Tant que fleuriront les citronniers : Le livre de Zoulfa Katouh

Lorsque la répression de la révolution syrienne emporte les membres de sa famille, laissant Salama seule dans les ruines d'Homs avec sa belle-soeur enceinte qu'elle a promis de protéger, elle doit faire un choix : rester pour lutter et tenter de sauver les victimes de la guerre civile, ou fuir vers l'Europe pour sauver ce qu'il reste de sa famille. Mais sa rencontre avec Kenan, qui veut rester et résister, remet en cause toutes les décisions durement acquises contre elle-même. Comment faire le bon choix lorsque tous les repères sont balayés, lorsque l'avenir s'obscurcit ? Tant que fleuriront les citronniers est une oeuvre magnifique, probablement un des meilleurs livres et un des plus bouleversants que j'ai pu lire ces dernières années, qui nous rappelle avec force que la barbarie existe, mais que malgré tout résistent l'amour et l'espoir. Je l'ai lu il y a un an, et pourtant j'ai mis longtemps à écrire ce texte parce que c'est un roman difficile à résumer sans être réductrice sur la profondeur des émotions qu'il contient, mais il me semble que le moment est bien choisi. D'abord parce que c'est l'histoire d'une histoire que j'ai l'impression de ne pas avoir assez connue, de ne pas avoir assez comprise - j'étais lycéenne lors de la révolution syrienne. Ce roman parle de la violence du régime d'Assad, dans toute sa cruauté et son horreur, il parle de Saidnaya et du gaz sarin, mais il raconte aussi la Syrie d'avant la guerre. Il raconte le deuil, celui de son pays et celui des proches perdus, le traumatisme et la difficulté de se construire, autant qu'il raconte l'amour, magnifiquement fort et doux, le courage et la révolte, mais parfois aussi l'impuissance face à la terreur. C'est un roman qui parle de ceux qui partent, de ceux qui restent, du courage qu'il faut pour faire l'un comme pour faire l'autre. C'est une belle et tendre histoire d'amour, c'est aussi une puissante remise au point : ce n'est pas parce qu'elle n'a pas lieu sous vos yeux que la barbarie a cessé d'exister. Un rappel nécessaire, à la fois intemporel et actuel. Parce qu'il est un hommage et une ode à la liberté, ce roman écrit avec poésie est de ceux qui ne laissent pas indemne.

Un roman déchirant, bouleversant et puissant. Je repousse cette chronique depuis longtemps, tant ce livre m'a profondément marqué, d'autant que les faits ont un écho douloureux avec l'actualité. Dans ce roman, l'autrice dénonce la guerre qui déchire la Syrie depuis des années face à la tyrannie de Bachar Al-Assad, redonnant une voix à ce peuple qui souffre sans jamais cesser de lutter pour sa liberté. Zoulfa Katouh tisse une toile de douleur et d'horreur, offrant au monde un aperçu de l'enfer vécu en Syrie, un an après le début de la Révolution, où la survie est un acte de courage quotidien et où l'amour prend racine. On y suit la vie de Salama, entre l'hôpital, les blessés, les morts, la violence et la peine. J'ai été extrêmement touché par les personnages, par leur amour pour leur pays, par leurs liens fraternels, amicaux, par la force de leur foi et de leurs idéaux. L'autrice a un don pour construire des personnages complexes avec une psychologie très aboutie afin de montrer la puissance de leurs émotions, de leurs traumatismes et les effets du conflit sur la psyché humaine. Elle accorde une place très importante à la santé mentale avec une personnification de la peur de Salama, qui permet de ressentir d'autant plus ses émotions, ce qui m'a brisé le coeur. À travers le regard de Salama et Kenan, on redécouvre la résilience et chaque page est un hommage à la liberté, aux Syriens qui luttent, un cri pour les vies innocentes brisées.Je ne saurais dire combien de fois j'ai pleuré face à ce récit qui nous plonge au coeur de la violence, de l'injustice, de ce que l'Homme fait de pire. Combien de fois mon estomac s'est retourné d'angoisse, de dégoût. Pourtant, au milieu de ce chaos, Zoulfa Katouh fait éclore un germe d'espoir, d'amour, si puissant, qu'il illumine le récit et marque l'esprit. La plume est poétique, poignante et sans concession, elle nous emporte dans le coeur des Syriens dans un récit d'une rare intensité, alternant entre les affres sombres de l'angoisse et la lumière de l'espoir.J'ai aimé découvrir la Syrie à travers les souvenirs de Salama et Kenan, d'apprendre des bribes de botanique et de découvrir une romance halal, qui m'a apporté beaucoup de réconfort et de joie.C'est une lecture importante, qui nous apprend beaucoup et qui nous hante. Tant que fleuriront les citronniers, c'est bien plus que ce que je peux en dire, c'est un énorme coup de coeur.

Ce fut une lecture, et une première expérience, particulièrement éprouvante pour moi. On y aborde des thèmes et des destins qui ne laissent pas indifférent, surtout à l’aune de l’actualité. L’écriture, en revanche, est remarquable : la plume de l’autrice se révèle précise, sobre, dénuée de tout artifice. La guerre y apparaît brute, cruelle, sans le moindre détour. Ce récit m’a profondément marqué. Je ne le recommanderais cependant ni aux âmes sensibles ni aux plus jeunes. Mais c’est un livre à lire avec beaucoup d’intérêt pour moi, afin de comprendre et voir sous un angle différent les enjeux derrière ces guerres.

J’ai trouvé trois dimensions dans ce roman. Tout d’abord, la retranscription qui semble assez parfaite de ce que vivent les civils durant une guerre. Les bombardements, les massacres gratuits, les soldats patrouillant dans les rues, l’hôpital qui devrait être un lieu où se sentir en sécurité et pourtant… Les moyens de débrouille de la population, pour manger, pour se soigner, pour se chauffer, pour VIVRE ! Et puis il y a la vie de Salama. Jeune femme courageuse et dynamique dont le cerveau lui impose des discussions avec un « ami » imaginaire, qui la sauve et l’aide à ne pas sombrer dans la folie de cette vie difficile. Et enfin, il y a la rencontre avec Kenan, qui bouleverse et questionne sur le bien fondé de vivre dans un pays en guerre, même si c’est un pays qu’on aime énormément. Un livre bouleversant, grâce à une écrite parfaite pour retranscrire les horreurs et les émotions impliquées par la vie au milieu d’une guerre. Pas de voyeurisme, juste de la justesse pour bien impliquer et faire ressentir au lecteur la difficulté de vivre dans ces conditions sans perdre de vue qui l’on est vraiment.