Paul et Virginie : Le livre de J.-H. Bernardin de saint-pierre

Oui, ça a tout du classique, c'est une belle mais tragique histoire merveilleusement contée, comme on savait si bien le faire en ce XVIIIème siècle, et où la philosophie de Jean-Jacques Rousseau est très présente et bien mise en valeur, on a -moi du moins- l'impression que c'est Rousseau lui-même qui a écrit cette œuvre et qui est aussi ce personnage du vieux et sage voisin solitaire. Tant mieux si aujourd'hui on le donne à lire et à étudier au lycée. Moi dans les 90s j'aurais de loin préféré cette oeuvre -que j'aurais certainement aimée- à celles qui m'ont été imposées et qui ont bien failli me dégoûter à vie de la lecture...

nn j'avoue j'ai kiffé j'adore le tragique mon amour est grand très très beau bien écrit évidement rousseau est partout et m'inquiète encore parfois marguerite et madame de la tour sont juste ces lesbiennes parfaites point négatif écrit par un homme blanc évidemment ça m'a touché mais je m'en souviendrais pas à vie quoi que avec l'immonde prépa tout changera

Un classique qui se lit facilement. Un voyage idyllique dans une île paradisiaque. Une écriture merveilleuse, au temps des colonies et de l’esclavage, teintée d’exotisme. Ce livre nous accompagne dans un bonheur simple. Bernardin nous donne une belle définition de la mort. Je recommande ce livre à tous les utopistes, qui aiment le monde pour la nature et le bonheur vrai. « Si vous en avez le temps raconter moi, je vous prie ce que vous savez des anciens habitants de ce désert. Le vieillard me raconta » Deux femmes s’exilent. Pour des raisons contraires. Unies par leur progéniture Paul et Virginie. Ils grandissent comme frère et sœur. Chaque jour pour eux est une fête. Au milieu de la nature, des arbres ( palmiste, latanier…), des plantes ( l’herbe de baume, pervenche …), des oiseaux( corbijeau, alouette marine, merle siffleur, bengalis, cardinaux, perruche…). Une vie pure entrecoupée de festins, d’histoires, de la théologie entre deux cabanes. Chaque personnage a sa couleur « Marguerite, une gaieté vive ; Mme de La Tour, une théologie douce; Virginie, des caresses tendres ; Paul, de la franchise et de la cordialité ; Marie et Dominguez ( les esclaves bien traités) même venaient à son secours. Ils s’affligeaient s’ils le voyaient affligé ; ils pleuraient s’il le voyaient pleuré. Ainsi des plantes faibles s’entrelacent ensemble pour résister aux ouragans.. » Une histoire d’entraide de bonheur au destin tragique.

Publié en 1788, "Paul et Virginie" est un roman emblématique du courant préromantique. À travers cette idylle tragique entre deux enfants élevés dans l’harmonie d’un monde naturel et éloigné de la civilisation européenne, Bernardin de Saint-Pierre propose une critique des mœurs sociales de son époque, tout en exaltant la vertu, la nature et la sensibilité. L’œuvre, profondément marquée par les idées de Jean-Jacques Rousseau, se distingue par sa portée morale et sa dimension lyrique. L’île Maurice (alors île de France) sert de décor à cette pastorale où règne l’harmonie entre l’homme, la nature et les animaux. Paul et Virginie, élevés ensemble dans un environnement simple et vertueux, grandissent dans l’innocence et l’amour réciproque. L’auteur oppose de manière claire la pureté de ce monde naturel à la corruption morale et sociale de l’Europe. La société coloniale, le pouvoir de l’argent, les conventions sociales rigides sont perçus comme des forces destructrices. Le roman devient ainsi une fable morale où la vertu naïve est broyée par les réalités sociales et les inégalités. La mort de Virginie, refusant de se dévêtir pour être sauvée d’un naufrage, marque le point culminant du récit. Elle incarne jusqu’au bout une vertu héroïque, mais tragique. Cette fin, bien que dramatique, n’est pas gratuite : elle illustre le triomphe moral sur la compromission, et la pureté face à la déchéance. Bernardin de Saint-Pierre fait de ses personnages des figures idéalisées, presque allégoriques, ce qui donne à l’histoire une portée universelle. Le style du roman, riche en descriptions de paysages tropicaux, participe à l’idéalisation du cadre naturel. L’auteur emploie un langage poétique et imagé, invitant le lecteur à contempler une nature régénératrice, souvent personnifiée. Le rythme lent du récit, les nombreuses digressions et réflexions philosophiques renforcent l’aspect méditatif du texte, en accord avec la sensibilité du XVIIIe siècle finissant. "Paul et Virginie" est un roman à la fois sentimental, moral et philosophique, qui offre une critique des injustices sociales et une exaltation de la nature et de l’amour innocent. En dépeignant un paradis perdu détruit par les conventions sociales, Bernardin de Saint-Pierre anticipe les grands thèmes du romantisme. L’œuvre, bien qu’empreinte d’idéalisme, demeure une lecture marquante, tant par sa puissance évocatrice que par sa portée morale et émotionnelle.