Age of Vice : Le livre de Deepti Kapoor

Inde, début des années 2000. Tout commence avec Ajay, enfant d’une famille pauvre vivant dans un village tout aussi pauvre. Quand un seul acte va changer sa vie pour y perdre sa liberté, sa raison d’être. Enfant vendu pour devenir un enfant esclave, lui faisant miroiter que l’argent qu’il « gagne » est envoyé à sa mère. Mais il s’adapte, fait profil bas, travail bien, ne pose pas trop de question. Il devient un travailleur humble, un survivant, plein d’astuce et de bonnes volontés tout en décidant de croire aux mensonges qu’on lui sert. Puis, il y a Sunny, jeune héritier, démesurément riche à nos yeux de lecteur mais aussi aux yeux de Ajay, pour qui ce dernier fera tout. Sunny va alors devenir la raison de travail et de vie de Ajay. Je vous arrête tout de suite ! N’imaginez pas une romance quelconque tout droit sorti de votre esprit fantasque. Il n’y a pas de place pour ça dans Age of Vice. Ajay va devenir un témoin de l’autodestruction de Sunny, pour la fascination de ce père qui le regarde à peine, de ses amours, peine, souffrance. Mais il en sera aussi le gardien, manipulé, gratifié, jamais récompensé. Par leur opposition de situation, de statut, ils se retrouvent : tous deux cherchant la reconnaissance aux près d’yeux qui ne les voit pas. A la recherche de leurs espoirs, de leurs rêves mais ils sont tous les deux rattrapés par la vie impitoyable guidée par la corruption au cœur de Dehli. C’est un roman qui transpire la tension, la peur. Appuyant sur toutes les cordes sensibles : trafiques d’humain en tout genre, corruption, pauvreté, vengeance, drogue, sexe, manipulation. Deepti Kapoor nous force à regarder la réalité en face et d’avoir le courage de ne pas détourner le regard car même si ce roman est une fiction, il dégage une réalité certaine. Je l’ai lu en anglais, ça a été les 600 pages les plus intenses de 2025 à travers le vocabulaire anglais et les touches indiennes. A redécouvrir en français pour apprécier cette tension particulière.