Autoportrait à l'encre noire : Le livre de Lydie Salvayre

Grand format

Robert Laffont

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RENTRÉE LITTÉRAIRE
Un autoportrait clairvoyant, où la littérature paraît comme le seul pays qui compte. Sensibilité, générosité, drôlerie nourrissent le baromètre intérieur d'une de nos plus grandes romancières contemporaines.

J'écris parce que je ne sais pas parler. De cela, je suis sûre. Ou peut-être que Lydie Salvayre ne peut pas parler. Dans cet autoportrait qui joue avec le genre, elle interroge son goût de la solitude et les racines de son allergie aux codes sociaux. Sensibilité, générosité, drôlerie nourrissent le baromètre intérieur d'une de nos plus grandes romancières. Et derrière son humour canaille, elle dessine les paysages du seul pays qui compte à ses yeux, celui de la littérature.

"Lydie Salvayre ne se raconte pas pour se flatter, mais pour taper
du pied, telle une danseuse de flamenco, dans la fourmilière des convenances, des vanités et des lâchetés. On l'applaudit."
Jérôme Garcin, Nouvel Obs

De (auteur) : Lydie Salvayre

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Les libraires et les médias en parlent

On retrouve dans l' "autobiographie à l'encre noire" la liberté de ton de Lydie Salvayre , sa perspicacité à analyser ses humeurs et celles de ses contemporains tout en jouant avec la fiction.|Anne
FNAC de Nancy
Ce n'est pas encore avec cet autoportrait que l'écrivaine (c'est comme ça qu'elle se qualifie, je crois qu'elle exècre le terme d'autrice) Lydie Salvayre nous entonnera son chant du cygne (même si, confesse-t-elle cyniquement, mourir dès sa parution, ça aurait de la gueule). Passée maîtresse dans le cynisme lapidaire, elle redessine le paysage flamboyant de la littérature, celle que rien ni personne ne peut assigner à résidence, qui ne supporte pas d'être enrégimentée dans une quelconque école, qui ne souffre ni maîtres, ni églises, ni dogmes, ni procureurs, ni magistrats, ni juges, ni donneurs de leçons, et qu'il fallait s'en féliciter.

Son écriture est un volcan qui semble éteint, mais qui fait sourdement entendre sa colère, et dans laquelle suinte l'angoisse despotique, le goût de cendres, les bleus à l'âme, le sentiment d'être irréel et de ne plus s'appartenir, les visions d'épouvante qui ne s'effacent pas, la peur des voix qui vous commandent et le désir éperdu de s'enfuir de soi-même. Elle nous encourage à ne pas être dupe des mascarades sociales, à nous défier des tartuffes, des intrigants et des canailles, à nous méfier des révolutionnaires de salon qui se conforment parfaitement au monde qu'ils se flattent de combattre, mais à vivre cette défiance joyeusement.

Lydie Salvayre se méfie de la pureté, des grands sentiments, des envolées sublimes. Elle recule toujours devant trop de perfection, trop de bonté, trop de noblesse, avec le pénible sentiment qu'on lui ment. Elle a le goût des choses qui mordent, des orties, des mauvaises herbes, des pensées féroces, et n'écrit que dans la colère et mue par elle en faisant une littérature de la cruauté, d'abord pour lutter contre le soft et le mièvre ambiants qu'elle trouve mensongers et qui l'écœurent.
Franck
Nos coups de cœur de la rentrée : Lydie Salvayre et son volcanique Autoportrait à l'encre noire chez les Editions Robert Laffont.
Librairie La flibuste

Avis Babelio

Soledad

5.00 sur 5 étoiles

• Il y a 3 semaines

Une très belle découverte pour moi. 1er livre lu de cette écrivaine. Conquise par le style. Émue par la capacité à parler de soi dans toute une dimension paradoxale. Un rythme unique, un phrasé déroutant. Au fil de certaines pages, ces émotions décrites sont devenues miennes.

hcdahlem

4.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 semaines

« J'écris donc je suis » Lydie Salvayre se dit que le temps est venu pour elle de regarder le chemin parcouru, de se lancer dans l’autobiographie. Mais avec le ton vif qu’on lui connaît et ce besoin de faire fi des conventions du genre, elle nous entraîne dans un formidable voyage au pays de l’écriture et des livres. C’est drôle, pertinent et impertinent. Partons du principe que si vous  lisez cette chronique, c'est que vous vous intéressez à la littérature et sans doute aussi à Lydie Salvayre. Vous faites bien. Pour vous le prouver, je vous propose de procéder par étapes. Commençons par le plus facile, convaincre les passionnés. Pour cela, il suffit de se reporter page 118 de ce roman et de proclamer haut et fort que nous partageons le même bonheur pour la lecture: « Je ne lis pas calmement, posément, rêveusement. Je lis en sauvage, en affamée, en ogresse. Je lis fougueusement. Et cette fougue, avec le temps, ne cesse de croître. J'ai l’impression que les livres me font faire connaissance avec ma pomme, m’amènent à découvrir des choses dont le sens m’échappait, à réveiller des souvenirs, des pensées restées confuses et qui soudain trouvent leur sens. J'ai l'impression qu’ils me charpentent et m’élargissent en m'ouvrant à de nouvelles manières de voir, de parler, de penser. À d’autres manières de vivre. Qu'ils transforment le monde à mes yeux et qu’ils me transforment aux yeux du monde. J'ai l'impression que les émotions, les images et les pensées qu’ils font naître en moi ne sont pas moins vives que si je les avais réellement vécues et suppléent superbement à la trivialité du réel, à sa banalité, sa laideur, sa menace. » Tout est dit, où presque. Car cet Autoportrait à l'encre noire n'est rien d'autre qu'une illustration des pouvoirs de la littérature. S'il va falloir décevoir les amateurs d'autobiographie linéaire et d'autofiction nombriliste, il va en revanche falloir se réjouir de l'humour et de l’autodérision d'une autrice parfaitement lucide sur l'exercice auquel elle se livre « J’ai vieilli. J’ai mochi. J’ai le cheveu rare, les chairs flasques, le visage las. Mais voilà que je commence par décrire les outrages du temps plutôt que d’attaquer classiquement ma biographie par le début, je veux dire par ma naissance et par mon nom tels qu’ils figurent sur mes papiers. » Oui, c'est comme à son habitude, en se fichant des conventions, que la fille d’exilés espagnols ayant fui le franquisme, va remonter le temps, dresser le portrait d'un père qu'elle ne va cesser de rejeter, de fuir, avant de se rendre compte d'où lui venait sa méchanceté, sa rage, sa colère. Un trait de caractère dont elle a hérité, mais qu'elle a su transformer en littérature : « à la différence de mon engendreur, j'ai des colères abstraites, des colères de ma pensée contre d’autres pensées, des colères spéculatives qui ne m’amènent jamais à vociférer, à taper du pied ou à frapper du poing sur la table, mais à griffonner des phrases-orties qui piquent et qui brûlent, des phrases-fouets qui cravachent la langue, des phrases-coups-de-poing qui cognent sans pitié, des phrases énervées qui piaffent et s’impatientent avant de se ruer à bride abattue sur. Après quoi, habituellement, je m’encolère de m'être ainsi encolérée. » Pour la douceur, voire la discrétion, il faudra se tourner du côté de la mère qui aura stoïquement supporté les excès de son mari. Dans l’hommage appuyé qu’elle lui rend, on sent la tendresse partagée. L’étape suivante pourrait consister à raconter les années d’émancipation, la chambre d’étudiante à Toulouse puis la carrière professionnelle au service de l’enfance maltraitée, les rencontres qui s’avèreront déterminantes, tout en oubliant les épisodes sentimentaux jusqu’à ce Bernard qui partage désormais la vie de Lydie et l’a suivie quand elle a décidé de quitter Paris pour s’installer à Nîmes, loin de ce microcosme auquel elle s’est toujours sentie étrangère, mais je préfère vous parler d’Albane, la voisine de Lydie, fan de new romance, et qui sous prétexte de venir réclamer un brin de persil s’enquiert de l’avancée du travail de la romancière, lui prodiguant ses conseils. L’occasion de revenir à la littérature, de débattre sans pouvoir convaincre. Mais aussi, avec fougue et style, de défendre une espèce menacée : « je continue à penser qu’il y a une bonne littérature qui est en train de crever et une littérature d’élevage, une littérature standardisée, qui se vend formidablement bien. Ce que je viens d’écrire a un petit côté sentencieux et exagérément pessimiste que je n’aime pas beaucoup. Mais je le maintiens. Est-ce pour mieux m’en convaincre ? Peut-être. » Ce qui est certain, c’est qu’en un peu plus de 200 pages, elle aura réussi son exercice de style, mais aussi réussi un formidable plaidoyer pour la lecture, le seul sport auquel elle s’adonne . « Je vis avec mes livres. Je pense avec mes livres. Je dors avec mes livres. Ils sont ma force et mon réconfort. Ils comblent mon besoin d'admirer, ils me fortifient, ils m’augmentent, ils me transforment, ils m'instruisent, ils m’égayent, ils m’enivrent, ils me multiplient, ils m’écorchent, ils m’allègent, ils m’enchantent, ils m’emportent, ils m’attendrissent, ils m'ensauvagent, ils m’enfièvrent, ils m’envolent, ils me musicalisent, ils me spiritualisent, ils m’infantilisent, ils m’animalisent, ils me végétalisent, ils m’encanaillent, ils m’arment, ils m’encolèrent, ils m’africanisent, ils me gitanisent, ils m’espagnolisent, ils me japonisent.., Je ne saurais vivre sans eux. Et je veux mourir avec eux. »

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Transfuge

3.00 sur 5 étoiles

• Il y a 4 semaines

Je ne suis pas du tout une spécialiste de Lydie Salvayre, aussi mon avis sur ce livre est-il peu fiable et très ingénu. Malgré tout, je ne suis peut-être pas la seule à m'être demandé tout au long du livre pourquoi elle avait écrit cette autobiographie si elle ne le souhaitait vraiment pas? Comment réussir à rédiger un texte sincère et maîtrisé, même quand on est comme elle une grande écrivaine, si on le fait à reculons? En tout cas, que cette œuvre soit le fruit d'une commande un peu forcée ou pas, le résultat ne m'a pas transportée: les envolées de l'autrice lors d'"altercations littéraires" avec sa jeune voisine fana de romance ne m'ont pas paru crédibles du tout, tant sur le fond que sur la forme; je crois que c'est ce qui m'a le plus agacée. Les allers-retours "je me confie / je garde le secret sur ma famille, mes amours, mes amis" sont un peu frustrants eux aussi. Toutefois, lorsque les dialogues fabriqués s'effacent, dans la dernière partie du livre, les chapitres deviennent plus touchants, intéressants, et j'ai pris un grand plaisir à les lire. Un avis en demi-teinte, donc. Aux lecteurs de s'y essayer à leur tour.

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LAncreEtLaPlume

4.50 sur 5 étoiles

• Il y a 1 mois

La plume de Lydie Salvayre n'a de cesse de me surprendre et de me cueillir là où je ne pensais pas cela possible. Dans cette autofiction, l'autrice revient sur sa vie. Une autobiographie hors norme. On retrouve très rapidement le style si particulier de Mme Salvayre. Plein d'humour, d'autodérision, elle se joue des codes de la littérature pour mieux nous surprendre et nous emporter. C'est un régal. Rien que son passage sur la romance "chick lit" vaut le détour et ce n'est que le début de cet ouvrage. Au fil des pages, elle nous partage son amour des mots et de la lecture. Je me sens toujours plus "intelligente" et "alerte" après avoir lu un de ses ouvrages. Elle a le don de nous questionner, de nous éveiller, de nous titiller. Un véritable régal du début à la fin.

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Fiche technique du livre

  • Genres
    Classiques et Littérature , Nouvelle, Récit, Portrait
  • EAN
    9782221279052
  • Collection ou Série
  • Format
    Grand format
  • Nombre de pages
    224
  • Dimensions
    217 x 140 mm

L'auteur

Lydie Salvayre

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20,00 € Grand format 224 pages