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La grâce - Prix de Flore 2020
Date de parution : 27/08/2020
Éditeurs :
Plon

La grâce - Prix de Flore 2020

Date de parution : 27/08/2020
« J’ai essayé d’approcher au plus près ce miracle qui fait surgir la lumière au plus profond de la noirceur. »
Prix de Flore 2020 - Rentrée littéraire 2020
Il y a quatre ans, j’ai sombré dans une vertigineuse dépression. Je ne trouvais plus aucun sens à l’existence. Jusqu’à cette nuit, dans la chapelle d’un monastère, où j’ai été... Il y a quatre ans, j’ai sombré dans une vertigineuse dépression. Je ne trouvais plus aucun sens à l’existence. Jusqu’à cette nuit, dans la chapelle d’un monastère, où j’ai été touché par la grâce. Par la sensation inouïe d’un contact charnel avec Dieu.
Pour moi qui ai toujours été athée, cette...
Il y a quatre ans, j’ai sombré dans une vertigineuse dépression. Je ne trouvais plus aucun sens à l’existence. Jusqu’à cette nuit, dans la chapelle d’un monastère, où j’ai été touché par la grâce. Par la sensation inouïe d’un contact charnel avec Dieu.
Pour moi qui ai toujours été athée, cette révélation relevait de l’incompréhensible. Quel en était le sens ? Qu’avais-je éprouvé réellement ? Était-il possible qu’un au-delà existe ? Une seule personne pouvait me répondre : Christian.
Cet oncle, frère franciscain, que je connaissais à peine, allait être emporté par la maladie au moment-même où je renouais avec lui. Mais à sa mort, je découvris, renversé, que Christian avait été touché par la grâce à 37 ans. Comme moi. Et qu’il avait vécu jusqu’à cet âge une vie de fêtes et d’excès, en parfaite opposition avec la foi. Comme moi aussi. En enquêtant sur ce destin extraordinaire qui l’avait vu troquer le smoking des soirées mondaines pour la robe de bure des frères mineurs, j’ai essayé d’approcher au plus près ce miracle qui fait surgir la lumière au plus profond de la noirceur. Et des étincelles de grâce, que l’on croit ou pas, dans la brume de nos quotidiens.
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EAN : 9782259284370
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 368
Format : 135 x 210 mm
EAN : 9782259284370
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 368
Format : 135 x 210 mm

Ils en parlent

« Le projet est ambitieux, le livre complexe et divers, à la fois métaphysique, érudit, et flirtant avec l'autodérision. Le talent d'un écrivain, c'est aussi une forme de grâce. »
Jean-Claude Perrier / Livres Hebdo

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • brochardclip 08/01/2023
    A défaut de grive, on mange du merle. Ce livre trônait sur une gondole de mon bouquiniste préféré et correspondait à la catégorie mais les bondieuseries ce n'est pas vraiment mon truc. A ma grande surprise, lorsque j'ai ouvert le livre, j'ai été happée par l'histoire, les histoires à vrai dire de Dupont de Ligonnès de fervent chrétien qui s'est transformé en diable, à François d'Assise et son oncle Christian qui se sont transformés de diables en chrétiens touchés par la Grâce. Ce roman mérite un détour car malgré une couverture sage et épurée, l'écrit est souvent cru et sans concession.
  • gabb 28/06/2022
    Ce devait être une enquête, un livre à sensations façon "Nouveau détective". Ce devait être une chasse à l'homme, l'histoire d'une traque haletante au trousses d'un tueur insaisissable nommé Dupont de Ligonnès. Tel était en tout cas le projet originel de Thibault de Montaigu. Or, dès les premiers chapitres, il est clair que la Grâce sera tout autre chose ! Plutôt un témoignage, une profession de foi. En fait le récit poignant d'une triple conversion (voir plus loin) ... puiqu'en pistant le diable l'auteur a trouvé Dieu. Rien que ça. A l'âge de 37 ans, Thibault de Montaigu traverse en effet une sévère crise existentielle. Alors qu'il tâtonne sur l'entame de ce 5ème roman et cherche en vain la piste de l'assassin nantais (présumé), il fait escale dans un monastère varois, celui-là même où Xavier Dupont de Ligonnès fut peut-être aperçu pour la dernière fois. C'est là, devant l'autel d'une petite chapelle, que déjà l'investigation prend fin, cédant le pas à la quête spirituelle. Oublié le triste fait divers, place à la Révélation ! Aussitôt, la trajectoire du jeune écrivain branché bifurque et l'amène à se rapprocher de son oncle Christian, un moine franciscain au parcours atypique, hélas gravement malade, auprès duquel il se... Ce devait être une enquête, un livre à sensations façon "Nouveau détective". Ce devait être une chasse à l'homme, l'histoire d'une traque haletante au trousses d'un tueur insaisissable nommé Dupont de Ligonnès. Tel était en tout cas le projet originel de Thibault de Montaigu. Or, dès les premiers chapitres, il est clair que la Grâce sera tout autre chose ! Plutôt un témoignage, une profession de foi. En fait le récit poignant d'une triple conversion (voir plus loin) ... puiqu'en pistant le diable l'auteur a trouvé Dieu. Rien que ça. A l'âge de 37 ans, Thibault de Montaigu traverse en effet une sévère crise existentielle. Alors qu'il tâtonne sur l'entame de ce 5ème roman et cherche en vain la piste de l'assassin nantais (présumé), il fait escale dans un monastère varois, celui-là même où Xavier Dupont de Ligonnès fut peut-être aperçu pour la dernière fois. C'est là, devant l'autel d'une petite chapelle, que déjà l'investigation prend fin, cédant le pas à la quête spirituelle. Oublié le triste fait divers, place à la Révélation ! Aussitôt, la trajectoire du jeune écrivain branché bifurque et l'amène à se rapprocher de son oncle Christian, un moine franciscain au parcours atypique, hélas gravement malade, auprès duquel il se découvre de nombreux points communs. Après une jeunesse de fêtes et d'excès, dont tout nous est dévoilé sans aucune pudeur, lui aussi a rencontré Dieu sur le tard. A l'image de Saint François d'Assise, faisant comme lui voeu de pauvreté et d'abstinence, celui qui deviendra frère Christian effectue un virage à 180 degrés et prend l'engagement ô combien admirable de se mettre au service des plus démunis, "d'aimer ceux qui ne le sont pas". Voilà le vrai miracle au cœur de ce livre, voilà la grâce dont il est question, voilà l'éblouissante énigme que l'auteur expose ici avec beaucoup de sincérité. L'étincelle première, l'éclosion de la foi. L'inlassable quête d'absolu. La mutation d'une âme tourmentée qui choisit un beau jour d'apprendre à chérir ses faiblesses, de s'abandonner à la plus grande des joies : savoir accepter ce qui est et trouver sa juste place dans le monde. Il en fut ainsi pour Christian : "toute sa vie, malgré les détours qu'elle a pris, n'a fait que le conduire à cet instant précis où il a cessé de chercher le bonheur en lui pour le trouver dans celui des autres." François d'Assise, Christian, Thibault : trois conversions (plus ou moins imparfaites), autant d'exemples de vies transformées. Évidemment tous ont connu le doute, à commencer par le dernier d'entre eux, lui le noceur de bonne famille dont la foi toute neuve est encore vacillante et qui souvent se sent écartelé ("Le désir d'intensité d'un côté et la quête de recueillement de l'autre. L'adrénaline et le silence. La modernité et l'au-delà. En aurai-je fini un jour avec ces grands écarts ?"). Mais leurs trois parcours, entremêlés par le narrateur d'une manière faussement brouillonne, ont tous quelque chose à nous dire, à des degrés divers. L'auteur, qui s'interroge autant sur lui-même que sur les mystères entourant la vie d'un oncle tout entier voué à sa mission ("tâcher de réfléchir un peu de la lumière de Dieu au fond des âmes troubles"), nous invite à partager ses questionnements. Bien sûr, le lecteur mal à l'aise avec la spiritualité (ou carrément hermétique aux mystères de la foi) ne se retrouvera pas forcément dans ce texte au ton parfois un peu exalté. Chacun se fera son opinion. Bien sûr aussi, on pourra déplorer (ce fut mon cas) que l'auteur verse par moment dans un certain voyeurisme en exposant quelques détails intimes du passé de Christian que ce dernier, aujourd'hui décédé, aurait peut-être préféré taire. Il n'en demeure pas moins que le livre regorge de passages très forts. Même si certaines pages ont de quoi surprendre, et que le revirement soudain du dandy parisien (passé en un éclair "du bottin mondain au nouveau testament") ne convaincra sans doute pas tout le monde, on est forcé de reconnaître la profondeur de ce témoignage aux vrais accents d'authenticité. A notre époque écrasée par le culte de l'argent et le mépris du sacré, l'exemple franciscain a indéniablement quelque chose de très inspirant. Pour ce qui me concerne en tout cas, à plus d'un égard, j'ai été touché par La Grâce.
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  • ClaudeAttard 02/04/2022
    Pour un gars comme moi, toujours prompt à se poser de grandes questions (d’où viens-je, où cours-je, qui tire les ficelles du monde ?), un tel bouquin est une mine, une manne, un monde à découvrir. Trois personnages au menu : l’auteur lui-même, son oncle Christian et Saint-François d’Assise. L’auteur, en pleine dépression existentielle, est prêt à tout envoyer valser, perdu dans ses questions stériles au sujet du sens de la vie. Tentant néanmoins d’écrire un livre, car il faut bien avancer, il se retrouve à passer une nuit dans un monastère. Et là (miracle ?), la Grâce lui tombe dessus ! Lui qui est athée a l’impression de toucher Dieu, son existence en est bouleversée. Il bascule d’un extrême à l’autre mais n’en est pas moins paumé en pleine lumière après avoir été perdu dans le noir. Il décide de chercher des réponses auprès de son oncle Christian. Christian était un dandy habitué au luxe, à la bonne société et à la bonne chère. Homosexuel, il se vautrait dans des « coups » sans lendemain dans les ruelles obscures de Paris, rendez-vous de ce qui se fait de pire dans ce domaine. Victime de voyous venus « casser du pédé », il... Pour un gars comme moi, toujours prompt à se poser de grandes questions (d’où viens-je, où cours-je, qui tire les ficelles du monde ?), un tel bouquin est une mine, une manne, un monde à découvrir. Trois personnages au menu : l’auteur lui-même, son oncle Christian et Saint-François d’Assise. L’auteur, en pleine dépression existentielle, est prêt à tout envoyer valser, perdu dans ses questions stériles au sujet du sens de la vie. Tentant néanmoins d’écrire un livre, car il faut bien avancer, il se retrouve à passer une nuit dans un monastère. Et là (miracle ?), la Grâce lui tombe dessus ! Lui qui est athée a l’impression de toucher Dieu, son existence en est bouleversée. Il bascule d’un extrême à l’autre mais n’en est pas moins paumé en pleine lumière après avoir été perdu dans le noir. Il décide de chercher des réponses auprès de son oncle Christian. Christian était un dandy habitué au luxe, à la bonne société et à la bonne chère. Homosexuel, il se vautrait dans des « coups » sans lendemain dans les ruelles obscures de Paris, rendez-vous de ce qui se fait de pire dans ce domaine. Victime de voyous venus « casser du pédé », il a échappé de peu à la mort et a lui aussi été touché par la Grâce au bord d’une route en Espagne. Il a tout abandonné, fait don de tout ce qu’il possédait et est devenu prêtre franciscain. Malheureusement pour l’auteur, qui n’a jamais échangé plus de quelques mots avec Christian, celui-ci décède peu de temps après, rattrapé par l’âge, la maladie et les excès d’autrefois. Alors, Thibault décide de partir sur les traces de son oncle, de découvrir ce qu’il a vécu, comment sa vie a pu basculer de la sorte, par quoi il est passé, quel homme il était, se cherchant au long des traces de celui qui l’a précédé. L’histoire de Christian ressemble à bien des égards à celle de Saint-François, son modèle, auquel il faut également s’intéresser. Thibault découvre qui était son oncle, il apprend sur lui des choses que nul dans la famille ne sait, et il apprend beaucoup sur son propre compte, sur Saint-François et sur Dieu, qui se trouverait précisément là où on l’attend le moins. C’est un chemin long et difficile qui s’ouvre devant lui, il doit « Renoncer à la plus grande et à la plus commune des tentations qui est celle de désespérer. » Qu’y a-t-il au bout de cette quête ? Lui-même, évidemment, mais la route est longue. Un bouquin pas facile à aborder, mais si vous aimez les remises en question et les grandes interrogations, n’hésitez pas à le lire. Prix de Flore 2020
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  • migdal 12/02/2022
    Thèse, antithèse, synthèse … parfait alumni Sciences Po, Thibault de Montaigu offre un improbable essai en trois parties, qui dessine le portrait de trois hommes foudroyés par la grâce. Improbable car l’auteur, fils de Françoise Gallimard, a incarné durant trente six ans la caricature de l’héritier né avec une cuillère d’argent dans la bouche, publiant en 2007 « Un jeune homme triste » et en 2015 « Voyage autour de mon sexe », une ode à la branlette. Parti en 2016 sur les traces de Xavier de Ligonnès, Thibault fait retraite à l’abbaye du Barroux où il est touché par la grâce et décide de alors changer de vie et laisse à son ami Bruno de Stabenrath le soin de publier « L’ami impossible » Le 26 juillet 2016, le frère Christian Tassin de Montaigu décède et Thibault découvre alors que son oncle paternel a connu avant ses trente et un ans de vie religieuse une jeunesse particulièrement agitée. Né en 1948, Christian, à la suite d’une déception amoureuse, plonge dans la communauté gay, et durant quinze ans, de 1970 à 1985, pénètre dans le Paris secret du cruising dans l’ombre de Renaud Camus, Guillaume Dustan, et tant d’autres jusqu’à la nuit fatale où il est laissé pour... Thèse, antithèse, synthèse … parfait alumni Sciences Po, Thibault de Montaigu offre un improbable essai en trois parties, qui dessine le portrait de trois hommes foudroyés par la grâce. Improbable car l’auteur, fils de Françoise Gallimard, a incarné durant trente six ans la caricature de l’héritier né avec une cuillère d’argent dans la bouche, publiant en 2007 « Un jeune homme triste » et en 2015 « Voyage autour de mon sexe », une ode à la branlette. Parti en 2016 sur les traces de Xavier de Ligonnès, Thibault fait retraite à l’abbaye du Barroux où il est touché par la grâce et décide de alors changer de vie et laisse à son ami Bruno de Stabenrath le soin de publier « L’ami impossible » Le 26 juillet 2016, le frère Christian Tassin de Montaigu décède et Thibault découvre alors que son oncle paternel a connu avant ses trente et un ans de vie religieuse une jeunesse particulièrement agitée. Né en 1948, Christian, à la suite d’une déception amoureuse, plonge dans la communauté gay, et durant quinze ans, de 1970 à 1985, pénètre dans le Paris secret du cruising dans l’ombre de Renaud Camus, Guillaume Dustan, et tant d’autres jusqu’à la nuit fatale où il est laissé pour mort par deux types en chasse de « tantouzes ». Longue convalescence, voyage en Espagne où, tel Saul sur le chemin de Damas, il se convertit et décide de rejoindre les frères mineurs. Ordonné prêtre en 1993, Christian devient supérieur des Franciscains de Bordeaux, s’ancre au milieu des plus défavorisés, s’oppose aux « contrôles au faciès », ce qui lui vaut une visite impromptue d’Alain Juppé, accompagné du Capitaine de CRS et du préfet. Christian souhaite donner une nouvelle impulsion à la province française et fait acte de candidature pour devenir provincial. Il ne récolte que trois voix et un exil à Brives. Il se réfugie en Normandie, devient curé de campagne, puis dans une banlieue havraise où il reconstruit Notre Dame de Bonsecours avant d’être rappelé à Dieu à l’âge de 68 ans. Le troisième converti est François d’Assise, le fondateur de l’ordre des frères mineurs, qui est un guide pour Christian puis Thibault. François d’Assise, comme plus tard Charles de Foucauld, est un fils de famille entré dans la vie par une adolescence scandaleuse avant d’être touché par la grâce et totalement changer de vie. Loin d’être une hagiographie, le témoignage de Thibault de Montaigu scandalisera probablement certains lecteurs par la crudité avec laquelle sont décrites certaines scènes de débauche et en agacera d’autres par la représentation très proustienne de la « France du haut » avec ses châteaux en Anjou et ses vignobles dans le bordelais. Mais je confesse apprécier cet ouvrage et notamment ses deux dernières parties qui de Fives à Bolbec, de Graville à Orsay, témoignent de ce que réalise un homme animé d’une foi à déplacer les montagnes. Merci à Thibault de Montaigu pour ce témoignage qui fait écho à celui de Charles Péguy avec la petite fille espérance : « L’Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera. Elle aime ce qui n'est pas encore et qui sera Dans le futur du temps et de l'éternité. »
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  • Delphine-Olympe 16/01/2022
    Qu’est-ce qui peut bien mettre un homme jeune, ne jurant que par la vie nocturne, le sexe, l’alcool et autres paradis artificiels, sur la voie de la foi ? D’où vient la révélation ? Comment se manifeste-t-elle ? J’avoue que ces questions me laissaient franchement indifférente, voire, venant d’un fils de bonne famille, un peu narquoise. Mais - grâce en soit rendue à la radio de service public - l’enthousiasme unanime des critiques du Masque et, surtout, une interview de l’auteur lui-même m’ont finalement incitée à m’y intéresser. Car si l’auteur, par son milieu et son histoire, se situe à des années lumière de moi, ce que je l’ai entendu dire de la littérature rejoignait vraiment certaines des idées que j’en ai. A savoir que si le roman était le grand genre du XiXe et du XXe siècle, il avait aujourd’hui cédé la place à une forme de récit mettant l’expérience intime de l’auteur au coeur du processus d’écriture, et que de cet intime pouvait surgir une dimension universelle propre à toucher le lecteur. Alors en quoi cette soudaine révélation de l’existence divine pouvait-elle atteindre la personne profondément athée que je suis ? Je ne demandais qu’à le découvrir… Cette révélation n’est pas... Qu’est-ce qui peut bien mettre un homme jeune, ne jurant que par la vie nocturne, le sexe, l’alcool et autres paradis artificiels, sur la voie de la foi ? D’où vient la révélation ? Comment se manifeste-t-elle ? J’avoue que ces questions me laissaient franchement indifférente, voire, venant d’un fils de bonne famille, un peu narquoise. Mais - grâce en soit rendue à la radio de service public - l’enthousiasme unanime des critiques du Masque et, surtout, une interview de l’auteur lui-même m’ont finalement incitée à m’y intéresser. Car si l’auteur, par son milieu et son histoire, se situe à des années lumière de moi, ce que je l’ai entendu dire de la littérature rejoignait vraiment certaines des idées que j’en ai. A savoir que si le roman était le grand genre du XiXe et du XXe siècle, il avait aujourd’hui cédé la place à une forme de récit mettant l’expérience intime de l’auteur au coeur du processus d’écriture, et que de cet intime pouvait surgir une dimension universelle propre à toucher le lecteur. Alors en quoi cette soudaine révélation de l’existence divine pouvait-elle atteindre la personne profondément athée que je suis ? Je ne demandais qu’à le découvrir… Cette révélation n’est pas arrivée après une nuit de débauche, alors qu’une aube pâle surprenait celui qui s’en retournait chez lui dans l’espoir d’échapper à la terrifiante banalité des jours. Non, c’est un homme ayant déjà perçu l’abîme dans lequel il s’enfonçait qu’elle a surpris. Un homme marié et père d’un jeune enfant, un homme ayant « tout pour être heureux ». Mais qui ne l’est pas. Un homme s’interrogeant sur le sens de son existence, cherchant une raison de la poursuivre. Et qui à la faveur d’une quête, ou plutôt d’une enquête sur Xavier Dupont de Ligonnès qui avait subitement largué les amarres dans le sang et les larmes, en suivant ses traces dans une abbaye, qu’il s’est senti entrer en contact avec Dieu. Une expérience dont le caractère soudain et imprévisible l’amène à s’intéresser à l’un de ses oncles, Christian, dont le parcours semblait faire écho au sien. C’est sur les pas de cet oncle disparu qu’il va désormais marcher. Pour retracer son cheminement de dandy ayant vécu une homosexualité à la fois cachée et totalement débridée avant d’entrer dans l’ordre des franciscains, le plus austère qui soit. Thibault de Montaigu a interrogé sa famille, les amis et connaissances de son oncle, s’est rendu sur les lieux que celui-ci fréquenta, scrutant chaque détail de son existence pour en dessiner les contours le plus précis possible et tenter de répondre à la question qui le taraude : quel sens donner à ce retournement ? Quel sens donner à sa vie ? Et, finalement, quel chemin emprunter pour que celle-ci, aussi humble soit-elle, ne reste pas vaine ? Une question que Thibault de Montaigu aborde et explore avec grâce et élégance. Une question que l’on se pose tous un jour ou l’autre, plus ou moins crûment, de manière plus ou moins vertigineuse, avec plus ou moins d’obstination. Non ?
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