Lettres à Lucilius : Le livre de Sénèque

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Ces lettres sont comme le journal intime et philosophique de Sénèque. Il y évoque ses doutes et ses drames de conscience, affronte les grands problèmes philosophiques et moraux que chacun se pose, en son temps comme aujourd'hui, et leur apporte des réponses empreintes d'une sagesse prudente et mesurée. Ainsi, ce texte est aussi bien le roman d'une âme exceptionnelle qu'une brillante initiation à l'un des courants majeurs de la philosophie antique, le stoïcisme.

Cette édition présente :


une introduction ;
un choix des lettres les plus importantes, dans une nouvelle traduction qui rend justice à la vivacité de plume de Sénèque ;
un dossier de textes de commentateurs, qui permet de prendre la mesure de l'influence qu'eut ce maître de la philosophie ancienne : Quintilien, Montaigne, Saint-Évremond, Diderot...



Préface, traduction et commentaires de Pierre Miscevic, professeur en khâgne au lycée Condorcet.

De (auteur) : Sénèque
Traduit par : Pierre Miscevic

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Expérience de lecture

Avis Babelio

Livretoi

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 1 an

124 lettres de Sénèque abordant les grandes problématiques de la vie sous un angle existentiel et philosophique sans que les thèmes des lettres soient rigoureusement circonscris. Les frontières entre les thématiques sont parfois ténues, entre philosophie-sagesse-vertu-tempérance etc. il est parfois difficile de faire un tri. Cependant, pour des raisons de commodité je me suis fait une synthèse d'extraits en 10 pages que j'ai classés selon les thématiques suivantes, choix arbitraire de ma part : Amitié (choix des amis, besoin d'amis, absence des amis, nature de l'amitié), Amour, Apprentissage, Prudence, Anticipation, Avoir un but, Persévérance, Discours et Ecriture, Lecture, Bonheur (bonheur et plaisirs, bonheur et vertus, bonheur et sérénité intérieure, bonheur et autosuffisance), Nature, Corps, Maladie, Vieillesse, Deuil de la perte, Mort, Suicide, Nature, Pauvreté/Richesse/Réussite, Solitude/Foule, le Temps, la vie (vivre, art de vivre, vivre bien, relation aux autres), Les Plaisirs, Voyage et Aventure, Vertu et qualités humaines, Philosophie/Stoïcisme, Sagesse (Sagesse et nécessité, Sagesse et optimisme, Sagesse pratique). Le style est irréprochable, fluide, agréable, mais la lecture nécessite quelques pauses car on trouve des redondances. Heureusement les formulations, toujours esthétiques, varient. L'ouvrage offre une magnifique occasion de prendre ses distances avec la société de consommation, le culte des apparences, l'accumulation de richesses, la quête de pouvoir, l'insatisfaction permanente, le désir insatiable, source de frustration. Mais ce n'est pas dans l'air du temps. On a quand même l'impression que ce livre s'adresse à des personnes ayant déjà atteint une pleine maturité et qui veulent approfondir. Les pages sur le suicide (à rapprocher du débat sur l'euthanasie) sont d'une grande actualité : voir les extraits sur ce thème du suicide en Citations.

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gerardmuller

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Lettres à Lucilius Sénèque (4 av. JC / 65 ap. JC) Cet excellent ouvrage contenant quelques-unes des nombreuses lettres de Sénèque à Lucilius demande d’une part une présentation du personnage de Sénèque et d’autre part un rapide exposé des idées qu’il développe. Sénèque, un des philosophes les plus lus de l’histoire de la philosophie, est né à Cordoue en 4 avant J.C. Il suivit une formation de rhétoricien en même temps que de philosophe, s’intéressa au pythagorisme avant d’adhérer à la doctrine stoïcienne. Avocat puis questeur et sénateur, Sénèque fut un très grand orateur et écrivain. Caligula, jaloux de sa réussite, entreprit en 39 de le faire condamner à mort. Sénèque échappa de justesse à la condamnation et se retira en Corse en 41. À l’avènement de Néron, après avoir été son précepteur, Sénèque devient son conseiller politique personnel et l’Empire romain est en fait dirigé et géré de façon avisée pendant huit ans par Sénèque lui-même. En 65, suite à une dénonciation calomnieuse, Sénèque se suicide. Les lettres à Lucilius, son vieil ami et disciple bien aimé, adepte d’un épicurisme hédoniste, procurateur en Sicile, furent écrites peu de temps avant son suicide afin de lui transmettre la somme de ses méditations en vue de cultiver sa vie intérieure et infléchir sa vie vers le stoïcisme. On remarquera la limpidité, la simplicité et le concret de ses propos qui sont considérés comme un des chefs d‘œuvre de la littérature philosophique, exprimant nos forces et nos faiblesses, afin les connaissant de tendre vers le bonheur. Un magnifique message d’espoir et un ouvrage universel, que laisse Sénèque à son ami. Pour Sénèque, continuateur de la philosophie hellénistique, la philosophie est un art, une véritable médecine de l’âme ayant pour but d’affranchir les hommes de l’extériorité et d’opérer un retour sur soi, et le premier élément à domestiquer, c’est le temps, qu’il faut savoir recueillir et ménager. « En étant maître du présent, tu dépendras moins de l’avenir. » Et il ajoute plus loin : « Je succombe au sommeil plutôt que je ne m’y livre ! » Il exprime son goût des voyages et de la lecture, et pour lui ce n’est pas parce que l’on possède peu que l’on est pauvre, c’est parce qu’on désire plus ! Savoir choisir ses amis, ne pas faire comme tout le monde, et la philosophie vous enseigne le bon sens, l’amour de l’humain et la solidarité. Ne pas dédaigner les plaisirs : « La sensualité n’est autre que la quête du raffinement, et il faudrait être fou pour fuit les plaisirs les plus simples et les plus accessibles. » Une série de conseils de Sénèque à son ami : « Fuir la foule et sa cruauté, ne point ressembler aux méchants parce qu’ils sont les plus nombreux, ne point haïr le grand nombre parce qu’il diffère de nous…Fréquente ceux qui te rendront meilleur, reçois ceux que tu peux rendre tels. » Ne pas oublier que la sagesse est le fruit d’un travail sur soi. N’accorder au corps que le strict nécessaire à la bonne santé : « Manger doit seulement apaiser la faim, boire étancher la soif, le vêtement garantir du froid, le logement abriter contre l’inclémence des saisons. » Parlant de l’amour, cette belle formule : « C’est par son propre feu que l’amour, insoucieux de tout les reste, embrase les âmes pour la beauté physique, non sans espoir d’une mutuelle tendresse. » Et l’amitié ? Bien qu’il se suffise quant à son bonheur, le sage a besoin d’amis. Abordant la vieillesse : « L’enfance n’a tout son éclat qu’au moment où elle passe ; pour les buveurs, la dernière rasade est toujours la bonne, c’est le coup qui les noie, qui rend l’ivresse parfaite. » Et il cite l’anecdote de Pacuvius qui s’était emparé de la Syrie et qui répétait ses funérailles à chaque victoire se livrant à des libations et une formidable débauche. Sénèque plus raisonnable déclare que ce que Pacuvius faisait par dépravation, il souhaite le faire dans la paix de l’âme et se préparer à la mort chaque soir au moment de se coucher. Philosopher doit être un exercice quotidien en quête de la sagesse car la vie heureuse est le fruit d’une sagesse parfaite. Et pour cela, s’adonner à la méditation, suivre son dieu et supporter la Fortune, mépriser la fatigue, n’écouter que soi. Le bien, c’est le savoir. Le mal, c’est l’ignorance. La grandeur de l’homme c’est sa raison et reconnaître ses défauts est le premier pas vers la vertu. Philosopher, c’est se préparer à mourir en acceptant l’inévitable. Et Sénèque d’écrire : « Avant de vieillir, j’ai songé à bien vivre, et dans ma vieillesse à bien mourir, mourir sans regret. » Nécessairement le hasard possède sur notre vie un pouvoir immense ; nous vivons au gré du hasard. Dans l’action à juger, il faut privilégier l’intention, car le mérite n’est pas dans l’action mais dans la manière de la faire. S’efforcer d’être toujours égal à soi-même. Sénèque met en garde Lucilius contre l’ambition et la vanité de l’action politique. Sénèque privilégie l’échange privé, l’intimité du dialogue avec un disciple ici illustrée à travers sa correspondance avec Lucillius plutôt que l’enseignement en classe. Une relation unit alors le maître à penser et son disciple qui est archétypique de la pensée gréco-latine et qui a pour seule finalité l’art de bien vivre. La valeur du dialogue permet alors une union intellectuelle entre un maître exemplaire modèle de vertu à imiter et un disciple, union qui implique une amitié. Alors que l’épicurisme considère le rapport à autrui comme l’une des deux clés essentielles du bonheur, l’autre étant la pratique de la philosophie, les stoïciens sont indifférents à l’affection et à l’estime d’autrui, à l’altérité en général, fuient l’opinion du vulgum pecus et préfèrent se retrouver seuls avec eux-mêmes, leur vertu étant alors leur seul bien, nécessaire et suffisant. Quand on songe aux conditions de vie de cette époque, on est étonné de la hauteur de la pensée dans ce monde gréco-romain, un monde inégalé avec des penseurs toujours de nos jours considérés, Sénèque, Épicure, Démocrite, Platon, Héraclite, Marc-Aurèle et encore bien d’autres. Un ouvrage qui se lit par petits chapitres en laissant sa pensée voguer.

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TomLanneau

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 2 ans

Généralement d'avantage porté sur les romans contemporains, il m'arrive d'acheter des classiques qui patientent durant des temps immémoriaux sur mes étagères jusqu'au jour où je décide de m'y attaquer. Les lettres à Lucilius relèvent de ce cas de figure. Et quel plaisir de l'avoir lu ! Ce livre compile les 29 premières lettres d'une correspondance épistolaire entre Sénèque, philosophe Stoïcien, et Lucilius, un jeune disciple épicurien. Si le nombre de pages est relativement faible, la densité des textes et la profondeur des réflexions nécessite de prendre le temps de se plonger dans cette ouvrage. Et j'en ressors avec de nouvelles pensées qui m'ont particulièrement plu concernant la peur, la mort, l'amitié, le temps, la sagesse, l'adversité...

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Levant

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

« Que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés, parce qu'on les voit chez tout le monde ou presque ! L'une des causes de nos malheurs est que nous vivons en prenant exemple sur autrui : nous ne nous réglons pas sur la Raison, mais nous laissons détourner par les usages. » A lire cette citation on se dit qu'il s'agit d'une réflexion de quelque observateur bien contemporain de nos coutumes consuméristes. Il faut alors que je détrompe le lecteur de ces lignes et lui dévoiler que cette citation est tirée de la lettre CXXIII, que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans les années 60 (tout court) de notre ère. Peu de temps avant que son élève pour le moins turbulent, le bien nommé Néron, empereur de Rome de 54 à 68 après JC, ne lui suggère de se suicider. Cette citation, que deux millénaires nous séparent de son auteur, nous fait dire que peu de choses ont changé en ce bas monde depuis qu'il est peuplé de bipèdes investis par l'intelligence. Intelligents peut-être, mais quand même pas suffisamment accessibles à la Raison, qui pour le coup sous le stylet de Sénèque prend la majuscule tant elle est haussée au pinacle du comportement intellectuel. Faculté de l'Être pensant prônée par le philosophe pour faire contrepoids à celle prônée par le dévot : la Croyance. Raison contre Croyance, pour une finalité toutefois identique : venir au secours de l'Être pensant contre l'obsession de sa finitude. Apprivoiser l'idée de la mort. L'idée, nous dit Sénèque, étant plus assassine que la mort elle-même. Figurez-vous, nous dit-il, qu'il en est qui se donnent la mort pour se libérer de l'idée de la mort. Un comble. A lire des textes de philosophes antiques, les éminents qui ont pignons sur rue en la matière tel Sénèque, il faut s'attendre à aborder ces questions essentielles telles que, outre la plus fondamentale de toutes qu'est la vie et son issue, le bonheur, les plaisirs terrestres, le rationnel et l'irrationnel, le vice et la vertu, l'amitié, la sagesse, la maladie, la douleur, et tant d'autres réflexions que Sénèque adressa à son ami Lucilius dans ses lettres dont les copies sont miraculeusement parvenues jusqu'à nous, et certaines retranscrites dans cet ouvrage de la collection Agora chez Pocket. Même si « la philosophie n'est point un art fait pour plaire à la foule » selon Sénèque dans sa lettre XVI, son discours est empreint de simplicité dans le langage et accessible au vulgaire, dont je suis un digne représentant, grâce la traduction qui nous est offerte par cette collection. Il est bien clair que sans ce travail de latiniste patenté, mes universités dissipées me rendraient la parole du célèbre rhéteur inabordable. Il est bien clair aussi que pour les disciples d'Epicure que nous sommes devenus par facilité de préférence au discours du sage lequel veut nous éloigner des plaisirs du corps, le discours d'un Sénèque peut sembler rébarbatif. Mais l'âge venant et l'idée de la fin obsédant conduisent les uns à se rapprocher de l'autel du mystique, les autres à avoir recours à la Raison. Il est quand même un sujet sur lequel on ne le suivra pas le grand Sénèque, lequel a joint le geste à la parole, quand il nous dit qu'il vaut mieux se donner une fin honorable plutôt que de vivre dans la mésestime de soi. Une chose que l'on doit ajouter au crédit de notre époque, outre les crèmes anti rides pour satisfaire notre narcissisme, est le recours aux psychologue et anti dépresseurs, à défaut du philosophe plus culpabilisant à notre goût, pour nous aider à supporter nos humeurs chagrines. Autre temps autre moeurs même si « que d'objets nous achetons parce que d'autres les ont achetés. » etc… etc…

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Essais
  • EAN
    9782266033992
  • Collection ou Série
    Agora
  • Format
    Poche
  • Nombre de pages
    224
  • Dimensions
    178 x 109 mm

L'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

8,70 € Poche 224 pages