Bandit : Le livre de Jean-Charles Chapuzet

Depuis l’école primaire, on le surnomme Bandit. Ce nom lui est resté depuis le jour où, bègue et un brin naïf, il avait déclaré à son instituteur qu’il braquerait des banques quand il serait grand. Quarante et quelques années plus tard, il vit seul, avec son chien Nelson, deux caravanes et quelques habitudes : la chasse et le bistrot du coin avec les copains. Rien d’extraordinaire. Puis un soir, un accident de voiture fait irruption dans sa routine. Et avec lui, Mimsy. Sublime, extravagante, libre. Un ovni qui bouscule tout sur son passage. Coup de cœur. Bandit de Jean-Charles Chapuzet est une véritable pépite du roman noir. Inspiré d’un fait réel survenu dans le Périgord, l’auteur tisse une histoire à la fois lumineuse et cruelle, où la douceur ne fait que souligner la violence latente. Car derrière les petits riens du quotidien et l’humour des dialogues, l’ombre guette. L’auteur installe une tension sourde, presque invisible, jusqu’à l’inéluctable. Son écriture réaliste, tour à tour brute et délicate, accentue les contrastes qui traversent le roman : noir et blanc, joie et malheur, tendresse et violence. Ces opposés ne se repoussent pas, mais se percutent, se mélangent, créant ainsi un récit profondément humain et bouleversant. Quant au personnage de Bandit, aussi singulier qu’émouvant, il réussit à toucher même les cœurs les plus endurcis. Sa candeur désarmante et presque enfantine lui confère une forme de beauté simple, apportant une douceur inattendue au monde qui l’entoure. Bandit ne perçoit pas le danger, évolue dans une naïveté douce qui le rend d’autant plus touchant. Et c’est peut-être là que réside toute la tragédie du roman : dans l’impossible cohabitation entre une âme pure et un monde trop dur pour elle. Avec ce personnage lumineux plongé dans une obscurité rampante, Jean-Charles Chapuzet signe un roman noir d’une grande humanité. Il n’enrobe rien, ne cherche pas à attendrir, mais offre une lecture poignante de la marginalité, de la solitude, et de l’injustice. Bandit sonne comme un cri silencieux, un hommage discret mais puissant à ces oubliés que la société broie, à ces figures de l’ombre qui, malgré tout, continuent de rayonner.