Agonie d'Agapè : Le livre de William Gaddis

Grand format

Plon

0 personnes ont réagi

Après le mastodonte JR, Plon réédite Agonie d'agapè, chant du cygne à la fougue intacte qui distille en une centaine de pages une voix singulière, celle d'un homme qui, au seuil de sa vie, assiste au déclin de l'artiste dans le monde moderne.

Monologue d'un homme rongé par la maladie et assiégé par les pages d'un manuscrit qu'il n'a eu de cesse de reprendre au fil des ans, Agonie d'agapè est l'apogée d'une obsession vieille de quarante années. Ce livre, dont Gaddis a entrepris le chantier dès les années 1940, se voulait au départ " une histoire secrète du piano mécanique " : l'auteur des Reconnaissances et de JR comptait y développer une réflexion sur la mécanisation des arts et le déclin de l'artiste.
Parvenu au seuil de sa vie, après avoir repris puis abandonné ce projet à maintes reprises, Gaddis a renoncé à écrire l'essai sur lequel il travaillait pour laisser émerger à sa place une voix singulière, une voix faite de cassures et de glissements, une partition criblée de douloureux silences, et qu rappelle étrangement celle des narrateurs solitaires de Thomas Bernhard : un homme réduit à la parole, un naufragé qui, une dernière fois, s'insurge contre les puissances du faux et le règne des ventriloques.

De (auteur) : William Gaddis
Traduit par : Claro

Fermer
 

Expérience de lecture

Avis des libraires

Si cette petite œuvre extrêmement singulière rappelle quelque chose, ce sont les épanchements crépusculaires de Beckett, ou les monologues dévastateurs de Thomas Bernhard.

The New York Times Book Review

Avis Babelio

Talec0904

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 10 mois

« Non mais ce qui se passe c’est que je dois expliquer tout ça parce que je ne,nous ne savons pas combien de temps il reste et je dois travailler sur le,finir ce travail pendant que je, ». C’est le début. Un homme vieillissant ,mourant mais plein d'une énergie colérique,essaie de rassembler les notes éparses d'un essai qui l'a habité toute sa vie. Cloué dans son lit où il saigne.« métastasé jusqu'aux os ». Monologue exalté d'un homme, qui tente de mettre un peu d'ordre dans un projet auquel il travaille depuis plus de quarante ans ,ce sera son dernier livre: l'histoire du piano mécanique . On sent le désespoir . Dans ses romans précédents, Gaddis créait une polyphonie de voix qui se croisaient avec des ‘bruits’ parasites : conversation téléphonique, télévision radio ,marquant l'impossibilité de communiquer. Cette fois, c’est un long monologue, qui cherche son souffle ,qui a mille choses à dire. Il est sans cesse interrompu dans son discours par une douleur ,des tracas juridiques et domestiques, une référence qui lui échappe, un livre enfoui sous une pile. Une simulation de dialogue qui résonne comme un requiem (vous m'entendez ?, vous ne me croyez pas), avec accélérations, reprises, corrections.... ‘’Si quelqu'un m'entendait il se dirait que je perds la, que j'ai perdu les pédales peut-être que c'est le cas’’ . Comme une improvisation verbale . Et on se laisse porter par quelque chose qui n’est plus le signifié, mais une mélopée obsessionnelle, un style plus proche de l’Ulysse de J.J :« […] Et ça parle de quoi votre livre monsieur Joyce ? Ça ne parle pas de quelque chose madame, c’est quelque chose […] ». Et malgré tout ,pour dire quelque chose « c'est de cela que parle mon travail, l'effondrement de tout, du sens, du langage, des valeurs, de l'art, le désordre et la dislocation partout où vous regardez, l'entropie qui noie tout ce qui est en vue, le divertissement et la technologie et chaque enfant de quatre ans avec un ordinateur, chacun son propre artiste d'où tout vient, le système binaire et l'ordinateur d'où vient la technologie en premier lieu, vous voyez ? ». Au cœur de la question, l’élimination de la poésie et du poète, bannir Homère qui a raconté des mensonges grâce à la faculté qu’avait son art de séduire , ‘’de nourrir les émotions des hommes au lieu de la tempérance, de la loi et de la raison ce dont nous débattons depuis le début n’est-ce pas ?’’ La littérature, réduite à une triste course aux Prix. « la fausse démocratisation des arts dans le divertissement, et l’élimination de l’artiste individuel en tant que menace pour la société». Souriez de la publicité du fabricant de pianos mécaniques ! :« découvrez votre talent insoupçonné » Culture populaire et culture savante ne sont pas séparées mais, les « moitiés déchirées » d'une culture marquée par le capitalisme, où « tout est égal à tout le reste ». Si Gaddis avait connu l’Intelligence Artificielle, il y aurait probablement vu l’illustration de son livre . Le véritable danger de la technique n’est donc pas celui d’un conflit planétaire destructeur, mais que la technique devienne « l’unique mode de pensée ». Ce n’est pas une romance,bien sur, et le message,parfois dure à suivre, a déjà été dit par d’autre. Mais on ne peut s’empêcher de penser que Gaddis et le personnage font souvent Un . Un témoignage extrêmement émouvant d'un grand écrivain face au démocratisateur en chef : la mort »

Signaler

Laveze

3.50 sur 5 étoiles

• Il y a 3 ans

AGONIE D’AGAPÉ de WILLIAM GADDIS Long monologue d’un homme malade semble-t-il, qui se désespère de ne pas trouver ou retrouver les éléments qui lui manquent pour sa démonstration. Le sujet? La mécanisation dans les arts! On part des métiers à tisser jusqu’aux pianos mécaniques, pour aboutir à l’art et à l’artiste qu’il voit comme un escroc! Il revisite l’art selon Platon, pâle imitation de la réalité, nombreuses références littéraires surtout Tolstoï et sa sonate à Kreutzer ainsi que musicales avec Tchaikovski, Gould ou Paganini. 90 pages assez sombres sur l’entropie qui dévore tout au milieu des seringues et des traitements que le narrateur subit. William GADDIS est le génial auteur de JR, c’est son dernier livre paru après sa mort, un texte plutôt difficile, on est très proche du style flux de conscience.

Signaler

JAsensio

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 13 ans

Parfois, la littérature nous offre ce qu'elle a de plus précieux, quelques gouttes de son sang gonflé de secrets : une personne, réelle ou imaginaire (en fait, toujours imaginaire, puisqu'il ne saurait exister une transparence pure de l'écrivain en train de se confesser; l'écrivain, plus que tout autre artiste, est paralysé par la médiation, incapable qu'il est d'immédiateté), qui s'exprime en son seul nom et ainsi, avec son sang vivifié par le verbe, tente d'ouvrir pour nous les portes de la connaissance. Je est un autre en effet, mais je est toujours un autre, toutes les voix qui résonnent dans une seule cervelle, toutes les existences dont une âme est riche alors même que, absolument unique et jamais remplaçable par quelque corps d'emprunt pour une nouvelle existence sans prix, une âme, jamais, ne peut se vouloir seule. La confession du démon serait une absurdité car qui se confesse admet et postule même l'existence de qui peut écouter sa confession, peut-être la recevoir et, la recevant, le pardonner. Par essence, la littérature est dialogique. Par essence (si l'on peut parler d'une essence du mal), le démoniaque ne l'est pas, enfermé dans son hermétisme. Lisant le remarquable texte d'Howard McCord intitulé L'homme qui marchait sur la lune, j'ai immédiatement, écrivais-je, songé à tel autre texte énigmatique, condensant la pensée de celui qui l'a écrit (1), Agonie d'agapè (2) de William Gaddis, un livre paru en 2002 alors que son auteur est mort en 1998.

Signaler

Livres du même auteur

Les livres de la même maison

Fiche technique du livre

  • Genres
  • EAN
    9782259213233
  • Collection ou Série
    Feux croisés
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    144
  • Dimensions
    228 x 145 mm

L'auteur

William Gaddis

Découvrir l'auteur

Nous sommes ravis de vous accueillir dans notre univers où les mots s'animent et où les histoires prennent vie. Que vous soyez à la recherche d'un roman poignant, d'une intrigue palpitante ou d'un voyage littéraire inoubliable, vous trouverez ici une vaste sélection de livres qui combleront toutes vos envies de lecture.

17,00 € Grand format 144 pages