Tandis que les travaux sur les pages sombres de l’histoire contemporaine (Vichy, puis la guerre d’Algérie et les conflits coloniaux) rencontrent de plus en plus l’intérêt du public, l’accès à des archives politiques essentielles reste, quant à lui, souvent diffi-cile et parfois même impossible. Et cela, en dépit des promesses...
Tandis que les travaux sur les pages sombres de l’histoire contemporaine (Vichy, puis la guerre d’Algérie et les conflits coloniaux) rencontrent de plus en plus l’intérêt du public, l’accès à des archives politiques essentielles reste, quant à lui, souvent diffi-cile et parfois même impossible. Et cela, en dépit des promesses d’ouverture et des projets de loi avortés. D’où l’intérêt de ce livre-choc, qui avait suscité de vives polé-miques lors de sa première parution en 1994, et dont l’analyse demeure pertinente en ces années 2000. Au travers d’une enquête dans vingt dépôts publics d’archives, Sonia Combe mon-tre comment des inventaires succincts, muets, ou parfois même caviardés, ont conduit à la dissimulation, comme dans le cas des archives de l’Abwehr, de la Gestapo, ou des fichiers de Juifs. L’auteur démontre comment, grâce à la loi sur les archives qui orga-nise le secret, l’État s’approprie ce bien public et laisse aux hommes politiques la pro-priété de leurs archives ; elle démontre comment, dans son essence même, le système de la demande d’autorisation exceptionnelle de consultation nuit au pluralisme de l’historiographie et, en privilégiant les historiens de métier, fonde l’inégalité entre les citoyens ? tout en favorisant la naissance de la figure de l’historien raisonnable. S’interrogeant sur le fonctionnement démocratique des institutions, cet ouvrage pose la question du pouvoir de l’administration des Archives, de la responsabilité de ses agents et, plus généralement, la question des conditions d’écriture de l’histoire contemporaine.
Avant-propos - I. Voyage initiatique dans le monde des archives - II. Les archives : une institution du XIXe siècle - III. La loi du silence - la loi révolutionnaire de messidor an II - La législation du 3 janvier 1979 - Le sentiment de patrimonialité - Le droit au secret - L'autorisation exceptionnelle de consultation - Le pouvoir-écran - IV. À fonds perdu - Le « dossier secret » de l'affaire Dreyfus - Le carnet B des antimilitaristes - Les archives de l'Abwehr et de la Gestapo - Les fichiers de Juifs : de la dissimulation à la désinformation - IV. Pages blanches et zones d'ombres - Les archives de la « guerre sans nom » - Les mutineries dans la guerre de 1914-1918 - La police de Vichy - Les camps d'internement : autopsie d'un fait divers - Les camps des autres - Conclusion : L'historien raisonnable - Bibliographie.
« Un livre de franc-tireur, polémique et passionné, mais, au bout du compte, convaincant. »
Bertrand Le Gendre, LE MONDE
« Sonia Combe ne rassemble pas seulement, pour éclairer et l'interpréter, un matériau considérable ; elle pose de nombreuses questions essentielles sur l'écriture de l'histoire, sur le "refoulement" de l'archive, sur l'"archive refoulée" comme "pouvoir de l'État sur l'historien". »
Jacques Derrida (Mal d'archive, Galilée, 1995)
« Sur un ton passionné et parfois agressif, [Sonia Combe] mettait le doigt sur les incohérences et insuffisances de la loi de 1979 qui régit les archives encore aujourdhui et sur son application. Avec, au centre, le problème des délais de consultations et les dérogations accordées pour laccès à certaines sources, lauteur accuse la loi et les archives dempêcher la recherche sur la Seconde Guerre mondiale et sur les responsabilités de certaines catégories de fonctionnaires complices des occupants et de lÉtat français. [
] Sonia combe bouscule un monde peu habitué aux bruits. »
LOURS