Meurtre dans un jardin indien : Le livre de Vikas Swarup

Playboy millionnaire, l'ignoble Vivek "Vicky" Rai est tué lors de sa propre garden-party. Six convives sont suspectés, un bureaucrate possédé par l'esprit de Gandhi ; l'actrice la plus glamour de Bollywood, fan de Nietzsche, un tout petit aborigène très doué pour l'effraction, un gamin des rues voleur de portables au physique de jeune premier, un Monsieur catastrophe texan sous protection judiciaire et le must du politicien corrompu, le propre père de la victime... Après le fabuleux succès de "Slumdog millionnaire", Vikas Swarup nous revient un roman encore plus original, encore plus foisonnant, encore plus palpitant. Une aventure pleine de suspense et d'émotion au cœur de l'Inde d'aujourd'hui. Une intrigue policière qui démontre par sa structure narrative son brio pour jouer avec les codes du genre policier traditionnel. En multipliant les narrateurs et les points de vue, il brouille délibérément les pistes, tout en maintenant une belle intensité dramatique. Un meurtre et six suspects, six destins qui s'entrecroisent dans ce roman dont le style n'est pas sans rappeler la reine Agatha Christie. Un jeu d'énigmes savamment distillé, chaque suspect de livrer sa version des faits, révélant progressivement les motivations profondes qui l’animent. Eketi, l’aborigène déraciné, porte en lui la douleur d’un peuple spolié de ses traditions millénaires. Munna, le voleur de téléphones portables, incarne les frustrations d’une jeunesse urbaine confrontée aux inégalités criantes. Chaque personnage est savoureux et bien troussé. L'auteure excelle pour explorer des rituels et croyances ancestrales et les ressources spirituelles d’une civilisation confrontée aux défis de la modernité. Un polar qui est aussi un voyage fascinant, des palaces de Delhi aux bidonvilles de Mehrauli, des repaires terroristes du Cachemire aux cabanes des îles Andaman, des berges du Gange aux tapis rouges des premières de Bombay, entre soif de justice, vengeances, manigances politiques, quête d'un totem perdu ou d'une fiancée par correspondance, tous les chemins semblent mener au jardin du crime. Vikas Swarup parvient à immerger le lecteur occidental dans la complexité de la société indienne, tout en nous offrant un polar social passionnant, riche en suspense et rebondissements. Une très belle découverte. A lire absolument.

Dès les premières pages, Vikas Swarup déploie un mécanisme narratif d’une redoutable efficacité. L’auteur nous plonge au cœur d’une soirée mondaine qui bascule dans l’horreur avec l’assassinat de Vicky Rai, figure controversée de l’élite indienne. Cette ouverture en fanfare, qui évoque les grands classiques du polar à l’anglaise, révèle immédiatement l’ambition de l’écrivain : transformer un fait divers sordide en véritable radiographie sociale. Le meurtre devient prétexte à explorer les fractures d’une société en mutation, où se côtoient opulence ostentatoire et misère crasse.. Ma chronique complète :

Je n'ai pas vraiment accroché à ce roman. Il a pourtant de bons éléments. Les six suspects permettent à l'auteur de critiquer la société indienne quelque soit la couche sociale. Le personnage de Mohan Kumar est le plus intéressant : victime d'un traumatisme, il oscille entre sa personnalité d'homme d'affaire corrompu et celui du Mahatma Gandhi ! Le grand écart est savoureux ! Une lecture sympa, mais sans plus.

Si j'ai mis un mois à lire ce deuxième livre de cet auteur c'est que l'intrigue est complexe et les personnages nombreux, représentants bien la diversité indienne. C'est donc le second livre que je lis et il m'en reste encore un. J'ai beaucoup, vraiment beaucoup, aimé ; pour l'instant, mon livre de fiction préféré de ce mois. Je n'ai pas vu venir la chute, et je ne la spoilerai pas ; ce qui est ici intéressant ce sont les liens entre les différents protagonistes de l'histoire, les six ayant un intérêt dans la mort de Vivek Rai, le playboy richissime, survenu au tout début du roman. Les liens se créent entre les personnages, qui s'en sortent plus ou moins bien ; pour certains, ils ne méritaient pas ce qui leur arrive, pour d'autres ils le méritaient totalement. Il faut plonger et s'accrocher pour terminer car on peut perdre facilement le fil de l'intrigue ; c'est sûrement la raison pourquoi il attendait depuis aussi longtemps sur l'étagère et que je l'avais déjà commencé une fois puis abandonné. Si vous persévérez, vous ne pouvez pas être déçus par les personnages, du détestable Jagannath Rai, le père et homme politique ; Mohan Kumar, le secrétaire général de la région qui se prendre en raison d'un trouble dissociatif de l'identité pour Gandhi (très drôle) ; l'Américian Rick Meyers alias Harry Page, archétype de l'Amérique profonde mais finalement pas si bête qu'il le paraît ; Shabnam Saxena, l'actrice reconnue mais très seule ; Eketi l'onge de la petite Andaman et son amoureuse Champi la grêlée de Bhopal et le frère de celle-ci Munna.