un opéra à Bruno Mantovani, présenté à l’automne 2024 au Théâtre national du Capitole à Toulouse. Après lecture, je dois avouer que le support était idéal pour évoquer la manipulation et la compromission.` Je me suis amusé à rechercher sur Babelio les billets écrits sur les œuvres de ces auteurs qui sentent le souffre. Sans surprise, mis à part Celine, hors concours, cela ne m’a pas pris trop de temps. Ce ne sont pas eux qui vont surcharger les bases de données du site. Côté visibilité, Brasillach, c’est pas Melissa Da Costa. Moi le premier je n’ai pas billetté ces écrivains pourtant lus pour certains par le passé. J'avais pourtant apprécié « Les destinées sentimentales » de Chardonne ou « le Feu Follet » de Drieu La Rochelle mais les concernant, j'ai beaucoup de mal à séparer l'oeuvre du collabo. Je recommande aussi la lecture du dernier essai de François Dufay avant son décès en 2009 qui s’intitule « le soufre et le moisi ». Je ne finirai pas, comme à mon habitude, par un calembour-pirouette mais par un extrait de la lettre ouverte parue fin 41 dans la presse clandestine à l'attention des randonneurs du pire et que François Dufay propose en intégralité dans son livre. Elle a été écrite par le scientifique Jacques Solomon, le philosophe Georges Politzer et l'écrivain Jacques Decour. Tous trois furent arrêtés par la police française, livrés aux allemands et fusillés au mont Valerien en 1942. " ... Goebbels à Weimar, c'est Mephisto pérorant dans le rôle de Faust. Hélas ! le pied fourchu paraît, et la farce est déjouée. mais il reste que, dans cette tentative d'escroquerie, vous aurez servi d'homme de paille. Cette attitude, c'est vous qui l'avez choisie. Vous avez choisi de n'être plus écrivain, de n'être plus français...."
GURB
• Il y a 8 mois
Bruno Mantovani, compositeur maintes fois primé, vient de créer à l’Opéra National Capitole de Toulouse le Voyage d’automne. Ce nouvel opéra représenté à quatre reprises, fin novembre, est basé sur des faits relatés dans l’ouvrage éponyme de François Dufay, journaliste agrégé de lettres. J’ai lu ce récit historique avec beaucoup de plaisir. Il répond parfaitement aux deux critères que doit avoir, selon moi, toute œuvre littéraire : Plaire et instruire. #9679;Ce livre est d’un grand intérêt pour tous ceux qui s’intéressent au IIIème Reich , à sa fameuse propagande et à la politique de collaboration . Le voyage dont il est question est celui réalisé par une trentaine d’ écrivains européens à l’invitation de Goebbels à l’automne 1941. Le but de cet étrange voyage à travers l’Allemagne et l’Autriche annexée est de montrer à leurs hôtes une Allemagne idyllique « avec ses mythes et ses magies », un empire jeune et viril, une culture qui, avec la victoire inéluctable de L’Allemagne, va s’étendre dans toute l’Europe, la germaniser et prendre la place du judéo-bolchevisme honni car il a conduit la France à la décadence et à la défaite. Pour cela il faut essayer d’obtenir l’approbation d’écrivains, d’artistes et d’intellectuels. Pour la France il s’agit de M.Jouhandeau, J. Chardonne, R. Fernandez qui, dans les années 30 font partie de l’élite intellectuelle et sont quelques unes des « grandes plumes de l’entre-deux guerres ». Viendront s’y adjoindre quelques jours plus tard, P. Drieu la Rochelle, R. Brasillach et quelques autres ( 7 en tout). Un point commun : leur antisémitisme et leur esprit collaborationniste. #9679;Nous suivons essentiellement les 3 premiers dans leur périple au cours duquel ils sont traités comme des princes. Mais « après les plaisirs innocents du tourisme culturel l’ endoctrinement des visiteurs français » va véritablement commencer . Déjà imbus d’eux-mêmes et se faisant « une haute idée de leur propre gloire » on veut leur donner le sentiment de leur importance, flatter leur ego, leur faire entrevoir leur essentielle contribution à l’instauration d’une république des lettres européennes sous l’égide de l’Ordre Nouveau allemand ; en échange, de retour au pays, il leur suffira de chanter les louanges du Reich et de propager les idées nouvelles. Aucun d’entre eux n’oubliera d’accomplir son devoir de propagandiste. « Les sept pèlerins de Weimar sans exception vont payer leur écot par des articles conformes à l’attente de leurs mentors ». #9679;Le point d’orgue de leur périple sera Weimar, pour y assister à un congrès d’écrivains européens en vue de la création d’une académie d’inspiration national-socialiste. Weimar, la patrie de Goethe et de Schiller. Mais « à quelques lieues de la cité de l’humanisme allemand » il y a Buchenwald où « méthodiquement, on tue l’homme dans l’homme »! Ils n’ont rien vu -diront-ils- « de la terreur qu’y répand le nazisme ». Soit. #9679;Dûment chaperonnés, manipulés « à leur insu de leur plein gré », n’étant pas à une compromission près, ne voyant que ce qu’ils veulent voir, ils vont tomber dans le panneau et, à leur retour célébrer la barbarie à visage humain du nouvel ordre européen. Artistes, peintres de renom, musiciens, acteurs de cinéma seront aussi invités un peu plus tard pour une même offensive de charme. #9679;Ce livre démonte, dans une langue riche, captivante et dépassionnée, les rouages de cette manipulation, s‘appuyant sans cesse sur des archives et des documents d’époque. Voilà tout un pan de notre histoire contemporaine qui défile sous nos yeux après de longues années d’occultation. Et on apprend beaucoup de choses. A lire absolument pour tous ceux qui s’intéressent à cette période et pour tous ceux qui veulent en savoir davantage sur les tragiques erreurs de quelques intellectuels du XXème siècle et de leur comportement face au nazisme. D’ailleurs, certains le paieront de leur vie. NB : pour les amateurs, cet opéra sera diffusé sur France Musique le 18 décembre à 20 heures.
Avis des membres
Fiche technique du livre
-
- Genres
- Sciences Humaines & Savoirs , Histoire
-
- EAN
- 9782262029029
-
- Collection ou Série
-
- Format
- Poche
-
- Nombre de pages
- 224
-
- Dimensions
- 178 x 109 mm
Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.
8,00 € Poche 224 pages