Interview
France Fictions : débusquer les fictions de l’histoire de France avec Yann Bouvier
Publié le 02/10/2025 , par Yann Bouvier

Yann Bouvier est enseignant en lycée, vidéaste et vulgarisateur passionné d’histoire publique. À travers ses vidéos et son livre France Fictions, il invite à déconstruire les idées reçues et les récits simplifiés qui pèsent sur l’histoire de France. En collaboration avec une vingtaine d’historiennes et historiens, il explore les origines, les intérêts et les acteurs derrière ces récits contrefactuels. Cette démarche contribue à s’armer contre les manipulations du passé, souvent au service d’agendas autoritaires ou réactionnaires.
À l’occasion de la sortie de ce livre, il revient avec nous sur la construction de l’ouvrage et les messages qu’il souhaite transmettre :
“Je m'appelle Yann Bouvier, je fais de l'histoire publique, je suis enseignant en lycée, par ailleurs vidéaste, vulgarisateur, et je m'attache dans mes vidéos à déconstruire des idées reçues, mais aussi des discours pseudo-historiques.”
“Pourquoi avoir voulu déconstruire les “fictions” de l’histoire de France ?”
“Dans cet ouvrage, non seulement nous déconstruisons 26 récits contrefactuels sur l'histoire de France, mais surtout, nous en explorons les forges. Ce qui nous intéresse ici, c'est de comprendre d'où viennent ces récits, au service de quels intérêts ils ont été construits, et quels sont les acteurs qui les ont remodelés pour qu'ils nous parviennent. Autrement dit, cet ouvrage va vous permettre de déceler, d'identifier les outils des faussaires du passé qui sont malheureusement toujours actifs et qui préparent bien souvent le pire.”
“Un exemple d’idée reçue que tout le monde croit encore… ?”
“Parmi toutes les idées reçues qui sont traitées par ce livre, il y en a une qui est quand même indécrottable, qui est traitée par Denise Turrel, historienne spécialiste de la symbolique des couleurs, à savoir la signification originelle, en 1789, de l'association du bleu, du blanc et du rouge. On a tendance à dire qu'il s'agit là de l'association de la couleur du roi et de celles de la ville de Paris. Il n'en est rien, mais je ne vais pas en dire davantage. La réponse est dans le livre.”
“Quels acteurs tirent profit de ces récits simplifiés de l’histoire ?”
“Les manipulations du passé, historiquement et bien souvent, servent à pousser des agendas illibéraux, réactionnaires, mais pas que, parce que le point commun de l'ensemble des régimes autoritaires ou totalitaires du XXe siècle a été d'exercer une mainmise sur le récit historique, de réécrire le passé commun pour remodeler la société au service d'un projet dont on sait que, bien souvent, il préparait le pire. L'objectif, en partie, de cet ouvrage, c'est collectivement de nous armer contre ces récits contrefactuels, ce qu'ils supposent et ce qu'ils préparent.”
“En une phrase quelle est la leçon de France Fictions ?”
“Je crois que la leçon première, c'est que personne n'est prémuni contre l'adhésion à quelques récits pseudo-historiques que ce soit. J'ai longtemps moi-même enseigné que le bleu, le blanc et le rouge, c'était Paris et la monarchie, le roi. Développer son esprit critique, mais aussi faire confiance dans la méthode critique et dans celles et ceux qui l'exploitent, qui l'utilisent, qui la mobilisent, à savoir les historiennes, les historiens.”
Pourquoi ce livre est incontournable ?
Parce qu’il ouvre les yeux sur la complexité de notre passé et sur les dérives possibles quand l’histoire est instrumentalisée. France Fictions offre des clés pour comprendre ces récits déformés, qui continuent d’influencer la société et la politique. En mobilisant les méthodes rigoureuses des historiens, cet ouvrage invite à déconstruire les mythes populaires, pour mieux défendre une démocratie éclairée.
Pour voir l’interview complète, c’est juste ici !