La controverse de Valladolid : Le livre de Jean-Claude Carrière

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LES GRANDS TEXTES DU XXe SIÈCLE

En 1550, une question agite la chrétienté : qui sont les Indiens ? Des êtres inférieurs qu'il faut soumettre et convertir ? Ou des hommes, libres et égaux ?
Un légat envoyé par le pape doit en décider. Pour l'aider, deux religieux espagnols. Ginès de Sepúlveda, fin lettré, rompu à l'art de la polémique, et Bartolomé de Las Casas, prêtre ayant vécu de nombreuses années dans le Nouveau Monde. Le premier défend la guerre au nom de Dieu. Le second lutte contre l'esclavage des Indiens. Un face-à-face dramatique dont l'écho retentit encore.

" Avec la souveraine liberté du romancier, Jean-Claude Carrière met en scène la célèbre "dispute'. Son beau livre subtil et original est bâti avec un rare sens dramatique. " Paul-Jean Franceschini – L'Express

De (auteur) : Jean-Claude Carrière

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Millelivres

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

Voici un des livres les plus importants du XXème siècle. Pas seulement parce que Jean-Claude Carrière est un immense écrivain et un conteur magnifique, mais surtout parce qu’il traite d’un thème universel et toujours très actuel.. _ Savoir si les indiens d’Amérique ont une âme, un sujet universel et actuel ? Aïe, aïe, aïe.. Toute une éducation à refaire : j’ai lu, comme vous, et même, (doux Jésus, est-ce possible ?) dans les critiques publiées sur ce site, que la Controverse de Valladolid devait décider si les amérindiens avaient une âme : il n’en est rien (1). _ M’aurait-on menti alors ? Bon, j’explique, mais accrochez-vous un peu au fond de la classe, sinon on ne s’en sortira pas. Pour ce qui concerne l’âme des indiens d’Amérique, la question avait été tranchée, notamment par le pape Paul III qui affirmait dans la bulle « Sublimus Deus » du 2 juin 1537, treize ans avant la réunion de Valladolid : « Nous considérons les Indiens comme de vrais êtres humains, capables de recevoir la foi chrétienne (...) et nous exigeons qu'ils ne soient pas privés de leur liberté ». Mais un demi-siècle après la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb, les conquistadores espagnols se tamponnaient le coquillard de cette injonction papale et asservissaient les Indiens avec une brutalité inouïe en les soumettant au travail forcé. La conférence qui s’ouvrit le 15 août 1550 dans la somptueuse chapelle du collège Saint-Grégoire de Valladolid avait été voulue par un Charles Quint vieillissant, qu’une telle brutalité faisait douter du salut de son âme. La vraie question de la Controverse était donc de déterminer si les différences culturelles et surtout religieuses, entre les indiens et les conquistadores, induisait une différence de nature suffisamment importante entre ces peuples, une telle supériorité morale des blancs sur les indiens pour être clair, qui justifierait cette brutalité et l’asservissement économique des indiens. Voilà ce qui fut le vrai objet de cette Controverse. Dans le monde préscientifique de l’époque, le seul moyen de trancher sur ce point se faisait par la confrontation des arguments ; les seuls clercs capables de développer de tels arguments se trouvaient dans l’Eglise : voici pourquoi il revenait à cette même Eglise d’instruire cette Controverse. On comprend, pourtant, que le vrai enjeu du débat, c’était, comme d’habitude, de faire porter à Dieu la responsabilité morale des petites et grandes saloperies commises au nom des intérêts économiques les plus sordides. Le vrai tort de l’Eglise Catholique était d’accepter de tremper dans ce genre de compromissions pour mieux assoir son emprise temporelle. Ce qui est bien pire à mon gout que les pseudo querelles entéléchiques (2.) Au fil des 188 pages de cet ouvrage, on se rend compte que l’arrogance occidentale imposant son « universalisme », la crainte de l’altérité et la primeur des intérêts économiques ne font que perdurer depuis cinq siècles. C’est en cela que ce livre porte une dimension universelle. Ce roman publié par Jean-Claude Carrière en 1992, est donc basé sur des faits réels et historiques. Tout au plus Carrière a-t-il donné une unité de temps à l’ensemble, et introduit des personnages supplémentaires pour le développement dramatique de l’histoire. Et le résultat est sublime. C’est peut-être aussi parce que j’ai vu le téléfilm qui en a été tiré. Pour moi, à jamais, le vieux dominicain Bartolomeo de Las Casas aura les traits, l’empathie formidable, la voix et la présence de Jean-Pierre Marielle, et le Frère Juan Ginès de Sepulveda l’esprit et le charme venimeux de Jean-Louis Trintignant. Deux acteurs que j’adorais. (1) Comme pour le fameux Concile de Macon du 6ème siècle, qui est censé avoir décidé si les femmes avaient une âme, c’est, au mieux une légende développée pour nuire à l’église catholique, au pire une incompréhension totale du mode de pensée de cette dernière. Dans le cas du Concile de Macon, il s’agit en fait d’une mystification, forgée au XVIème siècle par les Protestants luthériens, (nous, les Calvinistes, sommes moins facétieux), pour discréditer l’église catholique. (2) Entéléchie : parfait accomplissement de l’âme chez Aristote.

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AsmaBooks

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 mois

#x1f4da J’ai beaucoup aimé ce livre, c’est un classique, et l’écriture est un peu difficile au départ, mais finalement, c’est un classique nécessaire, un livre que tout le monde devrait lire. Ce qu’on y entend, sont exactement les mêmes discours que l’on entend encore aujourd’hui sur les peuples opprimés. Ce sont les mêmes rhétoriques, les mêmes logiques, toujours choquant de voir à quel point rien n’a changé. L’histoire se passe en 1550, mais en 2025, se répètent les mêmes erreurs. L’humanité ne retient rien. Les horreurs se répètent, encore et encore, et les justifications sont toujours les mêmes. On assiste à un débat entre deux religieux. L’un défend la guerre, l’esclavage et la soumission des Indiens au nom de Dieu et de la civilisation. L’autre, qui a vécu sur place, raconte ce qu’il a vu, les massacres, l’injustice, il essaie de défendre les Indiens, de dire qu’ils sont humains, tout simplement. C’est dur, c’est violent, mais profondément actuel. On continue de comparer des peuples à des animaux, de douter de leur capacité à comprendre, de mépriser leur culture, leur nourriture, leurs traditions. On ne se met jamais à leur place. Et tout ça, encore une fois, est fait au nom de Dieu, dont on déforme les paroles pour servir le pouvoir et l’argent. Le plus terrible, est que même quand, à la fin, ils reconnaissent que les Indiens sont bien des êtres humains, ils déplacent le problème vers un autre peuple. Ils commencent à parler de réduire les Noirs en esclavage. Comme si le besoin de dominer ne disparaissait jamais, comme si l’histoire cherchait toujours une nouvelle cible. Comme si les Blancs avaient toujours eu besoin d’avoir un peuple à exploiter pour garder leur pouvoir… Ce livre a été un vrai coup de cœur. C’est une lecture difficile, mais essentielle. C’est un miroir de notre époque. Il montre clairement que l’humain ne tire aucune leçon de son passé. À chaque époque, on invente juste une nouvelle manière d’écraser les autres.

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joffrees

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

La Controverse de Valladolid est un texte qui peut sembler intimidant au premier abord, en raison de son sujet théologique et historique. Pourtant, il parvient à rendre accessible un moment clé du XVIe siècle où l’Europe s’interrogeait sur la légitimité de l’esclavage des Indiens d’Amérique. Le livre met en scène un huis-clos fictif tenu en 1550, où Bartolomé de Las Casas, défenseur des droits des peuples Indiens, affronte Juan Ginés de Sepúlveda, théologien et philosophe, qui justifie leur asservissement. À travers leurs joutes verbales, plusieurs thèmes émergent : la nature de l’humanité, la légitimation de la domination, la morale chrétienne face aux intérêts économiques et politiques, ainsi que la violence coloniale. Le récit met en lumière les arguments qui ont permis de justifier l’oppression à différentes époques, faisant écho à des faits plus contemporains, comme le racisme ou l’antisémitisme. J’ai particulièrement apprécié la manière dont Carrière rend ce débat vivant et accessible. Le style est fluide, et le dialogue bien construit donne du rythme à l’échange, évitant l’écueil d’un texte trop aride ou purement théorique. Les affrontements entre Las Casas et Sepúlveda sont passionnants, car chacun incarne une vision du monde, et l’auteur parvient à restituer la force de leurs arguments. La conclusion est marquante : si l’Église finit par interdire l’esclavage des Indiens, cela ne met pas fin à l’exploitation humaine, mais la déplace vers la traite des Africains, soulignant l’hypocrisie du débat. Cependant, le livre présente aussi certaines limites. Bien que basé sur des faits réels, il s’agit d’une mise en scène romancée qui prend des libertés avec l’Histoire. De plus, le format strictement dialogué peut donner une impression de redondance et de détachement vis-à-vis de la brutalité concrète de la colonisation. En conclusion, La Controverse de Valladolid est un livre intéressant et instructif, qui éclaire un débat essentiel sur la justification des oppressions et leur prolongement dans l’Histoire. Malgré son format particulier, il reste une lecture enrichissante pour qui s’intéresse aux rapports de pouvoir et aux mécanismes de domination. Je le recommande à ceux qui aiment les récits historiques à portée philosophique.

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py314159

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 5 mois

La Controverse de Valladolid est un roman historique de Jean-Claude Carrière publié en 1992. Au milieu du XVIe siècle, le roi espagnol Charles Quint organise une controverse sous l’égide de l'église catholique pour régler définitivement le sors des Indiens d'Amérique. Le frère Bartolomé de Las Casas, défend les autochtones tandis que le philosophe Juan Ginés de Sepúlveda soutient le bien fondé de la conquête guerrière espagnole. Un roman inspiré de faits historiques intéressant mais difficile pour nos esprits éclairés du XXIe siècle.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Théatre
  • EAN
    9782266225151
  • Collection ou Série
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    256
  • Dimensions
    179 x 110 mm

L'auteur

Jean-Claude Carrière

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