Phèdre : Le livre de Jean Racine

Les vers sont somptueux, un texte incroyablement agréable à lire et étonnamment très intelligible, aucune référence n'altère la compréhension de la pièce et des monologues lyriques, ce qui le rend en vérité fort accessible. Cette tragédie est superbe, la ruse d'Oenone sublime et le vice de Phèdre consumant. Les personnages, les représentations, les caractères sont puissants et, de nouveau la langue est douce, fluide, très belle. La catharsis est particulièrement bien amenée dans ce texte : tout les personnages souffrent d'une tension qui leur est propre. La richesse et la substance que l'on peut distiller a la lecture la rend passionante.

Loin de nos récits contemporains, Phèdre nous plonge dans une tragédie où l’amour, la jalousie et l’incompréhension s’entrelacent avec une intensité déchirante. Racine maîtrise l’alexandrin avec une précision redoutable, transformant chaque vers en une vague de poésie dramatique qui emporte tout sur son passage. L’histoire elle-même est dérangeante, fascinante. Phèdre, délaissée par Thésée, se consume d’un amour interdit pour son beau-fils Hippolyte. Ce n’est pas seulement une passion interdite, c’est une malédiction, un combat intérieur impossible à gagner. Chaque monologue est un cri d’angoisse, une plongée dans les abîmes du désir et de la honte. La beauté du texte amplifie la tragédie : l’élégance des vers contraste avec la violence des émotions, rendant l’ensemble encore plus poignant. Lire Phèdre est une expérience, mais l’écouter dans sa forme théâtrale lui donne une dimension supplémentaire. La musicalité des alexandrins, le souffle des acteurs, le poids du silence entre deux répliques… Tout cela rend l’histoire encore plus immersive. (Amis lecteurs je vous conseil d’écouter l’audio d’une des pièces de théâtre en même temps que votre lecture). C’est une œuvre d’un autre temps, certes, mais elle résonne encore aujourd’hui. Car derrière les dieux et les malédictions, il y a des sentiments profondément humains : l’obsession, la douleur de l’abandon, la fatalité d’un amour qui ne devrait pas exister. Une tragédie qui, des siècles plus tard, n’a rien perdu de sa puissance.

"Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire". Phèdre, quelle beauté. La tromperie consanguine qui se métamorphose en une fatalité, puis en un désespoir pour la femme apprenant à nouveau le retour de son mari. Hippolite est une grosse victime, je l'admets. Mais toute cette manigance provoquée par les sentiments inarrêtable de Phèdre plonge Aricie comme Hippolite ou Thésée dans la triste histoire racontée, prenante et versifiée ! Vivez la passion : lisez maintenant ce classique.

Je ne peux que commencer par ces propos : Phèdre est l’une de mes meilleures découvertes littéraires ! Cela ne figure pas encore parmi mes coups de cœur, mais il aurait vraiment pu y entrer ! Il manquait peut-être ce petit quelque chose, difficile à définir, qui aurait pu me faire dire que c’était un réel coup de cœur. Néanmoins, j’en viens presque à m’étonner de ne pas avoir lu Phèdre plus tôt ! J’en ai d’abord découvert une scène avec l’atelier théâtre et une élève, fan des vers raciniens, avec qui j’ai travaillé pour la mettre en scène. Immédiatement, je suis tombée amoureuse à mon tour des vers raciniens ! L’agencement des mots, les rimes, cet excès enfermé dans une figure si contraignante qu’est l’alexandrin… je dois dire que j’ai été vraiment agréablement étonnée et ravie. Nous l’avons ensuite étudié en cours et bien que j’ai pu découvrir que Racine était vraiment ingrat (notamment envers Molière), je me suis émerveillée face à tout ce que Racine a entrepris pour écrire cette pièce : la façon dont il a modifié les personnages pour les rendre moins parfaits, comment il a fait d’une pièce mythologique une pièce psychologique… Il n’y a pourtant pas un attachement particulier aux personnages eux-mêmes ou même à l’histoire en tant que telle, mais plutôt à leur construction. Cette pièce m’a vraiment émerveillée et je ne peux que vous la conseiller !