Phèdre : Le livre de Jean Racine
Les colonnes du palais de Trézène ouvrent sur " l'azur immobile et dormant " de la Grèce. Dans cette lumière sacrée, la plus noire des tragédies se joue dans une famille maudite depuis des siècles. Phèdre devrait aimer le prince Thésée, son mari. Malgré elle, elle meurt d'un désir criminel pour son fils, le jeune prince trop sauvage et trop pur. Peut-elle rêver, espérer, avouer son crime, aller jusqu'à l'horreur ?
Fille du soleil par ses ancêtres, elle descend au dernier étage de l'enfer. Elle s'aventure dans un cauchemar de sang, un supplice de sensualité bafouée, le délire et la folie.
Pour la dernière fois, Racine évoque la torture de la passion amoureuse, cette maladie, cette obsession qui détruit l'âme, le corps et la raison. Phèdre est peut-être trente fois séculaire, mais ses cris et sa fureur nous parviennent du xviie siècle. Et c'est aujourd'hui que nous la voyons se damner et mourir.
De (auteur) : Jean Racine
Préface de : Jacques Perrin
Expérience de lecture
Avis Babelio
Jusol
• Il y a 1 semaine
Que dire encore de Phèdre, classique connu, trop connu ? de sa langue exceptionnelle, pinacle de la langue française, si belle qu'elle fut castratrice ; chef d'oeuvre d'un dramaturge prodigieux reconnaissant lui-même qu'elle est certainement « la meilleure de ses tragédies » ; trame déchirante peignant un amour odieux où Dieux, passion et fatalité s'acharnent sur le coeur d'une femme, tout à la fois coupable et innocente. Que dire encore de Phèdre ? Ce nom même nous écrase. Tout le XVIIe siècle nous regarde, le génie français, sa gloire nous abaisse. Il y a un paradoxe Phèdre. Nous ne sommes plus des « nains sur des épaules de géants » mais des avortons à l'ombre de monuments. Il y a une forme de sidération à croire que la langue de Racine est la même que la nôtre. Chaque vers est un classique : jamais miel ne fut plus doux ni vinaigre plus acide. Il y a à la fois crainte de ne plus être collectivement à la hauteur de tels chefs d'oeuvre tout autant qu'une fierté d'appartenir à la patrie de Racine, d'en comprendre et d'en parler la langue, de voir fleurir encore ses vers entre les lèvres d'acteurs de toute prétention et de tout horizon. Que dire encore de Phèdre ? Nous nous contenterons d'en retenir un combat, reflet d'un personnage d'une complexité hors du commun à la croisée de la tragédie grecque et du jansénisme de l'auteur. Phèdre est une innocente coupable. Coupable ? résolument. Si les Dieux prennent de la place dans la pièce, ils ne semblent plus être les Dieux de l'Antiquité, omniprésents et omnipotents. Au contraire, ces Dieux sont lointains et s'effacent face aux motivations psychologiques des personnages. Phèdre a tout pouvoir sur sa vie et sur celle d'Hyppolite. Elle seule accepte l'ignoble plan d' Oenone et quand elle peut encore sauver son beau-fils au quatrième acte, elle se tait, coupable de sa jalousie. Tout au long de la pièce, le personnage de Phèdre effectue des va-et-vient entre crime et repentance. Ne semblant pouvoir soutenir la « flamme si noire » qui la ronge, elle accuse Vénus et l'univers entier : « Tout m'afflige, et me nuit, et conspire à me nuire. » tout en reconnaissant parfois sa culpabilité. C'est ainsi que sa résolution prise au premier acte « Soleil, je te viens voir pour la dernière fois » est accomplie au dernier « Et la Mort à mes yeux dérobant la clarté/ Rend au jour, qu'ils souillaient, toute sa pureté » comme l'acception de son ignoble péché qu'elle n'a jamais su repousser. En ce sens, le personnage de Phèdre peut irriter, car, alors qu'elle se débat avec ses contradictions, elle n'hésite pas à emplir de chaos le monde qui l'entoure au nom de son amour et de sa jalousie féroce, avouant son amour incestueux à Hyppolite puis laissant Oenone l'accuser avant de lui reprocher. Cela ne doit cependant pas cacher les forces obscures de la passion. Si les Dieux sont peu présents, la fatalité est ici tout intérieure. Aliénée par sa passion, Phèdre renonce doucement à la vie. Si elle s'agite, c'est qu'elle sait qu'elle doit mourir mais ne peut s'y résigner. Cette passion dévorante prend toute son ampleur dans la longue tirade d'aveux de l'acte II, scène 5 : « Tremblante pour un fils que je n'osais trahir,/ Je te venais prier de ne le point haïr:/ Faibles projets d'un coeur trop plein de ce qu'il aime !/ Hélas ! je ne t'ai pu parler que de toi-même ! ». Le fard antique ne doit en effet pas nous faire oublier le contexte de l'oeuvre et de son auteur. Éduqué à Port-Royal, Racine doit partager en partie leur vue sur la destinée humaine. Pour les jansénistes, l'homme est fondamentalement coupable et aucune action volontaire ne saurait le sauver. La Grâce est accordée par Dieu selon ses lois insondables. L'existence humaine est ici profondément tragique et si, comme le disait Pascal « le coeur de l'homme est creux et plein d'ordure », Phèdre ne fait pas exception. Coupable par naissance, elle est cruellement ballotée par une fatalité dont les causes sont intrinsèquement inconnues. Non, rien n'est poussiéreux ici, l'oeuvre fait peau neuve dans l'oreille de chaque lecteur. L'exigence, la pureté de la langue, l'orfèvrerie de chaque vers, s'ils peuvent dérouter de prime abord, finissent toujours par l'emporter, c'est l'avantage du beau. Phèdre est intemporelle parce qu'elle est profondément humaine, parce que ses mécanismes psychologiques sont foncièrement humains, parce que son crime est d'aimer. Toute la faiblesse et la noblesse de l'Homme sont là, dans ces 1654 alexandrins d'une harmonie prodigieuse, d'une précision d'horloger, d'une grâce pudique. De fait, Phèdre est un classique indémodable, une source de discussion intarissable et de réinterprétations d'une richesse inégalable. Alors que dire encore de Phèdre ? Rien, simplement écouter, encore et encore, Phèdre aimer malgré et à cause d'elle : « J'aime. Ne pense pas qu'au moment que je t'aime,/ Innocente à mes yeux, je m'approuve moi-même,/ Ni que du fol amour qui trouble ma raison,/ Ma lâche complaisance ait nourri le poison. »
Fifrildi
• Il y a 1 mois
Je me suis inscrite à un cours d’analyse littéraire par correspondance et le deuxième module était consacré à l’étude de Corneille et de Jean Racine. J’avais déjà lu ‘Le Cid’, il me restait à lire ‘Phèdre’ avant de pouvoir me lancer dans mon devoir. Déjà 230 critiques, je vais faire court. Phèdre est l’épouse de Thésée. Elle est littéralement consumée par un amour coupable pour son beau-fils Hippolyte. Quand la nouvelle de la mort de son mari est annoncée, elle va tout avouer à Hippolyte qui lui est amoureux d’Aricie. C’est alors que Thésée va revenir et, voulant protéger Phèdre, Oenone va provoquer un enchaînement d’événements qui va dévaster leurs vies. Pour moi, tout va beaucoup trop vite. Cela vient du fait que toute l’histoire se déroule en un seul jour. Je pense que Phèdre [masquer] dans l’état dans lequel elle se trouvait, se serait suicidée tôt ou tard. [/masquer] Quant à Thésée [masquer] un moment de réflexion aurait pu sauver son fils d’une mort absurde. [/masquer] En relisant ma critique du Cid, je constate que j’ai à nouveau considéré le point de vue parent-enfant plus important que de celui des amours contrariés mis en scène. Prochain module : ‘Les Caractères’ de La Bruyère. Challenge temps modernes (illimité)
chanelhander
• Il y a 1 mois
Histoire: #127765;#127765;#127765;#127765;#127761; Personnages: #127765;#127765;#127765;#127765;#127761; Rythme: #127765;#127765;#127765;#127765;#127761; Écriture: #127765;#127765;#127765;#127765;#127761; Dénouement: #127765;#127765;#127765;#127765;#127761; #77955;#128394; Phèdre de Racine incarne la furie tragique d’une femme déchirée par la passion, la colère et la culpabilité. Le texte déploie avec intensité la psychologie complexe de son héroïne, prise au piège de sentiments dévastateurs qui mènent inévitablement à la catastrophe. Un chef-d’œuvre classique qui explore avec force et beauté les tourments de l’âme humaine, dans une écriture poétique et maîtrisée.
lucaaa
• Il y a 2 mois
Phèdre est une tragédie qui impose le silence par sa langue ciselée et son intensité retenue. Racine y pousse à l’extrême la mécanique du désir impossible, du poids de la fatalité, et de la faute inexpiable. Le personnage de Phèdre, déchirée entre sa passion interdite et sa conscience morale, est bouleversant dans son ambiguïté. Mais si la beauté formelle est indéniable — chaque alexandrin semble poli comme un bijou — j’ai parfois eu du mal à me laisser totalement emporter. L’émotion, bien que présente, m’a semblé trop contenue, presque étouffée sous la perfection du vers. C’est une œuvre que j’admire plus que je ne l’aime pleinement. Elle fascine, elle impressionne, mais elle touche par moments de loin, comme si le tragique se déroulait derrière une vitre épaisse. Une lecture exigeante, noble, mais qui m’a laissé un peu à distance.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Théatre
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- EAN
- 9782266225526
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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2,99 € Numérique 65 pages