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Lettres à Lucilius
Pierre Miscevic (traduit par)
Collection : Agora
Date de parution : 01/03/1991
Éditeurs :
Pocket

Lettres à Lucilius

Pierre Miscevic (traduit par)
Collection : Agora
Date de parution : 01/03/1991

Ces lettres sont comme le journal intime et philosophique de Sénèque. Il y évoque ses doutes et ses drames de conscience, affronte les grands problèmes philosophiques et moraux que chacun...

Ces lettres sont comme le journal intime et philosophique de Sénèque. Il y évoque ses doutes et ses drames de conscience, affronte les grands problèmes philosophiques et moraux que chacun se pose, en son temps comme aujourd'hui, et leur apporte des réponses empreintes d'une sagesse prudente et mesurée. Ainsi, ce...

Ces lettres sont comme le journal intime et philosophique de Sénèque. Il y évoque ses doutes et ses drames de conscience, affronte les grands problèmes philosophiques et moraux que chacun se pose, en son temps comme aujourd'hui, et leur apporte des réponses empreintes d'une sagesse prudente et mesurée. Ainsi, ce texte est aussi bien le roman d'une âme exceptionnelle qu'une brillante initiation à l'un des courants majeurs de la philosophie antique, le stoïcisme.

Cette édition présente :

  • une introduction ;
  • un choix des lettres les plus importantes, dans une nouvelle traduction qui rend justice à la vivacité de plume de Sénèque ;
  • un dossier de textes de commentateurs, qui permet de prendre la mesure de l'influence qu'eut ce maître de la philosophie ancienne : Quintilien, Montaigne, Saint-Évremond, Diderot...


 

Préface, traduction et commentaires de Pierre Miscevic, professeur en khâgne au lycée Condorcet.

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EAN : 9782266033992
Code sériel : 63
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 224
Format : 108 x 177 mm
EAN : 9782266033992
Code sériel : 63
Façonnage normé : POCHE
Nombre de pages : 224
Format : 108 x 177 mm

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Livretoi 30/03/2024
    124 lettres de Sénèque abordant les grandes problématiques de la vie sous un angle existentiel et philosophique sans que les thèmes des lettres soient rigoureusement circonscris. Les frontières entre les thématiques sont parfois ténues, entre philosophie-sagesse-vertu-tempérance etc. il est parfois difficile de faire un tri. Cependant, pour des raisons de commodité je me suis fait une synthèse d'extraits en 10 pages que j'ai classés selon les thématiques suivantes, choix arbitraire de ma part : Amitié (choix des amis, besoin d'amis, absence des amis, nature de l'amitié), Amour, Apprentissage, Prudence, Anticipation, Avoir un but, Persévérance, Discours et Ecriture, Lecture, Bonheur (bonheur et plaisirs, bonheur et vertus, bonheur et sérénité intérieure, bonheur et autosuffisance), Nature, Corps, Maladie, Vieillesse, Deuil de la perte, Mort, Suicide, Nature, Pauvreté/Richesse/Réussite, Solitude/Foule, le Temps, la vie (vivre, art de vivre, vivre bien, relation aux autres), Les Plaisirs, Voyage et Aventure, Vertu et qualités humaines, Philosophie/Stoïcisme, Sagesse (Sagesse et nécessité, Sagesse et optimisme, Sagesse pratique). Le style est irréprochable, fluide, agréable, mais la lecture nécessite quelques pauses car on trouve des redondances. Heureusement les formulations, toujours esthétiques, varient. L'ouvrage offre une magnifique occasion de prendre ses distances avec la société de consommation, le culte des apparences, l'accumulation de richesses, la quête de pouvoir, l'insatisfaction permanente, le désir insatiable, source de frustration. Mais ce n'est pas dans l'air du temps. On a quand même l'impression que ce livre s'adresse à des personnes ayant déjà atteint une pleine maturité et qui veulent approfondir. Les pages sur le suicide (à rapprocher du débat sur l'euthanasie) sont d'une grande actualité : voir les extraits sur ce thème du suicide en Citations.124 lettres de Sénèque abordant les grandes problématiques de la vie sous un angle existentiel et philosophique sans que les thèmes des lettres soient rigoureusement circonscris. Les frontières entre les thématiques sont parfois ténues, entre philosophie-sagesse-vertu-tempérance etc. il est parfois difficile de faire un tri. Cependant, pour des raisons de commodité je me suis fait une synthèse d'extraits en 10 pages que j'ai classés selon les thématiques suivantes, choix arbitraire de ma part : Amitié (choix des amis, besoin d'amis, absence des amis, nature de l'amitié), Amour, Apprentissage, Prudence, Anticipation, Avoir un but, Persévérance, Discours et Ecriture, Lecture, Bonheur (bonheur et plaisirs, bonheur et vertus, bonheur et sérénité intérieure, bonheur et autosuffisance), Nature, Corps, Maladie, Vieillesse, Deuil de la perte, Mort, Suicide, Nature, Pauvreté/Richesse/Réussite, Solitude/Foule, le Temps, la vie (vivre, art de vivre, vivre bien, relation aux autres), Les Plaisirs, Voyage et Aventure, Vertu et qualités humaines, Philosophie/Stoïcisme, Sagesse (Sagesse et nécessité, Sagesse et optimisme, Sagesse pratique). Le style est irréprochable, fluide, agréable, mais la lecture nécessite quelques pauses car on trouve des redondances. Heureusement les formulations, toujours esthétiques, varient. L'ouvrage offre une magnifique occasion de prendre ses distances avec la société de consommation, le culte des apparences, l'accumulation de richesses,...
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  • lebelier 19/12/2023
    Monument de la philosophie, les lettres à Lucilius tiennent une place importante dans l'œuvre de Sénèque. Je l'ai lu dans la traduction de Henri Noblot édité par la Société des Belles Lettres sous le patronage de l'Association Guillaume Budé et diffusé par autorisation spéciale par le Club Français du Livre. Voilà pour l'édition qui contient ni plus ni moins que 125 lettres réparties en plusieurs « livres » mais là, je ne sais si cette partition est juste car on passe du onzième livre au quatorzième. J'ai donc lu l'ouvrage, comme on dit, « la plume à la main » et au « fil des jours » pour compléter les lieux communs. Ce que je vais regrouper ici est le résumé de mes notes et des citations de Sénèque. Rien ne sera exempt de paraphrase par endroits. Il faut dire aussi que Sénèque insiste, se répète beaucoup sur les thèmes qui lui tiennent à cœur et il a le défaut de faire beaucoup de digressions. Cet avertissement donné voilà le résultat de ma lecture. Pour les citations, je mettrai entre parenthèses le numéro des lettres d'où elles sont tirées. Ces Lettres à son disciple Lucilius -guère plus jeune que lui - sont écrites par Sénèque en son vieil âge et commencent, se répètent par des appels à la vie sobre à la façon que doit avoir le philosophe de « se retenir » . Il est plus facile de mourir en méprisant la vie. Comme les épicuriens, Sénèque pense que, soit la mort n'est pas présente, et l'on est vivant, soit elle est passée et on ne le sait pas. C'est aussi un thème qui revient dans ces lettres. De même, il ne faut exagérer ni sa pauvreté ni sa richesse mais, sur le plan matériel, s'intégrer au peuple, au commun des mortels. Ne pas se faire remarquer est un maître mot et il y en a d'autres. « L'objet de la philosophie, sa première promesse c'est l'autorité du sens commun, la culture humaine, le rapprochement social » (5) Il se contredit un peu plus loin, dans la lettre 7, où il recommande d'éviter la foule car, dans celle-ci, il y a toujours quelqu'un qui incite au vice. Il prône la retraite du sage car le sage ne peut manquer de rien ni d'amis véritables ni de richesse qui, chez l'auteur ne peut être qu'intérieure. Comme Montaigne l'a repris plus tard, on doit vivre chaque jour comme si c'était le dernier mais on ne doit pas anticiper ses malheurs et craindre la mort. Ainsi la philosophie préserve l'individu de l'adversité et reste la meilleure conseillère qu'il soit. La philosophie ne rend pas riche, c'est une richesse. « Si quelque chose t'empêche de bien vivre, rien ne t'empêche de bien mourir. » (17) «Le mal n'est pas dans les choses, il est dans l'âme. » (17) Se préparer à la pauvreté pour la rendre plus facile si elle vient, mépriser la gloire, être prêt en toutes choses, apprendre à bien vieillir et apprendre à mourir en se détachant progressivement de la vie, chercher la paix de l'âme plutôt que les biens matériels car l'âme ne peut diminuer contrairement au reste. Pour éprouver l'homme de bien, il faut lui donner le pouvoir et voir ce qu'il en fait. La recherche du bonheur est objet de tourments. le rechercher c'est le fuir. « Ce n'est pas le nombre de tes livres mais leur qualité qui importe : la lecture à programme défini profite, diversifiée elle n'est qu'amusement. » (45) Je suis plus ou moins d'accord - comme avec beaucoup d'idées de Sénèque - car je pense que la lecture diversifiée et récréative peut être tout aussi profitable : elle ouvre l'esprit, le repose et cela reste de la lecture. Des accents qu'on retrouve chez La Boétie : « La plus indigne des servitudes est la servitude volontaire. » (47) et d'autres dans le Christianisme : « Vis pour autrui si tu veux vivre pour toi. » (48) La philosophie doit rester discrète : « La philosophie a perdu, personne n'en doutera, depuis qu'on l'a livrée à la foule. » (52) Malade, Sénèque s'est préparé à la mort : « Imite celui-là qui ne répugne pas à mourir, bien qu'il se plaise à vivre. » Attention aux fausses joies. La vraie joie est difficile à atteindre. On a ici une préfiguration de Spinoza : « On un des attributs de la joie est de ne pas cesser, de ne pas se trouver dans un état contraire. » (59) Sénèque console Lucilius qui vient de perdre un ami. Il part du principe que « toute douleur a un terme » et prône un deuil doux sans trop de larmes et sans sanglots. Les grandes démonstrations de douleur font que le chagrin ne dure pas vraiment : « Aussi travaillons à nous rendre douce la mémoire des êtres disparus, car personne n'aime à revenir sur une pensée qui ne peut que réveiller des tourments. » (63) Le but de la philosophie est de travailler à rechercher le « souverain bien » par une imitation de la nature avec l'aide de la raison : « On ne conçoit pas le bien sans raison. Or la raison suit la nature. Qu'est-ce donc que la raison ? L'imitation de la nature. Quel est le souverain bien de l'homme ? Une conduite conforme aux volontés de la nature. » (66) Les petits accidents de la vie ou même les plus grands donnent des indices du moment où ils vont frapper mais pas la malfaisance humaine car « l'homme détruit l'homme par plaisir ». Penser à son devoir d'homme, se réjouir de la fortune des autres et être sensible à leurs infortunes, se réfugier et retourner à la philosophie comme dans un sanctuaire. Sénèque pensait que les voyages ne servent pas à guérir l'âme tourmentée : « Mais celui qui va choisissant ses villégiatures et court après le repos, il trouvera en tout lieu de quoi se tracasser. (104) Si l'âme est animal, il n'en est pas de même des actions qui en découlent. Il la compare à un roi quand elle n'est habitée de passions et à un tyran quand les vices la submergent. Il y a en cela deux causes : on ne pense pas être mortel pas plus qu'un être unique. Il faut savoir limiter ses désirs : « …quoi que tu fasses, donne un regard à la mort. » (114) Les biens résident en l'action, non comme concepts. La réussite, l'objet atteint ne sont que des illusions de bonheur : « Cependant la masse admire ce qui de loin lui en impose : ce sont des choses paraissant bonnes au vulgaire qui passent pour considérables. » (118) La faim et la soif ont juste besoin d'être rassasiées ou étanchées que ce soit avec des mets ou des boissons riches ou simples le résultat sera le même : « La faim n'a pas de prétentions. Il lui suffit d'être calmée : elle ne se soucie guère avec quoi. » Certes, il fut plus facile pour Sénèque enrichi en son vieil âge de prôner la sobriété et la fuite des plaisirs. On peut se poser la question en ce qui concerne ceux qui n'ont rien et les jeunes gens qui n'ont pas fait l'expérience des plaisirs : « Vouloir ce qui suffit, c'est avoir ce que l'on veut. » (108) Qui rejoint le fameux proverbe chinois : « celui qui se contente de peu a déjà tout ce qu'il lui faut. » (Je crois que je l'ai entendu dans Tanguy !) Et il y a encore du travail à faire : "...le jour où tu tiendras ton vrai bien sera celui où tu reconnaîtras que les plus malheureux des hommes, sont les plus heureux de ce monde. "(124) Monument de la philosophie, les lettres à Lucilius tiennent une place importante dans l'œuvre de Sénèque. Je l'ai lu dans la traduction de Henri Noblot édité par la Société des Belles Lettres sous le patronage de l'Association Guillaume Budé et diffusé par autorisation spéciale par le Club Français du Livre. Voilà pour l'édition qui contient ni plus ni moins que 125 lettres réparties en plusieurs « livres » mais là, je ne sais si cette partition est juste car on passe du onzième livre au quatorzième. J'ai donc lu l'ouvrage, comme on dit, « la plume à la main » et au « fil des jours » pour compléter les lieux communs. Ce que je vais regrouper ici est le résumé de mes notes et des citations de Sénèque. Rien ne sera exempt de paraphrase par endroits. Il faut dire aussi que Sénèque insiste, se répète beaucoup sur les thèmes qui lui tiennent à cœur et il a le défaut de faire beaucoup de digressions. Cet avertissement donné voilà le résultat de ma lecture. Pour les citations, je mettrai entre parenthèses le numéro des lettres d'où elles sont tirées. Ces Lettres à son disciple Lucilius -guère plus jeune que lui -...
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  • gerardmuller 09/08/2023
    Lettres à Lucilius Sénèque (4 av. JC / 65 ap. JC) Cet excellent ouvrage contenant quelques-unes des nombreuses lettres de Sénèque à Lucilius demande d’une part une présentation du personnage de Sénèque et d’autre part un rapide exposé des idées qu’il développe. Sénèque, un des philosophes les plus lus de l’histoire de la philosophie, est né à Cordoue en 4 avant J.C. Il suivit une formation de rhétoricien en même temps que de philosophe, s’intéressa au pythagorisme avant d’adhérer à la doctrine stoïcienne. Avocat puis questeur et sénateur, Sénèque fut un très grand orateur et écrivain. Caligula, jaloux de sa réussite, entreprit en 39 de le faire condamner à mort. Sénèque échappa de justesse à la condamnation et se retira en Corse en 41. À l’avènement de Néron, après avoir été son précepteur, Sénèque devient son conseiller politique personnel et l’Empire romain est en fait dirigé et géré de façon avisée pendant huit ans par Sénèque lui-même. En 65, suite à une dénonciation calomnieuse, Sénèque se suicide. Les lettres à Lucilius, son vieil ami et disciple bien aimé, adepte d’un épicurisme hédoniste, procurateur en Sicile, furent écrites peu de temps avant son suicide afin de lui transmettre la somme de ses méditations en vue de cultiver sa vie intérieure et infléchir sa vie vers le stoïcisme. On remarquera la limpidité, la simplicité et le concret de ses propos qui sont considérés comme un des chefs d‘œuvre de la littérature philosophique, exprimant nos forces et nos faiblesses, afin les connaissant de tendre vers le bonheur. Un magnifique message d’espoir et un ouvrage universel, que laisse Sénèque à son ami. Pour Sénèque, continuateur de la philosophie hellénistique, la philosophie est un art, une véritable médecine de l’âme ayant pour but d’affranchir les hommes de l’extériorité et d’opérer un retour sur soi, et le premier élément à domestiquer, c’est le temps, qu’il faut savoir recueillir et ménager. « En étant maître du présent, tu dépendras moins de l’avenir. » Et il ajoute plus loin : « Je succombe au sommeil plutôt que je ne m’y livre ! » Il exprime son goût des voyages et de la lecture, et pour lui ce n’est pas parce que l’on possède peu que l’on est pauvre, c’est parce qu’on désire plus ! Savoir choisir ses amis, ne pas faire comme tout le monde, et la philosophie vous enseigne le bon sens, l’amour de l’humain et la solidarité. Ne pas dédaigner les plaisirs : « La sensualité n’est autre que la quête du raffinement, et il faudrait être fou pour fuit les plaisirs les plus simples et les plus accessibles. » Une série de conseils de Sénèque à son ami : « Fuir la foule et sa cruauté, ne point ressembler aux méchants parce qu’ils sont les plus nombreux, ne point haïr le grand nombre parce qu’il diffère de nous…Fréquente ceux qui te rendront meilleur, reçois ceux que tu peux rendre tels. » Ne pas oublier que la sagesse est le fruit d’un travail sur soi. N’accorder au corps que le strict nécessaire à la bonne santé : « Manger doit seulement apaiser la faim, boire étancher la soif, le vêtement garantir du froid, le logement abriter contre l’inclémence des saisons. » Parlant de l’amour, cette belle formule : « C’est par son propre feu que l’amour, insoucieux de tout les reste, embrase les âmes pour la beauté physique, non sans espoir d’une mutuelle tendresse. » Et l’amitié ? Bien qu’il se suffise quant à son bonheur, le sage a besoin d’amis. Abordant la vieillesse : « L’enfance n’a tout son éclat qu’au moment où elle passe ; pour les buveurs, la dernière rasade est toujours la bonne, c’est le coup qui les noie, qui rend l’ivresse parfaite. » Et il cite l’anecdote de Pacuvius qui s’était emparé de la Syrie et qui répétait ses funérailles à chaque victoire se livrant à des libations et une formidable débauche. Sénèque plus raisonnable déclare que ce que Pacuvius faisait par dépravation, il souhaite le faire dans la paix de l’âme et se préparer à la mort chaque soir au moment de se coucher. Philosopher doit être un exercice quotidien en quête de la sagesse car la vie heureuse est le fruit d’une sagesse parfaite. Et pour cela, s’adonner à la méditation, suivre son dieu et supporter la Fortune, mépriser la fatigue, n’écouter que soi. Le bien, c’est le savoir. Le mal, c’est l’ignorance. La grandeur de l’homme c’est sa raison et reconnaître ses défauts est le premier pas vers la vertu. Philosopher, c’est se préparer à mourir en acceptant l’inévitable. Et Sénèque d’écrire : « Avant de vieillir, j’ai songé à bien vivre, et dans ma vieillesse à bien mourir, mourir sans regret. » Nécessairement le hasard possède sur notre vie un pouvoir immense ; nous vivons au gré du hasard. Dans l’action à juger, il faut privilégier l’intention, car le mérite n’est pas dans l’action mais dans la manière de la faire. S’efforcer d’être toujours égal à soi-même. Sénèque met en garde Lucilius contre l’ambition et la vanité de l’action politique. Sénèque privilégie l’échange privé, l’intimité du dialogue avec un disciple ici illustrée à travers sa correspondance avec Lucillius plutôt que l’enseignement en classe. Une relation unit alors le maître à penser et son disciple qui est archétypique de la pensée gréco-latine et qui a pour seule finalité l’art de bien vivre. La valeur du dialogue permet alors une union intellectuelle entre un maître exemplaire modèle de vertu à imiter et un disciple, union qui implique une amitié. Alors que l’épicurisme considère le rapport à autrui comme l’une des deux clés essentielles du bonheur, l’autre étant la pratique de la philosophie, les stoïciens sont indifférents à l’affection et à l’estime d’autrui, à l’altérité en général, fuient l’opinion du vulgum pecus et préfèrent se retrouver seuls avec eux-mêmes, leur vertu étant alors leur seul bien, nécessaire et suffisant. Quand on songe aux conditions de vie de cette époque, on est étonné de la hauteur de la pensée dans ce monde gréco-romain, un monde inégalé avec des penseurs toujours de nos jours considérés, Sénèque, Épicure, Démocrite, Platon, Héraclite, Marc-Aurèle et encore bien d’autres. Un ouvrage qui se lit par petits chapitres en laissant sa pensée voguer. Lettres à Lucilius Sénèque (4 av. JC / 65 ap. JC) Cet excellent ouvrage contenant quelques-unes des nombreuses lettres de Sénèque à Lucilius demande d’une part une présentation du personnage de Sénèque et d’autre part un rapide exposé des idées qu’il développe. Sénèque, un des philosophes les plus lus de l’histoire de la philosophie, est né à Cordoue en 4 avant J.C. Il suivit une formation de rhétoricien en même temps que de philosophe, s’intéressa au pythagorisme avant d’adhérer à la doctrine stoïcienne. Avocat puis questeur et sénateur, Sénèque fut un très grand orateur et écrivain. Caligula, jaloux de sa réussite, entreprit en 39 de le faire condamner à mort. Sénèque échappa de justesse à la condamnation et se retira en Corse en 41. À l’avènement de Néron, après avoir été son précepteur, Sénèque devient son conseiller politique personnel et l’Empire romain est en fait dirigé...
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  • TomLanneau 14/05/2023
    Généralement d'avantage porté sur les romans contemporains, il m'arrive d'acheter des classiques qui patientent durant des temps immémoriaux sur mes étagères jusqu'au jour où je décide de m'y attaquer. Les lettres à Lucilius relèvent de ce cas de figure. Et quel plaisir de l'avoir lu ! Ce livre compile les 29 premières lettres d'une correspondance épistolaire entre Sénèque, philosophe Stoïcien, et Lucilius, un jeune disciple épicurien. Si le nombre de pages est relativement faible, la densité des textes et la profondeur des réflexions nécessite de prendre le temps de se plonger dans cette ouvrage. Et j'en ressors avec de nouvelles pensées qui m'ont particulièrement plu concernant la peur, la mort, l'amitié, le temps, la sagesse, l'adversité...
  • Levant 26/04/2022
    « Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. » A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes et lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider. Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée au pinacle du comportement intellectuel. Faculté de l'Être pensant prônée par le philosophe pour faire contrepoids à celle prônée par le dévot : la Croyance. Raison contre Croyance, pour une finalité toutefois identique : venir au secours de l'Être pensant contre l'obsession de sa finitude. Apprivoiser l'idée de la mort. L'idée, nous dit Sénèque, étant plus assassine que la mort elle-même. Figurez-vous, nous dit-il, qu'il en est qui se donnent la mort pour se libérer de l'idée de la mort. Un comble. A lire des textes de philosophes antiques, les éminents qui ont pignons sur rue en la matière tel Sénèque, il faut s'attendre à aborder ces questions essentielles telles que, outre la plus fondamentale de toutes qu'est la vie et son issue, le bonheur, les plaisirs terrestres, le rationnel et l'irrationnel, le vice et la vertu, l'amitié, la sagesse, la maladie, la douleur, et tant d'autres réflexions que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans ses lettres dont les copies sont miraculeusement parvenues jusqu'à nous, et certaines retranscrites dans cet ouvrage de la collection Agora chez Pocket. Même si « la philosophie n'est point un art fait pour plaire à la foule » selon Sénèque dans sa lettre XVI, son discours est empreint de simplicité dans le langage et accessible au vulgaire, dont je suis un digne représentant, grâce la traduction qui nous est offerte par cette collection. Il est bien clair que sans ce travail de latiniste patenté, mes universités dissipées me rendraient la parole du célèbre rhéteur inabordable. Il est bien clair aussi que pour les disciples d'Epicure que nous sommes devenus par facilité de préférence au discours du sage lequel veut nous éloigner des plaisirs du corps, le discours d'un Sénèque peut sembler rébarbatif. Mais l'âge venant et l'idée de la fin obsédant conduisent les uns à se rapprocher de l'autel du mystique, les autres à avoir recours à la Raison. Il est quand même un sujet sur lequel on ne le suivra pas le grand Sénèque, lequel a joint le geste à la parole, quand il nous dit qu'il vaut mieux se donner une fin honorable plutôt que de vivre dans la mésestime de soi. Une chose que l'on doit ajouter au crédit de notre époque, outre les crèmes anti rides pour satisfaire notre narcissisme, est le recours aux psychologue et anti dépresseurs, à défaut du philosophe plus culpabilisant à notre goût, pour nous aider à supporter nos humeurs chagrines. Autre temps autre moeurs même si « que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés. » etc… etc… « Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. » A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes et lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider. Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée...
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