MAIGRET, LOGNON ET LES GANGSTERS : Le livre de Georges Simenon

Un bon Maigret qui se trouve pris dans un règlement de compte avec des tueurs américains. Des tueurs cherchent à éliminer un témoin qui s'est réfugié à Paris. Maigret voit rouge car il est considéré par ces américains comme un gentil amateur. Bien mal leur en a pris...

Les Ricains mettent le boxon à Paris. L'inspecteur Lognon est au cœur d'un imbroglio qui le dépasse. Lors d'une planque, un corps est jeté d'une voiture, pas loin de lui. Le temps d'appeler les secours, il disparaît. Depuis, des individus louches ne parlant pas un mot de Français sont à ses trousses... "C'était une partie de poker où on jouait sa peau, et où chacun semblait deviner les cartes de l'adversaire." Comment ? Des gangsters qui traversent l'Atlantique et font comme chez eux à Paris, sans se préoccuper des flics ? Voire même prennent plaisir à les dégommer ? Cà ne va pas plaire à Maigret... et par la même occasion nous procurer un très bon opus, plutôt tonique. L'occasion de rameuter tous les limiers du quai des orfèvres, qui ne seront pas de trop pour arrêter ces gugus là. Certains aspects, minimes, desservent le roman néanmoins. D'abord la présence en continu d'une Mme Lognon assez irritante, qui n'apporte rien à l'histoire. Puis c'est bon, on a compris. C'est des durs... des tueurs... des remarques à répétition un peu usantes, dont on aurait pu se passer. Tout le reste, les descriptions, le dénouement, c'est du bonheur. Car on se pose jusqu'au bout cette question : mais qui a bien pu avoir intérêt à perturber ces affreux, en faisant disparaître le corps ? (plus d'avis sur PP)

Qu'il est étonnant cet épisode de Maigret : cette fois-ci, le commissaire joue dans la cour des grands, c'est la mafia qui envahit Paris et y règle ses comptes, sous les yeux du malheureux Lognon, que Maigret va donc aider, tant bien que mal... Alors que tout le monde lui dit de ne pas se mêler des affaires de ces gros caïds, Maigret, un peu vexé, décide de faire régner l'ordre tout de même. On reconnaît bien là son professionnalisme, mais aussi son petit caractère buté. Non mais !

«  Ne vous occupez pas de ça, Maigret. Ce n’est pas pour vous... Pas pour la petite classe, quoi ! ... Il marchait, les mains dans les poches, boudeur, et ils étaient déjà loin quand, se tournant vers son compagnon, il lui déclara le plus sérieusement du monde, comme si jusqu’alors ils avait douté de lui : — Qu’est-ce que tu paries que je les aurai ? » p112/113 C'est qu'il n'est pas bon Maigret quand on lui dit droit dans les yeux que la Police française c'est de la gnonotte , que les truands , les vrais, sont américains et que lui Maigret ne sera pas capable de les mettre sous les verrous. Non mais! lui dire cela à lui le Commissaire Maigret! Pour qui ils se prennent ces américains! Colère qu'il est Maigret et il va leur montrer de quoi lui et ses hommes sont capables. Parce que figurez vous que ces américains sont venus régler leurs comptes sur le sol français ,à Paris ni vu ni connu . Et si Lognon , toujours aussi incompris, mal aimé par les collègues voir fui car attirant la poisse ,ne s'était pas trouvé là par hasard rien ne se serait su ....Un roman, publié en 1952 ,une époque où l'après-guerre se ressent encore, des couleurs , des odeurs, des gestuelles aujourd'hui disparues, un brin de nostalgie mais du Simenon , du vrai .