Les Mystères de Paris - NE : Le livre de Eugène Sue

Dans cette œuvre en dix volumes parue en roman-feuilletons en 1842-1843 dans Le Journal des Débats, Eugène Sue nous donne à suivre un héros justicier qui redresse les torts dont il a connaissance dans les bas-fonds de Paris. Ce justicier mystérieux n’est autre que le grand-duc Rodolphe de Gerolstein, futur héritier du trône de Gerolstein qui cherche à expier une erreur de jeunesse. Au tout début de ses pérégrinations, il rencontre une toute jeune femme à la voix en or, La Goualeuse et la sauve des griffes de redoutables criminels (Le Chourineur, le Maître d’Ecole, La Chouette) qui l’avaient mise sur le trottoir et menaçaient de la défigurer au vitriol. Cette jeune femme et les criminels dont elle était victime deviendront par moments les personnages principaux de ce roman feuilleton qui est aussi une fable sociale. Eugène Sue de rebondissement en aventure nous décrit les couches de cette société du 19ème siècle où certains vivent dans la misère la plus abjecte car ils sont exploités et sont en plus les victimes de ‘barbares’ plus forts et plus mal intentionnés qu’eux. L’auteur nous conduit aussi dans la noblesse et la haute bourgeoisie et ses principes bien qu’il en fût lui aussi issu. Tous ces épisodes sont aussi prétexte à une critique sociale et institutionnelle dont certains thèmes sont encore très actuels : l’exploitation des ouvriers, la condition de la femme, les prisons et le sort des prisonniers, le système judiciaire, la justice…. Il n’est pas étonnant que ce roman-feuilleton ait été immensément populaire lors de sa publication par épisodes. Non seulement Eugène Sue sait mener ce genre de littérature en feuilletons de main de maître, on se laisse prendre et on suit sans peine les rebondissements nombreux de tous les protagonistes mais il sait aussi traiter et dénoncer les misères et les dysfonctionnements de la société de son époque. Un véritable tourne-pages dans lequel je me suis plongée sans peine jusqu’au 7ème volume, j’ai ensuite terminé les trois derniers volumes en toutes petites foulées, car 1350 pages, ça use un peu. Ce n'est pas de la grande littérature mais c'est un livre qui a marqué son époque, et avec raison, car c'est finalement un véritable roman populaire d'aventures destiné à un public très large. Un des premiers du genre best-seller.

Les mystères de Paris, quel roman ! Un de ces romans qui ne peut laisser indifférent, un de ces romans qui fait changer les mentalités, un roman qui dit-on, aurait impulsé une prise de conscience et mené jusqu'à la révolution de 1848... Les mystères de Paris, c' est une descente aux enfers, une grande aventure romanesque au cœur de Paris, dans les quartiers sombres, dans les bas-fonds, parmi des êtres peu fréquentables. Très difficile à résumer, le roman avance par sauts successifs, ajoutant toujours plus de personnages, toujours plus d'intrigues. Rodolphe en est le noyau central, une bonne âme, un noble dans tout ce qu'il y a de plus noble ! Il est le redresseur de torts, sorte de justicier, autour duquel toutes les intrigues gravitent. De sang royal, Rodolphe change d'identité pour se fondre parmi le peuple. Il sauve les bons et punit les mauvais. Ce personnage a tellement marqué les esprits, que jusqu'à sa mort, Eugène Sue recevra des courriers, parfois remplis d'argent, destinés aux bonnes œuvres de Rodolphe. Les gens étaient persuadés que le personnage existait ! Mais avant d'en arriver là, Eugène Sue a tâtonné. Eugène Sue ayant déjà écrit plusieurs romans de marine, et historiques, cherchait un nouvelle idée. Un ami lui a alors conseillé d'écrire sur le peuple. Eugène Sue, issu d'une famille d'illustres médecins, dandy parcourant les salons de la capitale, n'était franchement pas emballé. Mais, il essaya. Et c'est en se travestissant, tout comme son héros, Rodolphe, qu'il s'introduit pour la première fois dans un troquet. Il assiste à une rixe. L'entame est trouvée. La première scène du roman, entre Fleur de Marie et le chourineur, est inspirée de cet épisode. Mon avis J'avais peu entendu parler de l'œuvre. car elle avait déjà disparu des écrans. Je souhaitais le lire depuis plusieurs années mais la masse à lire, me faisait un peu peur. J'y suis arrivée ! Alors, oui, c'est énorme. Mais, le roman feuilleton prend ici, ses lettres de noblesse. Les rebondissements et le suspense font de cette lecture, une chose facile. Je suis très contente d'être arrivée à la fin, mais déçue de quitter tout ces personnages côtoyés des mois durant. Je comprends l'intérêt de tout un pays et tout un peuple pour ce roman Lu, écouté, suivi par toutes les couches de la société. Le roman tient vraiment en haleine. Des personnages touchants, des intrigues à rebondissements, et quel vocabulaire ! Les dialogues sont un vrai régal. Une plongée incroyable dans la France des années 1840, parmi les parias, les voleurs, et le petit peuple, des personnages hauts en couleurs, certains touchants, d'autres détestables. C'est un vrai feuilleton ! Et, suis-je la seule à avoir l'impression que tout y est ? La condition féminine, l'injustice sociale, les conditions misérables de vie du peuple, prison, asile, médecine, justice, peine de mort, .., les thèmes sont si nombreux ! Découvrir Les mystères de Paris, c'est comme un retour aux sources du bon sens populaire. De plus, d'un point de vue historique, c'est une merveille : toute une panoplie de métiers disparus, une véritable leçon d'argot, une quantité astronomique de dictons populaires et une vaste étendue des conditions de vie incroyablement difficiles de l'époque ! Je m'arrête là, mais il y aurait tant à dire encore... Alors, si l'aventure vous tente... Challenge XIXEME