L'épopée du Normandie-Niemen, mémoires : Le livre de Roland de La Poype, Jean-Charles Stasi

Très intéressant historiquement. Un destin hors du commun. Petit bémol, pour ce qui me conerne j’aurai aimer plus de ressenti de l’auteur face à la mort à laquelle ils étaient confrontés au quotidien. Le récit est un peu trop factuel et froid en ce sens, même s’il est passionnant.

Après Le Grand Cirque 2000 de Clostermann, qui m’avait véritablement transportée, j’avais envie de retrouver cette même intensité, ce mélange de bravoure, de tension et d’émotions brutes. L’épopée du Normandie-Niemen me semblait être dans la même veine : le récit d’un pilote ayant vécu l’histoire de l’intérieur, une immersion dans le quotidien de ces aviateurs français partis combattre sur le front de l’Est. Dès les premières pages, j’ai senti une différence de ton. Là où Clostermann mêlait un souffle romanesque à son témoignage, Roland de la Poype adopte une approche plus épurée, plus factuelle. Son récit est limpide, précis, et d’une grande honnêteté, mais il m’a semblé moins vibrant, moins incarné. Ce n’est pas qu’il manque d’intérêt, loin de là—les descriptions des combats, des conditions de vie en URSS et des liens tissés avec les Soviétiques sont fascinantes—mais j’ai eu le sentiment d’être plus spectatrice qu’actrice dans cette aventure. Cela dit, il y a une force indéniable dans cette simplicité. Pas d’exagération, pas de dramatisation, juste le récit d’un homme qui a vécu ces événements et qui les partage avec humilité. . Ce n’était pas exactement ce que j’espérais retrouver après Clostermann, mais l’expérience en valait largement la peine.

Non pas que je sois fan de romans sur la guerre pour la guerre, mais pour ce qu'en retienne les hommes (et les femmes!) qui en sont revenus. Ce livre est un témoignage de plus, mais bien réel et vivant de l'horreur si simple et si cruelle de la guerre. Elle créée des liens de camaraderie très forts entre les hommes, au-delà des nationalités, mais aussi elle arrache ces liens du jour au lendemain: un, deux trois pilotes ne reviennent pas de mission alors que la veille ils étaient copains de beuverie. L'auteur a vécu cela sur plusieurs fronts, avec la RAF en Angleterre et en Russie sur le front de l'est. Et aussi de bons moments avec les infirmières à chaque occasion semble-t-il... J'ai trouvé si troublants les récits de pilotes qui ont refusé de sauter et qui ont fait leurs adieux à la radio; que ce soit pour éviter de périr noyés de froid dans la Manche ou tombés sur les lignes ennemis et fusillés à coup sûr, ou encore pour refuser de laisser le mécanicien seul sans parachute. Un grand respect aussi pour celui qui disait vouloir abattre l'avion pas le pilote (même si malheureusement souvent l'un ne va pas sans l'autre), et qui se réjouissait de voir un parachute. Ce témoignage commence avec l'appel du Général de Gaule et la fuite en Angleterre pour le refus de la défaite de la part de quelques jeunes pilotes fraichement diplômés. Elle se termine avec le retour en héros médaillés d'une poignée de survivants, sans doute pas les meilleurs pilotes, mais bien les plus chanceux. Un hymne au refus de la barbarie ? Comment ne pas penser aux Ukrainiens en ce moment-même qui résistent au "poutinazisme" avec la trop faible aide de notre part ?