Le Colonel Chabert : Le livre de Honoré de Balzac
Le Colonel Chabert est l'histoire d'un revenant. Enseveli sous un monceau de cadavres, il meurt une première fois à la bataille d'Eylau. Déterré vivant, il n'est plus, dix ans plus tard, qu'un fantôme, un survivant de l'épopée napoléonienne. Humilié, chassé de partout, la société, la France de la Restauration, personne ne veut plus de lui. Sa femme elle-même, une ancienne " fille " du Palais-Royal remariée à un aristocrate, refuse de reconnaître ce vaincu. Elle l'assassine pour la seconde fois. Comment obtenir qu'on lui rende son épouse, sa dignité, son rang ? Telle est la tragédie de Chabert, face à la trahison et à l'infamie.
Ce drame d'un homme tiraillé entre sa force d'âme et sa faiblesse de cœur est de tous les temps. Si le Colonel Chabert avait été tué à Eylau, il serait devenu un héros parmi d'autres. Ressuscité et misérable, tel que le génie de Balzac le montre, il entre dans l'immortalité.
De (auteur) : Honoré de Balzac
Préface de : Marc-Henri Arfeux
Expérience de lecture
Avis Babelio
Christof34540
• Il y a 2 semaines
Balzac signe avec Le Colonel Chabert une tragédie sociale implacable. Un homme revenu d’entre les morts, vétéran des guerres napoléoniennes, se heurte à l’oubli, à la cupidité et à l’ingratitude. Chabert n’est pas seulement un revenant : il est l’incarnation d’une époque balayée, le fantôme d’un idéal napoléonien que la Restauration refuse de voir. La puissance du roman tient dans cette descente aux enfers d’un homme réduit à supplier pour sa propre identité. Balzac met en scène l’humiliation administrative, l’avidité des héritiers, et l’indifférence glaciale d’une société obsédée par ses nouveaux équilibres sociaux. Tout est là : la grandeur brisée, le désespoir contenu, la solitude d’un homme qui n’a plus sa place. L’adaptation cinématographique avec Depardieu avait l’ambition de rendre cette noirceur palpable. Mais le souffle balzacien, cette manière de mêler destin individuel et critique sociale, s’y perd. Là où Balzac installe une mécanique tragique implacable, le film reste trop extérieur, trop esthétisé. Le roman, lui, saigne. Le Colonel Chabert n’est pas seulement une histoire de revenant, c’est un cri : que vaut la gloire, que vaut la fidélité, quand la société vous efface au nom de ses intérêts ? Balzac, ici, frappe à l’os.
hatschepsout49
• Il y a 4 semaines
Le livre d’une époque révolue, à la fois terrible et poignant. La préface et les nombreuses notes permettent de contextualiser et de comprendre certains termes de vocabulaire ou des points juridiques. Une lecture que j’ai beaucoup aimée par son sens dramatique.
noeg
• Il y a 1 mois
Un court roman oubliable et sans grand intérêt. On se laisse prendre par une histoire assez peu originale : le coup du pauvre mari revenu d'entre les morts que la femme remariée - bien entendu vicieuse et avide - rejette et prend au piège. À peine caricatural ! Pour une première avec Balzac c'est plutôt un raté...
Jusol
• Il y a 1 mois
Ce n’est pas un hasard si le titre originel du texte était La Transaction. Encore une histoire d’acte, ce moteur des déchirements familiaux, cette exaction légale, graine de tous les renoncements moraux. Comme dans le Père Goriot ou Le contrat de mariage, nous retrouvons ici un homme ruiné par la loi, par les fastes promis par une société où règne désormais l’argent, c’est-à-dire le pouvoir. La passion n’y est rien, le péché est monétaire et comptable, froid comme l’arithmétique. Le colonel Chabert est laissé pour mort à la bataille d’Eylau, au nord de la Prusse-Orientale, en 1807. Déclaré mort, il semble comme revenu d’outre-tombe quand il débarque à Paris dix ans plus tard. Le héros tombé pour la France n’est plus qu’un loqueux, un vieil homme usé par de longues pérégrinations et sans le sou. Or le monde a changé. L’Empire n’est plus, le roi est revenu, sa femme s’est remariée, sa fortune est confisquée et son hôtel a été détruit. À l’aide de l’avoué Derville, le colonel va tenter de faire valoir ses droits, de récupérer son dû. Mais il se confrontera à une administration sourde, à des lois absurdes, à un gouvernement qui souhaite oublié les vieux héros de l’Empire et à une femme qui a refait sa vie et qui jouit désormais d’une place confortable auprès de son nouveau mari, le comte Ferraud, bien vu du pouvoir en place. Le colonel Chabert, c’est l’échec de la loi, son utilisation à des fins privées, une nécessité aveugle quand elle devrait être éclairée. La femme de Chabert le reconnait, elle n’a qu’un mot à dire pour le sauver, lui rendre sa fortune et son rang ; elle ne le fera pas. L’avoué, face aux difficultés que représente un procès pour lui faire reconnaitre son identité, lui conseille la transaction : Chabert abandonnera son nom, mais sa femme le pourvoira d’une fortune à même de lui faire couler des derniers jours heureux. Mais cette dernière n’en veut pas. Elle le charme, joue la tendresse, lui donne l’illusion qu’elle fera ce qu’il veut à condition qu’il se désiste, qu’il avoue par écrit être un intrigant. Pris dans ses filets, Chabert hésite jusqu’à surprendre une discussion de sa femme avec son intendant qui lui fait comprendre qu’il est berné. Alors il la maudit, renonce à ses droits, aux hommes, au monde. « Quelle destinée ! Sorti de l'hospice des "Enfants trouvés”, il revient mourir à l’hospice de la "Vieillesse”, après avoir, dans l’intervalle, aidé Napoléon à conquérir l’Égypte et l’Europe. » dira Derville. L’attrait de ces histoires de retour (on pense au film Le Retour de Martin Guerre), est qu’elles interrogent l’importance de notre identité sociale. À son retour en France, Chabert n’est rien, c’est un mort. S’il n’a plus ni droit, ni place, ce qu’il cherche avant tout c’est d’être reconnu. Tel une Cassandre moderne, Chabert crie a qui veut l’entendre qu’il est ce qu’il est, mais on n’impose jamais seul son identité. Sa quête est avant tout celle d’être reconnu pour ne pas devenir fou. Roman sur la rudesse de la loi, son implacable injustice, Le colonel Chabert est peut-être avant tout un roman sur l’animal politique humain. Cet animal capable de se sacrifier pour son chef, pour sa nation, pour une idée ; capable de traverser l’Europe pour être reconnu des siens ; réduit à l’état de néant quand dans les yeux des autres, c’est un fantôme qui se reflète. Chabert n’est ni vivant ni mort, il est au purgatoire social, dans une antichambre administrative où, devenu ombre, il voit les vivants se repaître de son cadavre officiel. « « J’ai été enterré sous les morts ; mais, maintenant, je suis enterré sous des vivants, sous des actes, sous des faits, sous la société tout entière, qui veut me faire rentrer sous terre ! » hurlera-t-il à Derville. Alors oui, il est bon de lire Chabert, ce mort social au cœur pourtant bien vivant, cet homme fait spectre par l’administration et l’avarice, ce héros effacé par la grande Histoire des vainqueurs, ne serait-ce que pour se souvenir qu’entre identité personnelle et identité sociale, la frontière est mince, que l’on n’est jamais tout seul mais ce que le groupe fait de nous et qu’un coup de tampon suffit à nous réduire à l’ombre et au silence.
Avis des membres
Fiche technique du livre
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- Genres
- Classiques et Littérature , Littérature Classique
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- EAN
- 9782266225267
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- Collection ou Série
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- Format
- Livre numérique
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- DRM
- Filigrame numérique
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2,99 € Numérique 71 pages