Les orchidées rouges de Shangai : Le livre de Juliette Morillot

Chère Sangmi, je porterais en moi ta bouleversante histoire pour encore longtemps. Cette vie leçon de résilience, de pugnacité à rester en vie. Ces marques que ta vie a laissées sur ton corps physique comme dans ton esprit. Lecteur ne te laisse pas avoir par la jolie couverture florale aux couleurs vibrantes, car les orchidées rouges de Shanghai ça raconte une histoire de vie (c'est inspiré d'une histoire vraie) qui est parfois éprouvante à lire tant elle est difficile. Du rapt de Sangmi par l'armée japonaise à la sortie de l'école jusqu'à la fin de sa vie. Elle sera déshumanisée, utilisée par l'armée japonaise comme "femme de réconfort" terme utilisé ne pas dire la brutalité de la vie des prostitués réservées aux soldats japonais. La torture, la dureté des conditions de vie, les humiliations et les violences subies ne suffiront pas à anéantir son ardente envie de vivre ni ne l'empêcheront d'aimer des êtres humains qui croiseront sa route pendant toutes ces années. Malgré la violence du récit, on est souvent transporté dans les paysages, les sens stimulés par des odeurs ou des bruits décris avec justesse et parfois avec poésie. Ce roman c'est aussi une porte ouverte sur l'histoire de l'Asie à une époque où elle ploie sous le poids de l'impérialisme japonais. Comme lors de la lecture de Pachinko de Min Jin Lee, il y a quelques années, on plonge dans cette relation nippo-coréenne complexe, que l'on connaît si mal en occident. Comment le Japon a œuvré pour détruire l'identité coréenne, imposer l'usage de la langue japonaise et rabaisser ce pays, cette culture, jugée inférieure à son occupant Nippon. S'il est facile dans la culture occidentale de trouver de nombreuses œuvres traitant de la Seconde Guerre mondiale et de ses conséquences en Europe, il est moins courant chez nous de voir livre, film ou autre support traiter de cette période historique en ayant le regarde tourné vers l'Asie. 

Quand une jeune coréenne de 14 ans, se fait enlever à la sortie de l'école pour devenir l'une des nombreuses "chosen bbi" ou "femmes de réconfort" pendant la guerre au Japon. C'est un livre que j'ai trouvé très intéressant à lire et qui parle d'un passage de l'histoire de l'Asie, notamment du Japon et de la Corée, peu connu. J'ai beaucoup apprécié ce côté culturel et éducatif qu'avait ce livre. D'autant plus que la plume de l'auteur se lit plutôt bien, et permets de vraiment comprendre le livre et l'histoire de Sangmi. Mais attention, de nombreux passages sont très durs à lire et c'est dommage que l'auteur ne fasse pas plus de prévention à ce sujet. J'ai passé un bon moment de lecture, malgré une fin qui tire en longueur.

[masquer]Une plongée vertigineuse dans la partie orientale de la deuxième guerre mondiale, dont l'horreur n'a rien à envier à ce qu'il s'est passé en Europe. A travers les mémoires de Sangmi, on découvre le conflit sino-japonais, le massacre des populations civiles, la prostitution forcée des jeunes filles, les camps de concentration et les expériences sur cobayes humains menées par le Docteur Ishii à l'Unité 731. On suit également la résistance des communistes chinois, malgré l'avancée inexorable des troupes japonaises et son usage des armes biologiques. Un voyage en Asie, au gré des conflits, entre les villes et villages de Chine, la jungle et les montagnes de Malaisie, le port de Singapour et les usines de munitions d'Hiroshima. Un roman extrêmement bien documenté, qui nous plonge dans toutes ces atrocités avec une plume tantôt poétique, tantôt cinglante. Une protagoniste au courage et à la résilience admirables, qui nous livre sans faux-semblants le désastre que les Japonais ont fait de sa vie. Une claque ! [/masquer]