Les Trois Mousquetaires : Le livre de Alexandre Dumas, Maurice Leloir

Je partage tout ce qu’on dit de positif de ce roman culte. C’est un des chefs-d'œuvre de Dumas et de la littérature tout court. Mais pour moi c’est le personnage de Milady de Winter que je retiens surtout entre tous et qui m’aura fait adorer l’ensemble, rien qu’à cause d’elle je mets 5/5, c’est probablement un de mes personnages de fiction littéraires préférés. Plus elle est diabolique plus je l'adore. Même lorsque j’étais enfant et que je regardais diverses adaptations elle me fascinait plus que les autres personnages, même plus que d'Artagnan...

Les Trois Mousquetaires n’est pas seulement un roman d’aventures, c’est une véritable machine à captiver. Dès les premières pages, avec l’arrivée de d’Artagnan à Paris, Dumas nous entraîne dans un tourbillon où l’honneur, l’amitié et l’amour s’entrelacent à la vitesse d’un duel d’épées. On lit, on respire, on vit au rythme de ce « un pour tous, tous pour un » qui n’est pas qu’une devise, mais une philosophie de vie. La force du roman réside dans son équilibre parfait : d’un côté, une intrigue haletante, faite de complots, de trahisons, de rencontres imprévues ; de l’autre, des personnages inoubliables, plus grands que nature mais profondément humains. Athos, sombre et secret ; Porthos, fanfaron et généreux ; Aramis, partagé entre le monde et Dieu ; et surtout d’Artagnan, jeune fougueux qui, à travers ses maladresses et son courage, incarne la jeunesse éternelle. Face à eux, une adversaire comme Milady de Winter, fascinante et redoutable, donne au roman sa noirceur et sa dimension tragique. Mais ce qui rend Les Trois Mousquetaires si irrésistible, c’est le style même de Dumas : vif, théâtral, porté par une énergie communicative. On se laisse emporter par le rythme effréné, par ces dialogues qui claquent comme des épées, par cette vitalité qui donne l’impression d’assister en direct aux aventures. C’est un roman qui ne vieillit pas, qui conserve une fraîcheur incroyable malgré les siècles. En refermant Les Trois Mousquetaires, on comprend pourquoi ce livre est devenu un mythe littéraire : il incarne le goût de l’aventure, l’exaltation de l’amitié et la grandeur du roman populaire dans ce qu’il a de meilleur. 5/5, sans la moindre hésitation : un pur chef-d’œuvre, un de ces livres qu’on lit avec le même bonheur à quinze ans qu’à cinquante.

Bon nanard dans lequel des mecs parlent avec classes mais tuent des gens sans sourciller. Ils passent à autre chose direct. Ils se font entretenir par des maitresses qu’ils larguent sans remord, une fois qu’ils ont reçu de la thune. Le côté rebondissement et cliffhanger à tout bout de champs nous tient en haleine comme dans une série. On a plaisir à suivre ces archétypes caricaturaux badass.

En voyant les deux mois d’été arriver, et autant de vacances prévues, j’ai vu l’occasion rêvée de m’attaquer enfin à un des gros romans coincés depuis trop longtemps dans ma bibliothèque. La Horde du Contrevent… pas assez léger ; le Seigneur des Anneaux… sacré morceau tout de même… Et puis finalement, ne serait-ce pas l’opportunité de donner sa chance à ce vieux classique qu’est Les Trois Mousquetaires ? Deux chaises en plastique pour poser ses fesses et jambes sous les pins d’une vieille maison dans le Lot-et-Garonne, et nous voilà partis pour rencontrer ces fameux mousquetaires du roi. D’abord plutôt charmé par ce D’Artagnan un peu naïf, un peu foufou, et par ses trois compères mousquetaires, sortes de grands frères protecteurs, ma vision a petit à petit évolué à leur égard. En passant de plus en plus de temps avec cette petite bande, on se rend progressivement compte que ces quatre là sont tout de même d’odieux connards. Sous prétexte de quelconque chevalerie ou camaraderie, ils sont manipulateurs, radins, misogynes, prétentieux, voire carrément assassins (D’Artagnan qui massacre ce malheureux comte de Wardes pour lui piquer son laisser-passer pour l’Angleterre). Mais leur côté fier, persévérant et complètement niais, nous fait contre toute attente un peu apprécier ces flamboyants abrutis. Chacun de ces mousquetaires est un stéréotype : d’Artagnan le jeune fougueux naïf, Athos le sombre écorché, Porthos le bon vivant bourrin et Aramis le doux intellectuel. Si cela prive nos héros d’une véritable profondeur, il faut bien avouer que cette caractérisation un peu à outrance facilite aussi la lecture, même si la moitié du quatuor (Aramis et Porthos) relève plus du side-kick que du véritable héros. Tous les personnages sont globalement assez bêtes et niais (la palme étant pour ce pauvre Louis XIII, véritable girouette manipulée par Richelieu et Tréville), hormis ceux de Milady et Richelieu qui sont finalement les plus développés et intéressants. Mais une chose cependant vient balayer selon moi tous les écueils qu’on peut trouver à ces trois mousquetaires : son rythme haletant. Je trouve ça complètement fou qu’un roman de 900 pages, vieux de quasiment 200 ans maintenant, parvienne à garder autant en haleine le lecteur. Son rythme feuilleton, découpant l’histoire en chapitres de 20 pages faisant tous progresser l’intrigue, est implacable. Certains reprocheront à Dumas, la longueur de certains dialogues, le manque de contexte historique (Dumas s’écarte de temps à autre de son intrigue pour rappeler quelques points historiques, mais rappelle très vite au lecteur, que là n’est pas point l’intérêt de l’histoire), et finalement la globale simplicité du style, mais son talent de narrateur est tel, qu’on oublie vraiment tous ces défauts. La prose est à la fois assez riche en expressions fleuries et anciennes, et finalement un poil superficielle (on ressent tout de même le côté feuilleton), se centrant avant tout sur cette fabuleuse narration qui sait introduire ses personnages hauts en couleur au fur et à mesure. Quelques rares moments viennent casser ce rythme quasi parfait (le voyage à Londres pour récupérer les férets de la reine et surtout son interminable retour où d’Artagnan retourne repêcher chaque mousquetaire abandonné à l’aller). D’autres font montre d’un côté un peu programmatique : quand il arrive quelque chose à Athos, on est sûr qu’une situation analogue va se produire pour Porthos et Aramis, on pourrait des fois se croire dans l’histoire des trois petits cochons. Mais vraiment à aucun moment de ces 870 pages je me suis ennuyé, et ça me semble tout de même un sacré tour de force. Même s’il ne brille pas toujours par la richesse de son écriture, Les Trois mousquetaires reste un roman flamboyant, rocambolesque, haletant qui réussit très bien ce que beaucoup d’autres romans ne réussissent pas : raconter une bonne histoire remplie de rebondissements.