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Pourquoi faire lire de la science-fiction aux jeunes lecteurs ?

Publié le 28/05/2025 , par Denis Guiot

livres science fiction pour enfants

Parce qu’elle est un formidable miroir de notre présent et nous rend conscients des choix que nous faisons aujourd’hui. La science-fiction développe l’esprit critique ! Sous couvert de divertissement, c’est le genre par excellence qui aide le lecteur à entrer dans l’avenir…

Voici six très bonnes raisons d’encourager les enfants et les adolescents à lire de la science-fiction. Car sous couvert de divertissement, la science-fiction participe à un véritable processus transformateur des consciences et aide les jeunes à entrer dans l’avenir.

LA SCIENCE-FICTION PROPOSE D’EXTRAORDINAIRES POSSIBILITÉS D’ÉVASION

Planètes lointaines, civilisations extraterrestres, voyages dans l’espace et dans le temps, cyberspace, sociétés futures… sont autant de bouffées d’air pour les jeunes lecteurs. À un âge où les contraintes liées à l’autorité (parentale, scolaire, de la société) sont grandes, où on se demande qui on est tout en rêvant parfois d’être quelqu’un d’autre, la prodigieuse évasion proposée par la SF, basée sur l’altérité, fait mouche chez des êtres en devenir.

LA SCIENCE-FICTION DÉBLOQUE L’IMAGINATION

Le lecteur doit être prêt à se laisser surprendre, déstabiliser, entraîner n’importe où et n’importe quand. Petit à petit, la science-fiction encourage chez lui une grande ouverture d’esprit. Lire de la SF, c’est accepter la poésie d’un large champ de possibles. Cet aspect ludique enchante les jeunes, qui sont en pleine formation intellectuelle. La SF satisfait leur goût pour le bigger than life, le jeu, l’affabulation : ils sont emportés dans des aventures qui ne peuvent pas arriver « pour de vrai » (selon leurs propres termes). La SF devient une sorte de meccano d’idées qui leur permet de jouer avec les hypothèses les plus folles et de créer des réalités nouvelles.

LA SCIENCE-FICTION EST UN FORMIDABLE MIROIR DE NOTRE PRÉSENT

Le détour par le futur ou par l’ailleurs permet une relecture plus dynamique de notre société actuelle et de ses enjeux : manipulations génétiques, réalités virtuelles, question écologique… Dans sa préface à l’anthologie Graines de futurs, Albert Jacquard écrit : Paradoxalement, la science-fiction nous aide à être réalistes. La SF a pour mission de nous rendre conscients de l’importance de nos choix. Car le futur se plante dans le présent.

LA SCIENCE-FICTION EST UN HUMANISME

Avec ses histoires de mutants, d’extraterrestres, d’androïdes, elle est porteuse de valeurs de tolérance, de respect, de droit à la différence. Même si elle est souvent encombrée de robots, de fusées, d’ordinateurs, c’est l’être humain qui est au coeur de ses préoccupations, l’être humain face à l’évolution du monde moderne.


LA SCIENCE-FICTION EST LE LIEU D’UN QUESTIONNEMENT PHILOSOPHIQUE DE LA RÉALITÉ, À TRAVERS DES RÉCITS PASSIONNANTS

Elle fait réfléchir au concept de réalité, à la notion de temps, à la possibilité d’une vie extraterrestre, à ce qu’est un être humain (surtout avec les histoires mettant en jeu le transhumanisme).


LA SCIENCE-FICTION DÉVELOPPE L’ESPRIT CRITIQUE

En mettant en garde contre les « bonheurs insoutenables », ces dystopies camouflées en utopies, elle s’emploie à aider le jeune lecteur à devenir un citoyen éveillé. Elle s’inscrit parfaitement dans le cadre du récit d’apprentissage. Le jeune héros ou la jeune héroïne est confronté à des réalités différentes, à des sociétés différentes, à des êtres différents ; ce qui lui permet de s’interroger sur sa propre relation au monde, de découvrir l’Autre et de se découvrir lui-même.

De plus en plus nombreux sont aussi les enseignants qui font écrire de la science-fiction à leurs élèves, utilisant l’éventail des possibles et le sésame « Et si… ? » pour instaurer avec eux un dialogue créatif (nous ne sommes pas loin, là, de la démarche propre au jeu de rôles !).
La difficulté est double : ne pas simplement « décalquer » la réalité d’une part, ne pas inventer n’importe quoi d’autre part. Car la science-fiction se caractérise, répétons-le, par ses hypothèses de départ et sa logique interne. Loin de brider l’imagination, ces contraintes (que Paul Valéry appelait, en matière de poésie, des « gênes exquises ») l’excitent, la stimulent. Il n’y a pas de véritable liberté sans rigueur. 

En conclusion, j’aimerais citer le sociologue Alvin Toffler : Nos enfants devraient étudier Arthur Clarke, Ray Bradbury et Robert Sheckley, non pas parce que ces écrivains nous parlent de vaisseaux cosmiques et de machines à voyager dans le temps, mais, ce qui est plus important, parce qu’ils peuvent amener les jeunes à explorer en imagination la jungle des problèmes politiques, sociaux, psychologiques et éthiques qu’ils devront affronter comme adultes.