Lisbonne : Le livre de Fernando Pessoa

Le coup de foudre : il y a de cela vingt ou vingt-cinq ans, je suis tombé amoureux de Lisbonne. Et comme je ne fais pas toujours les choses qu’à moitié, je me suis offert toute la collection : Lisbonne, mais aussi le Portugal, les Portugais, leur histoire et leur culture. J’aime tout. Donc, quand je suis tombé sur ce petit livre de Pessoa, c’était un peu comme une confirmation, un résumé, un condensé de tout ce que j’aime. Ce qui signifie, bien entendu, que vous n’êtes pas obligés de me croire quand je vous dis que ce livre est un bijou. Je ne suis pas objectif. L’amour rend aveugle. Un bout de mon cœur s’accroche aux rives du Tage. Au point que j’ai organisé ma vie pour pouvoir y vivre une partie de l’année. Cela fait dix ans maintenant. Alors j’ai arpenté des dizaines de fois les sept collines de la capitale portugaise. J’en ai exploré les musées, les attractions, mais surtout les recoins populaires, et les quartiers où les touristes ne vont pas encore : quel bonheur de marcher presque seul dans le quartier de l’Estrela de Ouro pendant que des hordes de barbares en shorts s’empiffrent de poisson trop cuit dans les gargotes du Rossio. Lisbonne est la ville de la permanence. Les couches de modernité se superposent aux plus anciennes sans les effacer. Alors, pendant toute ma lecture, c’était une suite de : « Ah, c’est ça !, c’est pour ça ! Oh, mais je ne savais pas ! Ça n’a pas changé ! ». Avec ce guide, d’un point de vue historique et culturel, j’ai découvert énormément de choses sur cette ville… Ce qui m’a le plus étonné, c’est que Pessoa semble avoir vraiment pris au sérieux la mission d’écrire un guide touristique de sa ville. Ici, aucune errance philosophique, comme dans le Livre de l’Intranquillité. On est loin, aussi, d’une chronique littéraire dans le genre des Promenades dans Rome de Stendhal, ou du Londres de Morand. C’est joliment bien écrit, bien sûr. Mais les hôtels et restaurants mis à part, on y trouve tout ce qu’un visiteur intelligent devrait prendre le temps de voir pendant un séjour à Lisbonne. Tiens, le mot est lâché : tourisme intelligent. Oxymore ou gageure, un peu le contraire de l’esprit des temps, en tout cas. Et donc une bonne raison de lire Pessoa.

Parfait pour un petit bond dans le temps, vers le Lisbonne des années 20 ! Pas trop fan de poésie, et habitant à Lisbonne depuis quelques mois, j'ai voulu découvrir un des monuments de la littérature portugaise avec ce texte. Fernando Pessoa offre une visite très personnelle de sa ville natale. J'ai beaucoup aimé la façon dont il s'exprime et explique la visite. Ce qui est drôle, c'est l'écart temporel entre le texte et notre réalité : des détails très précis comme le prix d'entrée de certains musées (plus du tout actuel) ; des bonds de quelques kilomètres d'un quartier à un autre, omettant certains endroits qui semblent primordiaux à visiter aujourd'hui ; quelques noms de rues qui apparemment n'existent plus sous le même nom ; ou des bâtiments qui ont totalement changé de fonction ! Malheureusement je pense que cette lecture n'est intéressante que si l'on connaît la ville et que l'on est capable de suivre Pessoa sans avoir à regarder Google Maps. Pour ma part, j'ai découvert quelques idées de visites que je n'ai pas encore faites !