Les Enfants du blizzard : Le livre de Melanie Benjamin

Dakota 12 janvier 1888. Le matin s'annonçait presque doux. Un soleil pâle, un air tiède pour la saison. Les enfants se sont rendus à l'école, riant sur le chemin. Mais vers midi, le ciel s'est assombri, la lumière a viré au gris métallique et un vent glacial a commencé à hurler. En quelques minutes le monde a disparu sous un rideau de neige aveuglante. Deux soeurs institutrices Raina et Gerda Olsen se retrouvent piégées avec keurs élèves. Rester dans la salle de classe non chauffée et mourir de froid? Ou les renvoyer chez eux à travers le blizzard au risque de ne jamais les revoir? Dans ce tumulte chaque décision pèse une vie.Et lorsque la tempête se taira, plus rien ne sera comme avant. Dans ce roman Mélanie Benjamin signe moins un roman sur une tempête qu'un huis clos à ciel ouvert dans lequel chaque personnage se révèle.

J’ai froid et pas moyen de me réchauffer. Une tragédie météorologique va s’inviter. La narratrice nous livre une fresque poignante, inspirée d’un fait réel survenu en janvier 1888 dans les Grandes Plaines américaines, où un blizzard d’une soudaineté terrifiante coûta la vie à des centaines d’enfants surpris sur le chemin de l’école. Ce roman est une exploration des âmes confrontées à l’irréparable, de la mémoire et de la culpabilité, de la condition féminine et du pouvoir des récits. La rudesse du Dakota, l’âpreté du quotidien des pionniers, l’isolement moral autant que géographique. L’autrice a le talent rare de savoir rendre sensible le froid mordant, l’immensité blanche, et surtout le silence après le drame, ce silence assourdissant qui suit les cris de la tempête. La narration se déploie à travers trois voix féminines : Raina, Gerda et Anette avec le choix de Mélanie Benjamin de centrer son récit sur les enseignantes, ces femmes qui sont à la fois les victimes et les piliers d’une société qui les méprise tout en dépendant d’elles. L’écriture est sobre, mais non sans beauté avec l’art de faire naître l’émotion sans pathos, de tendre un miroir aux fragilités humaines. A la fin de ce roman, nous pouvons nous interroger, et nous qu’aurions nous fait ? Ce roman dépasse le simple cadre du roman historique ; il devient méditation sur la façon dont les sociétés digèrent ou occultent leurs propres fêlures. Il glace et bouleverse, non par le fracas du drame, mais par la manière subtile dont il en expose les traces durables, invisibles, dévastatrices. A ne pas lire l’hiver dans un endroit reculé. La peur et l’angoisse peuvent nous prendre à la gorge.

Coup de #x2764 #x1f32a 12 janvier 1888. Ce matin-là, un redoux inattendu s'installe dans les plaines hostiles du Dakota. Les fermiers sortent enfin de chez eux et les enfants partent à l'école, contents de s'être débarrassés de leurs lourds manteaux d'hiver. #x1f32a A la sortie des classes, un blizzard terrifiant s'abat sur la région... En quelques minutes on ne discerne plus rien qui ressemble à la terre... La neige recouvre tout... La température chute brutalement de zéro à -30°... Un vent mugissant, sifflant et hurlant... #x1f32a Raina et Gerda Olsen, deux soeurs institutrices norvégiennes de 16 et 17 ans, enseignent dans deux écoles de campagne, à trois jours de diligence l'une de l'autre. Elles sont chacune face à un dilemme : Garder leurs élèves au risque qu'ils meurent de froid, les vitres se brisant et le bois de chauffe étant épuisé... Ou les renvoyer chez eux au risque qu'ils ne survivent pas à cet apocalypse... #x1f32a Tandis que les éléments se déchaînent, les deux jeunes filles, livrées à elles-mêmes, se retrouvent en plein cauchemar et vont devoir faire preuve d'un courage incommensurable... J'ai adoré ce roman, inspiré du terrible blizzard de 1888 qui fit de nombreuses victimes, notamment des enfants. Une partie du Nebraska et du Dakota a été frappée au pire moment, à l'heure où les écoles venaient de libérer les élèves, ou s'apprêtaient à le faire... Un récit aussi poignant qu'haletant et divisé en deux parties : le pendant et l'après, avec son cortège de drames. Une tragédie impliquant des immigrants norvégiens que la conquête de l'ouest avait attiré en Amérique, avec des mensonges éhontés. "Une terre promise qui s'est avérée être une terre de sécheresses, de sauterelles, d'incendies, d'inondations et de blizzards monstrueux, une terre qui avale les gens et les recrache en morceaux... Même les enfants..." Les personnages sont très touchants, particulièrement Anette comme ces deux jeunes filles confrontées à des décisions impossibles et au poids de la culpabilité. Un blizzard immersif qui ferait une parfaite adaptation #x1f4fa et qui m'a soufflée ! #x1f648#x1f32a#x1faf6

Au-delà de la castastrophe naturelle en elle-même, le roman raconte les conséquences et les séquelles pour les survivants: la culpabilité d'avoir survécu, la culpabilité de ne pas avoir fait assez, les mensonges et les hypocrisies des témoins et des médias de l'époque. Un drame génère d'autres drames inévitablement, et très souvent ceux provoqués par les humains font bien plus de dégâts. Un roman intelligent qui donne beaucoup à réfléchir.